Pourquoi Hamilton n'a pas été pénalisé dans sa lutte contre Ricciardo
Le Grand Prix de Monaco a été marqué par la lutte entre Lewis Hamilton et Daniel Ricciardo et aurait tout à fait pu se jouer dans le bureau des commissaires, après une situation litigieuse peu avant la mi-course.
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07, Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB12
XPB Images
Si beaucoup se sont centrés sur l’erreur de Red Bull, poussé à la faute par la stratégie audacieuse de Lewis Hamilton, la victoire aurait pu se jouer à un autre moment, au 37e tour, quand, en résistant à la pression de Daniel Ricciardo, le Britannique a coupé la chicane du Port avant d’être sous la menace de l’Australien qui n’a cependant pas pu le passer, exprimant sa frustration par un geste de mécontentement du bras.
Cette situation a donné lieu à une enquête des commissaires qui s’est conclue par une absence de sanction à l’encontre du triple Champion du monde. Ce dernier a ensuite pu franchir la ligne d’arrivée en première position devant un Ricciardo en colère, bien moins pour cette péripétie que pour l’erreur de son écurie dans les stands.
Mais, de quoi était accusé Hamilton et pourquoi a-t-il échappé à une sanction ? Cette même séquence pouvait relever de deux infractions différentes.
Un avantage durable ?
La première était de savoir si, en vertu de l’article 27.4 du Règlement Sportif de la FIA, le pilote Mercedes avait tiré un avantage de son passage hors piste au moment du freinage manqué de la chicane.
Le règlement dispose que"les pilotes seront considérés comme ayant quitté la piste si aucune partie de la voiture ne reste en contact avec elle et, pour éviter tout doute, les lignes blanches définissant les limites de la piste sont considérées comme faisant partie de la piste mais pas les vibreurs. Si une voiture quitte la piste, le pilote peut revenir, cependant cela ne peut seulement être fait que quand il est sûr de le faire et sans gagner d’avantage durable".
Cet article est souvent appliqué dans le cas où un pilote, en effectuant un dépassement, coupe le virage qui suit et double son adversaire grâce à cela. Cette situation s’est d'ailleurs présentée lors du Grand Prix de Monaco, quand Nico Rosberg n’a pu dépasser Fernando Alonso à la chicane sans la couper. L’Allemand a immédiatement rendu sa position car il s’exposait sinon à une sanction puisqu’il n’aurait à l’évidence pas pu doubler la McLaren sans tirer un "avantage durable" de son passage hors piste.
Le cas du défenseur qui coupe le virage est forcément plus délicat à juger car bien souvent l'attaquant ne l’a pas dépassé formellement mais malgré une erreur, le pilote sous pression conserve l’avantage de la position. Dans le cas de Hamilton et Ricciardo, la RB12 était plus proche en sortie de chicane, donc après l’erreur du Britannique, qu’au moment du freinage. Difficile donc, de prétendre que le pilote Mercedes a tiré un"avantage durable" de son passage hors piste qui l’a, dans les faits, plutôt placé à la merci de son adversaire.
C'est pourtant sur ce point que se sont focalisées les interrogations après la course. "Daniel était partout derrière moi, donc je devais être à l’intérieur pour le virage 10, […] et en étant à l’intérieur, c’est un peu plus humide qu’en étant sur la trajectoire sèche, donc j’ai bloqué [mes roues] et me suis manqué", expliquait Lewis Hamilton. "J’étais conscient que je n’allais pas faire le virage complet et je suis passé sur la portion humide, avec Daniel sur la piste sèche, et en sortant j’étais juste sur de la glace."
"Des pneus mouillés, donc j’avais du patinage et je glissais en sortie. Au moment où j’ai retrouvé de la traction, j’ai réalisé que Daniel était… J’étais devant mais Daniel était à droite dans mes rétroviseurs, derrière mon pneu arrière, donc je savais que c’était proche. Je ne sens pas que j’ai particulièrement gagné un avantage."
Daniel Ricciardo est lui aussi revenu sur ce moment, en conférence de presse. "De mon point de vue, j’ai fait un… et bien, je n’ai pas fait de manœuvre dans la chicane car Lewis défendait, mais je l’ai forcé à défendre et en faisant cela il a commis une erreur et a coupé la chicane, donc à la radio j’ai dit ‘qu’est-ce qui va se passer ?’. Parce que, ouais, il a fait une erreur et puis est resté en tête."
"Évidemment, c’était une chance de peut-être prendre la tête pour moi. Donc ouais, évidemment, j’ai questionné cela. S’il était seul et faisait l’erreur, pas de problème, mais à l’évidence il a fait l’erreur en défense et pendant la lutte, donc ouais, je ne suis pas sûr s’ils ont enquêté ou pas."
Il est d'ailleurs à noter que, dans ce cas précis, même si les commissaires ont sans doute débattu du sujet, la décision n'en fait absolument pas mention, ce qui tend à prouver que la question n'avait sans doute pas suffisamment de consistance en elle-même pour appeler une quelconque décision, même de rejet.
Un blocage ?
La seconde infraction potentielle est sans doute celle qui prête le plus à débat. Une fois à la sortie de la chicane, Hamilton a-t-il bloqué Ricciardo quand il a tenté de le passer par la droite le long du rail ?
Ici, en revanche, un rapport formel des commissaires a été publié, disponible publiquement sur le site officiel de la FIA, dans lequel les commissaires sont saisis car le pilote au n°44 a semblé "ne pas laisser assez de place en défendant sa position dans le virage 11", ce qui aurait constitué alors une infraction à l'article 27.6 du Règlement Sportif qui interdit "plus d'un changement de direction pour défendre une position".
"Tout pilote revenant dans la trajectoire de course, en ayant précédemment défendu sa position en dehors de la trajectoire, doit au moins laisser la largeur d'une voiture entre sa propre voiture et les limites de la piste à la l'approche du virage", poursuit le règlement.
Appliquant cette règle à la situation du 37e tour, les commissaires ont constaté que Hamilton avait dans les faits laissé suffisamment d'espace à Ricciardo. "La voiture n°44 a laissé au moins la largeur d'une voiture entre sa propre voiture et la limite de la piste", matérialisée à Monaco par le rail de sécurité.
Certes, il n'y avait sans doute pas la place de mettre bien plus que la largeur de la RB12, mais l'Australien aurait tout de même eu du mal à effectuer ce dépassement puisqu'il se trouvait alors dans la zone humide de la piste - sa voiture a d'ailleurs chassé de l'arrière instantanément.
En conclusion, même si ces cas ne sont pas toujours simples à juger dans le laps de temps dans lequel ils se déroulent, Lewis Hamilton n'a jamais dépassé les limites du règlement dans ce 37e tour.
Avec Adam Cooper
Le résumé vidéo du GP de Monaco
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