Toyota perd les 24 Heures du Mans dans le dernier tour!

Orage, ô rage ! La Toyota #5 ayant dominé les 24 Heures du Mans 2016 a perdu toute puissance en franchissant la ligne... de l'avant-dernier des 384 tours de course bouclés en 24 Heures...

#5 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima

Photo de: Eric Gilbert

Arrêt au stand et dernier changement de pilote pour la #5 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima
#5 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima
#5 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Anthony Davidson, Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima
#25 Algarve Pro Racing Ligier JSP2 Nissan: Michael Munemann, Chris Hoy, Parth Ghorpade
#64 Corvette Racing Chevrolet Corvette C7-R: Oliver Gavin, Tommy Milner, Jordan Taylor
#26 G-Drive Racing Oreca 05 Nissan: Roman Rusinov, Will Stevens, René Rast
#67 Ford Chip Ganassi Racing Ford GT: Marino Franchitti, Andy Priaulx, Harry Tincknell
#8 Audi Sport Team Joest Audi R18 e-tron quattro: Lucas di Grassi, Loic Duval, Oliver Jarvis
#34 Race Performance Oreca 03R Judd: Nicolas Leutwiler, James Winslow, Shinji Nakano
#6 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Stéphane Sarrazin, Mike Conway, Kamui Kobayashi
#42 Strakka Racing Gibson 015S Nissan: Nick Leventis, Jonny Kane, Danny Watts
#1 Porsche Team Porsche 919 Hybrid: Mark Webber
#68 Ford Chip Ganassi Racing Ford GT: Joey Hand, Dirk Müller, Sébastien Bourdais
#7 Audi Sport Team Joest Audi R18: Marcel Fassler, Andre Lotterer, Benoit Tréluyer
#95 Aston Martin Racing Aston Martin Vantage: Nicki Thiim, Marco Sorensen, Darren Turner
#82 Risi Competizione Ferrari 488 GTE: Giancarlo Fisichella, Toni Vilander, Matteo Malucelli
#2 Porsche Team Porsche 919 Hybrid: Romain Dumas, Neel Jani, Marc Lieb
#1 Porsche Team Porsche 919 Hybrid: Timo Bernhard, Mark Webber, Brendon Hartley
#68 Ford Chip Ganassi Racing Ford GT: Joey Hand, Dirk Müller, Sébastien Bourdais
#37 SMP Racing BR01 Nissan: Vitaly Petrov, Viktor Shaytar, Kirill Ladygin
#97 Aston Martin Racing Aston Martin Vantage: Richie Stanaway, Fernando Rees, Jonathan Adam
#26 G-Drive Racing Oreca 05 Nissan: Roman Rusinov, Will Stevens, René Rast in the gravel
#63 Corvette Racing Chevrolet Corvette C7-R: Jan Magnussen, Antonio Garcia, Ricky Taylor
#6 Toyota Racing Toyota TS050 Hybrid: Stéphane Sarrazin, Mike Conway, Kamui Kobayashi
#95 Aston Martin Racing Aston Martin Vantage: Nicki Thiim, Marco Sorensen, Darren Turner
#26 G-Drive Racing Oreca 05 Nissan: Roman Rusinov, Will Stevens, René Rast
#2 Porsche Team Porsche 919 Hybrid: Romain Dumas, Neel Jani, Marc Lieb
#36 Signatech Alpine A460: Gustavo Menezes, Nicolas Lapierre, Stéphane Richelmi
#50 Larbre Competition Chevrolet Corvette C7-R: Yutaka Yamagishi, Pierre Ragues, Jean-Philippe Belloc
#8 Audi Sport Team Joest

G.N., Le Mans - L’édition des 24 Heures du Mans est tous les ans synonyme de grand événement du monde du sport automobile. Mais elle devient souvent "mythique", comme se plaît à la qualifier l’ACO, lorsque le Circuit de la Sarthe voit plusieurs automobiles ou équipes se disputer la victoire sans que puisse être prédit qui ralliera l’arrivée en tête au terme de 384 tours de course.

