Interview

Exclu - Arrivabene se livre : "Les règles en F1 sont un cercle vicieux" (2/2)

Pour la première fois, le directeur de Ferrari a accordé un entretien exclusif à un site Internet. Avec Motorsport.com, il revient dans cette deuxième partie sur la nécessité de simplifier les règles en F1, sur son avenir et celui de Ferrari.

Sebastian Vettel, Ferrari SF16-H

Photo de: Ferrari

La F1 semble parfois être fermée, avec des règles complexes qui sont difficiles à expliquer au public. Êtes-vous d’accord ? 

"Notre président [Sergio Marchionne], malgré ses nombreux engagements, consacre beaucoup d’énergie à ce problème, à la fois au sein du Groupe Stratégique et de la Commission F1. Il fait en sorte de faire entendre sa voix."

"Les règles en F1, à la fois sur les plans technique et sportif, sont un cercle vicieux. Plus on en fait, plus les changements deviennent compliqués, et plus il faut changer les choses. Toutes les règles ne sont pas parfaites, et ensuite, il faut faire des corrections. Les voitures sont devenues plus complexes, les règles sont plus difficiles à expliquer. Je suis totalement d’accord quant au fait que ça doit être simplifié, à la fois pour les fans et pour nous-mêmes."

Est-ce que la Formule 1 est dominée par la question pneumatique ?

"Je me souviens que, même du temps où il y avait Bridgestone et Michelin, nous parlions beaucoup des pneus. La gomme est un élément qui peut vous donner un gros avantage si on l’exploite parfaitement, et vice versa, ça peut sévèrement vous punir."

Quand des fans de Ferrari vous arrêtent dans la rue, que vous disent-ils ?

"Il y a des fois où l’on se dit que les fans vont venir vous donner leur avis après ce qu’ils ont lu dans les médias. Mais ce qui se passe dans la rue est exactement l’inverse. Je reste sans voix. Il y a des gens qui vous donnent une tape dans le dos, qui vous encouragent, et c’est quelque chose dont je suis vraiment ravi. Ça m’inspire et ça rend très clair le fait que notre responsabilité est de réussir, spécialement pour eux." 

Maurizio Arrivabene, directeur de Ferrari

Combien de temps imaginez-vous occuper le rôle qui est le votre aujourd’hui ?

"Tout d'abord, je n’aime pas la définition de team principal. Je préfère être reconnu comme un team manager, je crois que c’est plus raisonnable. Au final, je travaille pour une entreprise et ce sont ceux qui sont à sa tête qui décident ce qui est le mieux."

"La Formule 1 est vue par le public pendant les week-ends de course, mais ensuite, quand on éteint la télévision, il y a une compagnie qui a des problèmes quotidiens qui ressemblent à ceux des autres à travers le monde. Ce n’est pas à moi de décider combien de temps je passerai à ce poste : ce sont mes supérieurs qui évalueront ce que je fais et décideront en fonction."

Après un an et demi passé à ce poste, pensez-vous qu’il y a un terrain commun avec d’autres équipes pour aider la Formule 1, ou estimez-vous que l’égoïsme prévaut ?

"C’est important de garder les pieds sur terre et de regarder d’autres contextes dans lesquels il y a une plus grande cohésion avec nos rivaux. Voici un exemple : pendant un week-end de course, Toto Wolff [directeur de Mercedes] et moi sommes censés nous détester, nous sommes adversaires. Mais quand l’activité en piste se termine, nous avons tous les deux plusieurs problèmes qui affectent la F1 dans son ensemble."

"Ce que je regrette, c’est que lorsque l’on essaie de faire quelque chose dans un sens, il y a toujours quelqu’un qui lève la main et parle de complot. Il y a ceux qui vont trouver difficile à comprendre que l’on puisse être adversaires en piste mais travailler ensemble pour le bien de la discipline. Un accord n’est pas la même chose qu’une conspiration, mais ça semble être un concept difficile à expliquer."

Maurizio Arrivabene, Team Principal Ferrari avec Toto Wolff, Directeur Exécutif de Mercedes AMG F1

En 2017, vous ne serez plus motoriste de Toro Rosso. Était-ce une possibilité à laquelle vous étiez préparé ?

"L’année dernière, Toro Rosso avait besoin d’une unité de puissance, après s’être retrouvé dans une situation difficile. Quand nous avons découvert cela, nous les avons ajoutés au dernier moment comme équipe cliente."

Mais c’était une situation différente chez Red Bull ? 

"Si je ne fais pas d’erreur, avant, Red Bull avait demandé des moteurs à Mercedes, et la réponse était non !"

Vous avez rétabli le programme Ferrari Driver Academy. Si un jeune talent émerge, êtes-vous prêt à lui tendre la main pour qu’il arrive en F1 ? 

"La volonté est là. La collaboration avec Haas nous donnera une possibilité dans ce domaine, et bientôt nous verrons Charles Leclerc, un de nos jeunes, piloter pour eux le vendredi matin."

"Pour en revenir à l’Academy, nous avons trouvé un accord important avec le chef de Tony Kart, Roberto Robazzi, qui nous aidera à faire une première sélection de jeunes. Aujourd’hui, nous avons Massimo Rivola aux commandes de l’Academy, et il travaille beaucoup à ce poste pour suivre nos juniors de près. Je suis heureux que ça se passe bien pour Antonio Fuoco, et Giuliano Alesi et Guan Yu Zhou grandissent eux aussi."

Il y a désormais 21 courses en Formule 1, mais il y a de moins en moins d’essais…

"Un compromis serait meilleur pour tout le monde. Un peu plus d’essais permettrait de mieux développer les pneus, et nous pourrions peut-être organiser des activités promotionnelles pour le public, qui ne peuvent pas être programmées pendant les week-ends de course."

"J’aime la solution du MotoGP, où ils restent sur le circuit le lundi et le mardi après une course, pour deux jours d’essais. C’est une solution économique pour les équipes, et ça offre aux fans qui, pour de nombreuses raisons n’ont pas pu venir voir le Grand Prix, une opportunité de voir de la F1."

Pensez-vous qu’au cours des dix-huit derniers mois vous avez essuyé des critiques qui n’étaient pas méritées ?

"Oui, mais j’ai aussi reçu de trop nombreux compliments. On peut dire que les deux choses s’équilibrent, mais si l’on fait ce travail, il y a des aspects qu’il faut prendre en compte."

Si vous pouviez avoir la garantie de gagner trois courses d’ici la fin de la saison, la prendriez-vous ? 

"Non, absolument pas. Je sais le potentiel que nous avons, et je connais bien sûr le formidable travail qui a été fait par Mercedes. Sur certains circuits, l’écart a commencé à être plus petit, mais nous devons atteindre la barre de nos ambitions et commencer à regarder au-dessus. Si j’avais répondu oui, je ne représenterais pas l’esprit de Ferrari et son ADN."

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