Peterhansel - "De tous, Loeb a la meilleure vitesse de pointe"
Le désormais septuple vainqueur avec Jean-Paul Cottret, qui ne compte pas s'arrêter là, a souligné le niveau de performance de Sébastien Loeb et Daniel Elena, ainsi que la bonne ambiance entre les deux équipages Peugeot en lutte pour la victoire.
Stéphane Peterhansel, Peugeot Sport, Sebastien Loeb, Peugeot Sport
Red Bull Content Pool
Stéphane Peterhansel a attaqué la dernière et courte spéciale du Dakar, samedi, avec la confiance de celui qui sait que sauf catastrophe, la victoire ne peut plus lui échapper. “Cinq minutes d'avance pour 64 kilomètres, c'est assez confortable, on va rouler vite et propre en espérant qu'il ne se passe rien”, disait celui qui mérite plus que jamais le titre de Monsieur Dakar.
Un état d'esprit qui était le sien depuis la fin de l'avant-dernière étape, la veille, alors que plus tôt dans la journée, il avait imaginé un tout autre scénario quand Sébastien Loeb lui avait déjà repris la moitié de son retard (environ trois minutes) au tiers d'une spéciale de 292 km.
“Je me voyais bien perdre encore deux, trois minutes dans la deuxième [partie de la] spéciale et partir demain [samedi] avec seulement quelques secondes d'écart”, disait-il alors. “C'était quelque chose de plausible et... pas logique, mais qui aurait pu arriver. Si Seb roulait à son maximum, à sa vitesse normale, il était probable qu'il nous reprenne deux, trois minutes, et on aurait été quasiment à égalité. C'est à ca que je pensais et c'est ce que j'imaginais au départ.”
“Ça ne s'annonçait pas très facile vu que c'était un terrain très WRC. Il partait quatre secondes derrière nous dans la seconde spéciale. On a décidé de ne pas l'embêter et au bout de quelques centaines de mètres, on s'est garés pour le laisser passer, pour ne pas faire de mauvais esprit. J'aurais pu démarrer, le mettre dans la poussière en espérant qu'il fasse une erreur, et en fait, on n'a pas voulu jouer à ça, surtout pas. On a démarré devant lui, on s'est garé instantanément, il est parti le couteau entre les dents et en fait, au bout de trois kilomètres, il a crevé.”
“On sait que c'est entre deux et trois minutes pour changer la roue. Là, c'était l'opportunité ou jamais de rouler le plus vite possible, le plus propre possible, c'est la chance à ce moment-là de gagner le Dakar sur une crevaison, et on l'a saisie.” Et d'ajouter quand la remarque lui en fut faite : “Ah oui, on est vendredi 13... Je ne sais pas si on peut parler de chance ou de quoi que ce soit.”
Ce récit témoigne du fait que l'intense rivalité entre les deux duos – Peterhansel et Jean-Paul Cottret d'un côté, Loeb et Daniel Elena de l'autre – s'est apparemment déroulée dans un excellent état d'esprit, si l'on en croit les propos du pilote vainqueur.
“C'est sympa à vivre en tout cas”, disait-il. “Il n'y a entre nous aucune tension, il y a vraiment un super esprit. Encore au départ de la spéciale de vendredi [au plus fort de la lutte], on était ensemble à discuter. À l'arrivée, c'est la même chose. Il y a beaucoup de respect.”
Mais au-delà du résultat sportif et de l'esprit d'équipe, Peterhansel se réjouissait d'une victoire qu'il lui a fallu aller chercher dans une lutte l'ayant opposé toute la deuxième semaine à un coéquipier ayant vite compris chacune des spécificités du rallye-raid.
“Depuis la journée de repos, on s'est livré une belle bataille avec Seb”, rappelait "Peter". “Il est passé en tête, j'étais en tête à la journée de repos, il est repassé, je suis repassé [jeudi au terme de l'antépénultième étape, avec pour la première fois une avance relativement conséquente]. C'était grosse tension dans la première [section de la] spéciale puisqu'il a refait la moitié de son retard.”
Il a fait un super boulot en navigation. Je crois que des copilotes, c'est lui qui s'est peut-être perdu le moins.
Stéphane Peterhansel, parlant de Daniel Elena
La suite, on la connaît. Quoi qu'il en soit, le motard devenu pilote, originaire de Haute-Saône n'a pas été surpris par le niveau de performance de son coéquipier et rival alsacien, lui-même flanqué d'un copilote qui avait compris bien des choses depuis l'édition précédente.
“Quand il [Loeb] est arrivé sur le Dakar, on a vu tout de suite beaucoup de potentiel. L'année dernière, il a fait de grosses erreurs, cette année une toute petite qui était juste une crevaison, mais de trop. Lui, en vitesse pure, on savait qu'il roulait très vite et aujourd'hui, il a une très bonne vitesse de pointe, la meilleure de tous les pilotes. Mais l'année dernière, c'était compliqué avec Daniel. Cette année, il a fait un super boulot en navigation. Je crois que des copilotes, c'est lui qui s'est peut-être perdu le moins.”
Un tiers des éditions remportées
À la question de savoir si l'expérience l'a emporté sur la vitesse, Peterhansel répondait : “On peut dire ça. C'est la régularité, l'expérience. Mais l'expérience, ils vont bientôt l'avoir au même niveau que nous et ils vont gagner, forcément, très rapidement. Ils sont tous les deux archi-prêts pour gagner le Dakar. Après, ça tient à pas grand-chose, c'est vraiment de petites erreurs, des pneus crevés... C'est comme ça, c'est la course.”
Peterhansel ne semble cependant pas envisager de laisser la voie libre de sitôt. “L'année prochaine, ce sera la quarantième [édition]”, dit celui qui a donc remporté, dans l'une ou l'autre catégorie, un tiers de celles déjà disputées. “Ce serait quand même un bel anniversaire...”
Propos recueillis par Sergio Lillo et Valentin Khorounzhiy
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