Guide 2016 - Les grands débuts de Haas F1 Team

Haas F1 Team, propriété de l’homme d’affaires américain Gene Haas, est la première écurie de F1 américaine depuis Haas Lola (l’écurie de Carl Haas) en 1986. Gene Haas est aussi le copropriétaire, en compagnie de Tony Stewart, de l’écurie Stewart-Haas Racing qui évolue en NASCAR Sprint Cup.

Que peut-on espérer de cette nouvelle écurie à la saveur NASCAR, qui possède son quartier général à Charlotte, en Caroline du Nord, pour sa première saison ? On peut prédire de bonnes choses de manière générale, avec des apparitions régulières en Q2, une présence dans le second tiers du peloton en course et quelques points marqués cette année, disons une vingtaine.

Bien qu’il s’agisse d’une nouvelle écurie, Haas F1 Team est constitué d’ingénieurs, techniciens et mécaniciens qui possèdent tous une bonne expérience de la F1. Menés par Günther Steiner, ils doivent apprendre vite à travailler ensemble dans un environnement placé sous forte pression.

Reste à connaître le véritable potentiel de Steiner. Avouons qu’il n’a pas laissé un souvenir impérissable de ses passages chez Ford en WRC, chez Jaguar en F1 et chez Red Bull Racing en NASCAR Sprint Cup. Steiner est probablement un très bon ingénieur, mais sa capacité à diriger les quelque 200 personnes d’une écurie de F1 demeure floue.

Haas F1 Team VF-16

Image de: Camille De Bastiani

Les pilotes, Romain Grosjean et Esteban Gutiérrez, sont rapides et expérimentés. Grosjean est heureux d'avoir quitté Lotus et ses graves ennuis financiers. Le Franco-suisse est assez bon pour gérer ses pneus, ce qui pourrait se révéler être un avantage. Gutiérrez, le Mexicain, a été le pilote de réserve de Ferrari la saison passée, où il a beaucoup appris. En revanche, il n’a pas disputé de Grand Prix depuis Abu Dhabi en 2014, soit une longue pause de 16 mois, et il pourrait vouloir en faire un peu trop lors des premières épreuves de la saison.

Partenariat technique avec Ferrari

Rappelons qu’il s’agit d’un châssis conçu par Haas, fabriqué en sous-traitance par Dallara. L’unité de puissance, le dispositif de récupération d’énergie, la transmission et certains éléments de la suspension proviennent de Ferrari. Si la Haas est relativement compétitive, reste à voir si elle sera fiable, car elle fut victime d’un bon nombre de soucis techniques durant les essais hivernaux.

Ayant connu un période de gestation de deux ans, on peut s’attendre à ce que cette VF-16 soit efficace dès les premières épreuves. Toutefois, l’équipe américaine aura peut-être un peu de mal à la développer en cours de saison, car les courses se succèderont à un rythme effréné. De plus, l’équipe technique devra aussi rapidement commencer à travailler sur la voiture 2017. Sachant que les règlements techniques seront complètement revus pour l'an prochain, Haas ne pourra pas simplement améliorer sa voiture actuelle, mais devra en concevoir une toute nouvelle, ce qui réclame une somme de travail gigantesque de la part du département de conception.

La question du financement

Reste l’argent. Gene Haas, entrepreneur américain et seul actionnaire de la société Haas Automation qui génère des profits majeurs chaque année, devra trouver des partenaires financiers, car il ne pourra pas longtemps financer son écurie à lui seul. D'autant que Haas n'aura pas accès à l'argent distribué par le détenteur des droits commerciaux avant une douzaine de mois.

Un autre point peut aussi inquiéter un peu : Gene Haas a lui-même avoué avoir été un peu naïf en inscrivant une équipe en F1. "La complexité des voitures et des moteurs et leur interaction dépassent tout ce que j’avais prévu. Je crois que j’ai été un peu naïf à propos du fonctionnement des ces bolides."

Équipe novatrice au cerveau américain, mais au corps européen comme le décrit Grosjean, Haas F1 Team pourrait, sur des circuits atypiques, créer certaines surprises.