L'abandon tragique de Toyota dans le dernier tour

Et le moins que l’on puisse dire est que le cru 2016 n’usurpe aucunement sa place parmi les plus grandes courses contemporaines, grandement en raison de la lutte incessante que se sont livré Porsche, sociétaire de la première ligne de la grille de départ, et Toyota, extrêmement à son aise en conditions de course.

L’orage du repérage

Mythique, aussi, parce que les légendes proviennent aussi souvent des cieux, et que les contrôleurs des vannes célestes ont décidé de faire de cette semaine de juin 2016 l’une des plus pluvieuses dans la Sarthe depuis 50 ans.

C’est ainsi avec un départ au format historique qu’a débuté la course : "C'est la première fois dans l'histoire du Mans qu'on a un départ sous SC", sourit Pierre Fillon, Directeur de l’ACO. "On a eu une procédure fantastique, magnifique, puis ce grain pendant le gridwalk qui a un petit peu perturbé le départ. Brad Pitt l'a quand même donné et a trouvé ça aussi impressionnant que sur le sec ; il a découvert la passion du Mans et j'espère qu'il reviendra nous voir".

Après 53 minutes sous contrôle de la voiture de sécurité, les autos ont enfin pu en découdre : la pluviométrie ayant influencé le programme de roulage -et calibrage- des teams lors des préparatifs et des qualifications semblait enfin vouloir passer au second plan au fur et à mesure que s’asséchait la piste et que le rythme de course pouvait gagner en intensité.

Premiers déchiffrages post-essorage !

D’intensité, Toyota n’a pas manqué en se montrant offensif dès les premiers kilomètres de course. Ceux qui supposaient que les conditions redeviendraient favorables aux rivaux allemands avec les pneus slicks en furent quittes pour une nouvelle surprise : non seulement Toyota se montrait en mesure de réaliser des références chronométrées tôt dans la course, mais les troupes de Vasselon commençaient d’emblée à aligner une stratégie basée sur des relais de 14 tours sur un plein de carburant, contre 13 pour Porsche et Audi.

Les premiers enseignements des stratégies déployées dans un scénario optimal commençaient à tomber : la conclusion ? Pour prendre les devants, Porsche devrait se montrer non seulement fiable mais également plus audacieux sur la stratégie.

Ceinturage du chronométrage

Sans disposer de la même flexibilité de carburant et de la possibilité d’économiser un arrêt ou deux sur l’ensemble de la course, Porsche s’est ainsi employé à ne jamais laisser Toyota gagner suffisamment confiance en son rythme, ni se conforter des retards accumulés par des Audi fragiles, et semblant poser des questions au niveau de la rigidité du train avant.

Les difficultés d’Audi à venir se mêler à cette bataille au sommet sont devenues apparentes dès le premier tiers de course : un changement de turbo sur la #7 de Fässler/Lotterer/Tréluyer a coûté 7 tours au trio. Tourner rapidement n’était pas hors de portée de la #8 mais c’est cependant de régularité dans la performance qu’a légèrement manqué l’équipage pour passer la nuit avec ses rivaux.

Kilométrage et épurage

Une fois la nuit venue, c’est ce même duel entre les deux Toyota et la Porsche rescapée qui a offert un spectacle d’une belle intensité. Tournant comme des métronomes, Dumas/Jani/Lieb ont bien tenté de voir si garder Toyota en alerte en interdisant un écart supérieur à une minute ne provoquerait pas des problèmes anticipés chez les Japonais.

Mais au lieu de ça, c’est dans le clan de Stuttgart que les choses se sont envenimées, avec deux arrêts dramatiques de l’équipage triple vainqueur du Mans Fässler/Lotterer/Tréluyer pour changer par deux fois une pompe à eau canalisant des problèmes de température. Verdict: 3 heures de perdues dans le garage et une seconde moitié de course réduite à une interminable remontée, à 12 boucles du leadership… reste que le top 4, lui, complété par l’Audi #8, évoluait dans le même tour à la huitième heure.

