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Édito - Nico Hülkenberg, Docteur Le Mans et Mister F1

En misant sur Nico Hülkenberg pour 2017, Renault fait un choix visiblement salué par tous. Avec la conviction qu'il sera payant, retour sur l'exploit manceau qui a gonflé le palmarès de l'Allemand, au mérite.

Nico Hulkenberg, Porsche Team

Photo de: Porsche AG

Depuis vendredi, et après y avoir été largement préparé par les rumeurs grandissantes, on sait que Nico Hülkenberg pilotera chez Renault à partir de 2017. Après avoir étudié de nombreuses pistes, dont plusieurs se sont refermées rapidement, le Losange a porté son choix sur un pilote fiable et expérimenté, bien que toujours en quête d’un premier podium en F1.

Si le tableau d’honneur de l’Allemand n’est sans doute pas aussi clinquant que ce que son talent devrait lui permettre d’obtenir, son CV en sport automobile n’a toutefois rien à envier à beaucoup d’autres. Et pour cause, outre un parcours sans-faute dans les formules de promotion, il comporte une victoire aux 24 Heures du Mans que bien des pilotes aimeraient détenir.

On se souvient de la "saga Hülkenberg" qui avait animé la fin du printemps 2015, avec, pour la première fois depuis un certain Sébastien Bourdais, la présence au Mans d’un pilote titulaire en F1. Débutant au volant d’une LMP1, il avait contribué au succès surprise du trio rookie de Porsche, aux côtés de Nick Tandy et Earl Bamber. L’effort produit lors de son relais nocturne m’avait alors profondément marqué, symbole de sa pierre largement apportée à l’édifice.

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Pour un pilote habitué aux "petits exploits" du milieu de grille au volant de monoplaces loin d’être les meilleures en F1, retrouver le goût du champagne et de la victoire comme ce fut le cas tout au long de son ascension vers la F1 fut un véritable rafraîchissement, même à seulement 27 ans.

"Ça donne sans aucun doute un coup de boost, de la confiance en soi ; ça aide, c’est certain", expliquait Hülkenberg à Motorsport.com en janvier dernier. "Quand on gagne, on gagne, c’est différent. On peut piloter et faire la course de sa vie et terminer sixième, et on sait que c’est un travail d’enfer et que c’est comme une victoire, mais c’est juste une sixième place. On se sent très satisfait et heureux du travail effectué, mais ce n’est évidemment pas la même chose que décrocher une victoire, évidemment."

Pas de comparaison

Sa victoire au Mans, survenue dans un contexte où le désamour des pilotes pour la F1 était sur toutes les lèvres, n’avait pas manqué d’alimenter un peu plus ce débat au cours de la saison dernière. Lors du Grand Prix d’Autriche qui suivait au calendrier la semaine des 24 Heures, Hülkenberg était évidemment rayonnant, débarquant sur le Red Bull Ring avec un sourire jusqu’aux oreilles, devenu la star d’un week-end et presque jalousé par le reste du plateau !

Pour autant, le futur-ex pilote Force India n’a jamais forcé le trait de la comparaison entre la catégorie reine et le WEC, martelant plus d’une fois qu’il s’agissait de deux mondes différents. Et ce n’est pas d’avoir gagné dans une discipline qui allait le faire changer d’avis.

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Avec le recul, Hülkenberg ne peut certes pas nier que l’approche qu’il a pu découvrir en Endurance était plus conforme à ce qu’il aime en tant que pilote, plus naturelle. Mais il n’en a jamais fait un sujet de distraction, affirmant qu’il devait s’adapter à ce que la F1 lui proposait tout en concédant que la contribution du pilote est forcément différente au volant d’un prototype LMP1.

"C’est certainement moins exigeant", explique-t-il quant au pilotage en WEC. "Il s’agit de faire le meilleur temps, d’attaquer et de ne pas se soucier des pneus, ou bien si je glisse un petit peu, je n’ai pas à me soucier du freinage au virage suivant. Même si récemment nous avons connu quelques courses en F1 où nous pouvions attaquer un peu plus. La F1 est toujours la F1, il y a du plaisir aussi, ne vous méprenez pas."

Le sens des priorités

Par comparaison avec l’état de grâce qu’il avait connu autour de sa période mancelle en juin 2015, les mauvaises langues diront que Hülkenberg a connu une saison plus poussive en 2016. Certes dominé par un Sergio Pérez capable de saisir la moindre opportunité de podium, il pointe néanmoins dans le top 10 du championnat à quatre épreuves de son terme, et paye surtout les pots cassés d’un début de saison durant lequel il n’a pas eu beaucoup de réussite. Une chose est certaine, avoir goûté au Mans n’a pas altéré sa volonté de réussir en F1.

D’ailleurs, quand le calendrier 2016 a confirmé le clash de date entre Le Mans et la F1, Hülkenberg n'a pas vécu comme une grosse déception l'impossibilité de venir défendre son titre. Sans l’ombre d’un doute, sa position a été claire : priorité à la F1, même s’il a toujours clamé en parallèle qu’il comptait bien revenir dans la Sarthe un jour ou l’autre. "Je suis engagé en F1, c’est mon travail principal, mon objectif principal", rappelait-il. Porsche ayant réduit la voilure à deux prototypes cette année, la question était de toute manière définitivement réglée.

Nico Hulkenberg, Sahara Force India F1 VJM09

Cette vérité sera encore d’actualité l’année prochaine, plus encore avec sa présence dans un programme constructeur pour la première fois de sa carrière en F1. Car l’opportunité Renault, c’est certainement le train de la chance qui repasse exceptionnellement une deuxième fois pour Hülkenberg, qui avait manqué celui des top teams il y a deux à trois ans.

Je suivrai attentivement la manière dont il est capable d’aider Renault à poursuivre sa reconstruction, et à occuper une place de leader à laquelle il peut s’installer. En se souvenant que sa pointe de vitesse est indéniable, et qu’après avoir atteint le Graal en Endurance, il n’a jamais cédé à la facilité des comparaisons hasardeuses entre deux univers que tout le monde aime tant opposer.

Quant à l'Endurance, rien n'est exclu, et avec l'étiquette de vainqueur au Mans qu'a désormais Hülkenberg, les opportunités existeront. "Pour un gars comme Nico, la porte est toujours ouverte", dit d'ailleurs Andreas Seidl, directeur de l'équipe Porsche Team, "mais de ce que je lis, il est très content de ses projets ! Il a de belles années devant lui en Formule 1."

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