Analyse - La diffusion TV de la Formule 1 doit évoluer
Le paysage médiatique de la Formule 1 est en pleine transition, et sera bientôt très différent de ce qu'il a pu être par le passé.
Photo de: XPB Images
Il est facile de constater à quel point, au cours des dix dernières années, le public en général a changé la façon de s’informer.
Alors que nos grands-parents écoutaient la radio, nos parents ont connu la télé en noir et blanc, et la génération actuelle ne consulte qu'Internet et son smartphone.
Ainsi, la vente de téléviseurs est en déclin. Aux États-Unis, cette baisse a été de 9% entre 2013 et 2014. Et ce déclin se note partout ailleurs sur la planète. En 2011, il s’est vendu 255,2 millions de téléviseurs dans le monde. Un an plus tard, ce chiffre est tombé à 238,2 et en 2013, il ne s’en est vendu que 226,7 millions.
S’il se vend moins de téléviseurs, les ventes de smartphones ne cessent de progresser. On estime que 75% de la population mondiale possède actuellement un téléphone portable, alors que seulement 69% possèdent un téléviseur. Et ce pourcentage ne fera qu’augmenter au fil des ans.
Un changement drastique du paysage
Le paysage médiatique est en pleine phase de transition. Les diffuseurs traditionnels modifient leur approche du marché afin d’accroître leurs revenus face à des relayeurs, légaux ou illégaux, de contenu médiatique.
Les amateurs contestent la décision de la Formule 1 de diffuser de plus en plus d’images sur les réseaux payants, mais cela est vrai aussi dans plusieurs autres sports.
À la fin de 2013, 55% des téléviseurs mondiaux étaient à la portée de signaux numériques. En 2008, ce chiffre n’était que de 30%. Au cours de la même période, de plus en plus de téléspectateurs ont abandonné les ondes gratuites pour celles, payantes.
Fin 2012, on pouvait compter 728 millions d’abonnés à la télé payante dans le monde. Entre 2008 et 2012, les abonnements à ce type de télévision ont bondi de 32%.
Les services de diffusion en flux (streaming) comme Netflix, Hulu et Amazon Prime ont aussi changé notre façon de nous divertir. En payant, le consommateur s’évite de devoir regarder une suite interminable de messages publicitaires.
Face à ces changements majeurs, la F1 a été obligée de s’adapter. Diffuser des Grands Prix sur des chaînes payantes n’a pas été bien accepté par les amateurs, mais la F1 se devait de le faire.
Le partage des diffusions, comme le font Sky et la BBC au Royaume-Uni, ou Sky et RTL en Allemagne, constitue un compromis acceptable. Des comptes-rendus, diffusés après les courses, n’offrent pas une solution idéale, mais permettent de voir un peu d’action sans avoir à trop attendre. Pour le moment, c’est le mieux à quoi s’attendre.
De nouveaux contrats
Au cours du week-end du Grand Prix de Belgique, RTL a annoncé la signature d’une nouvelle entente de deux ans avec la FOM pour la diffusion des courses. Cette entente offre “les droits exclusifs à la télé allemande publique de tous les éléments d’un week-end de Grand Prix”.
On a beaucoup écrit sur le fait que les courses de F1 allaient demeurer sur une chaîne publique en Allemagne. Mais peu ont fait de cas de la courte durée du contrat, seulement deux ans.
Lors de l’annonce du contrat, Frank Hoffmann, le directeur des programmes à RTL, a souligné que l’entente avait été conclue en dépit de la baisse des audiences de la chaîne.
“Les audiences sont encore bonnes. Elles ne sont pas aussi élevées qu’elles l’étaient il y a de cela quelques années. En 2001, nous avons atteint un sommet avec une moyenne de 10 millions de téléspectateurs. Aujourd’hui, nous en sommes à 4,5 millions."
“Par contre, on peut comparer ces chiffres avec la diffusion d’un film à très grand succès à la télévision allemande. Un très bon film attirait auparavant 7,6 millions d’auditeurs, tandis qu’aujourd’hui, il n’attirera que 3,5 millions d’amateurs. Le marché évolue rapidement et de façon impressionnante.”
“Si nous comparons les audiences de la F1 à celles de notre principal rival dans le secteur public, la F1 attire plus de téléspectateurs que n’importe quelle autre émission. Nous sommes donc satisfaits des audiences que nous obtenons.”
La baisse des audiences ne se constate pas qu’en Allemagne. Beaucoup de choses ont été écrites suite à la baisse de 5,6% des audiences mondiales, avec des chutes marquées en Espagne et en Chine.
Pour ce qui concerne la première moitié de 2015, les audiences de la BBC ont augmenté d’environ 12%. Au cours de la même période, celles de Sky, la chaîne payante, ont baissé, mais la chaîne se refuse à dévoiler les chiffres.
Malgré tout, Bernie Ecclestone, le grand patron de la F1, affirme être satisfait des résultats du modèle de diffusion anglais. "Nous souhaitons divertir le public tout en offrant un service”, a-t-il dit aux journalistes à Spa.
“C’est notre boulot. La poursuite d’une entente avec la BBC et Sky serait la bienvenue. Cette entente fonctionne bien en ce moment, il n’y a aucune raison pour que cela change. Sky a fait un super boulot. Ils ont haussé la qualité du produit, et ont forcé la BBC à améliorer son produit".
Le défi du futur
La F1 doit désormais affronter un défi : adapter son spectacle aux nouvelles plateformes médiatiques, et capitaliser sur les nouvelles technologies et les nouveaux modèles de diffusion afin d’offrir aux abonnés un service qui surpasse ce qui a été fait auparavant.
À ses débuts, la F1 pouvait utiliser la télévision mondiale pour croître, pour ses revenus et ses chances d’affaires. La prochaine étape sera de travailler avec les leaders mondiaux de l’information et des nouvelles technologies afin de repousser les barrières.
Joe Brown, vétéran amateur de F1 et éditeur américain de la bible de haute technologie Wired serait un consultant de premier plan. Brown a souvent parlé du besoin d’interagir avec les amateurs de F1 et d'accroître leur intérêt par l’intermédiaire des nouvelles technologies. Avec les contacts qu’il possède avec les développeurs de ces nouveaux moyens de diffusion, il serait l’homme de la situation.
La Formule 1 a bâti son empire sur les droits de télévision, mais elle repose sur ses lauriers depuis trop longtemps maintenant. Si les Grands Prix désirent maintenir leur succès, ils doivent devenir les leaders dans la haute technologie de diffusion de l’information, en personnalisant son contenu aux amateurs.
La baisse des audiences, dans tous les types de divertissements, envoie un signal fort. La F1 doit donc désormais abandonner les technologies du siècle dernier.
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