Naufrage et écrémage

La sortie de la nuit voit une lutte triangulaire fascinante s’installer. Elle ne comprend toujours pas d’Audi, qui stoppe encore la #7 dans la forêt pendant 20 minutes agonisantes. Mais la compétition entre les deux Toyota est bien réelle, tout comme la concurrence exacerbée de la Porsche #2. Une statistique simple résume finalement tout au petit matin : à l’entrée en jeu de la voiture de sécurité, quand nombre de mécaniques et de moments d’inattention venaient semer de l’agitation chez les LMP2 et GT alors que perce le soleil, les trois protos de tête avalent les retardataires séparés par seulement… deux secondes !

Un sprint de 7 heures démarre à un rythme encore plus effréné lorsque Toyota autorise Buemi à aller de l’avant tandis que Conway demeure plus concentré sur la suite de la stratégie de la Porsche d’un Jani exemplaire. Buemi signe vite des temps explosifs et gère le trafic à merveille, s’autorisant une avance d’une vingtaine de secondes en quelques boucles seulement, une fois encore en économisant systématiquement un tour de carburant par relais par rapport à Porsche. Alors que l’on s’attend à voir Porsche réagir avec le pari de quadruples relais au lieu de triples pour tenter de reprendre du temps, les vainqueurs en titre décident finalement de s’en tenir au même plan de route jusqu’à l’arrivée.

Même si cette édition 2016 a rappelé que l’on parle désormais bien d’un sprint de 24 Heures, la Sarthe demeure une course à élimination. Las, c’est la valeureuse Toyota #6 du trio Sarrazin/Kobayashi/Conway qui perd finit par perdre le contact avec le commandement sur un tête-à-queue de Kobayashi à 3 heures de l’arrivée. Victime de vibrations terribles après la figure de style non contrôlée, la Toy perd le rythme pendant l’heure suivante, jusqu’à son arrêt au stand et le dernier changement de pilote (Sarrazin).

La fin du combat est héroïque de toutes parts : offrant un tendu finish avec des écarts ne dépassant pas les 30 secondes, Toyota et Porsche méritent d’être salués pour avoir été les animateurs d’un duel ininterrompu. Quant au trio Di Grassi/Duval/Jarvis, 3e, jamais il n’a baissé les bras en osant espérer jusqu’à la fin un ennui de l’un ou l’autre des rivaux, bel et bien survenu en toute fin de course.

RAGE, Retitrage...

Une image absolument horrible envahit les écrans lors de l'avant-dernier tour : la Toyota de tête perd des dizaines de secondes et évolue au ralenti dans le dernier secteur du tour jusqu'à échouer misérablement sur la ligne de départ/arrivée... un tour trop tôt ; un tour avant l'arrivée. En raison de l'article 10.15 du règlement, la n°5 ne sera même pas classée, ayant franchi la ligne bien trop longtemps après l'arrivée.

Porsche file vers une victoire renversant tout le monde à terre dans le garage; la malédiction d'une 18e participation de Toyota en endurance se poursuit sans la moindre victoire ; Audi, de son côté, collecte un podium de dernière minute alors même que la firme d'Ingolstadt se préparait à le manquer pour la première fois depuis 1999...

 
 

Vainqueurs par catégorie : 

P1 : Porsche n°2
P2 : Alpine n°36
Pro : Ford n°68
Am : Ferrari n°62 (Scuderia Corsa)

 

Courage sans barrages

Enfin, on reviendra bien sûr plus en détails par la suite sur la belle bataille vue en LMP2 et le superbe duel d’anthologie entre Ford et Ferrari en GT, mais il est nécessaire de saluer le parcours d’un équipage très particulier.

Celui de Frédéric Sausset, pilote quadri-amputé, et de son équipe, que nous vous présentions quelques mois avant leur immense défi avec son team SRT41. Une aventure aussi individuelle que collective, cette "course à la vie" ayant vu des équipiers subir des relais d’une endurance extrême pour permettre à Sausset d’accomplir sa mission de rallier l’arrivée après avoir contribué dans une proportion significative à la distance parcourue, essentiellement sur des relais uniques de 11 tours. Remonté avec énormément d’émotion dans son proto du stand 56 en toute fin de course pour franchir le drapeau à damier, cette fin de course incarne bien ce qu’est Le Mans, que l’on soit un fan invétéré d’endurance ou simplement distrait spectateur occasionnel : 

MAGIQUE, TRAGIQUE

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