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Qui est celui qui veut perpétuer l'héritage de Loeb et Ogier ?

Les pilotes français ont dominé le WRC ces deux dernières années : Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ont accumulé les titres de manière impressionnante. Alors que le second mettra fin à sa présence à plein temps dans le championnat à l'issue de la saison, la France fera reposer ses espoirs sur le rookie Adrien Fourmaux, à qui semble promis un avenir brillant.

Adrien Fourmaux, Renaud Jamoul, M-Sport Ford WRT Ford Fiesta WRC

Photo de: M-Sport

Au fil des années, le WRC a pu profiter d'un joli vivier de pilotes français. Ces deux dernières décennies, la discipline a même été dominée par deux des plus grands, Sébastien Loeb et Sébastien Ogier. À eux deux, ils ont amassé 16 titres mondiaux, Loeb devenant le pilote le plus sacré de tous les temps en remportant neuf championnats consécutivement entre 2004 et 2012. Ogier lui a immédiatement succédé, décrochant sept titres entre 2013 et 2020.

Les deux hommes ont battu des records en remportant au total 132 des 307 rallyes disputés depuis les débuts de Loeb en 1999, soit plus d'un tiers. Cependant, la saison prochaine marquera un changement d'ère puisque Ogier devrait cesser son engagement à plein temps en WRC pour privilégier un programme partiel, tout en se tournant vers les circuits. Dès lors, qui comblera ce vide afin d'entretenir le bel héritage tricolore laissé par Loeb et Ogier ?

À 26 ans, Adrien Fourmaux a connu une ascension météorique en rallye, accédant au WRC avec M-Sport cette saison, quatre ans seulement après ses débuts dans la catégorie junior du Championnat de France des Rallyes. C'est une progression relativement rare et qui a fait tourner les têtes, notamment chez M-Sport, qui a misé sur lui l'année dernière. Parmi les plus impressionnés, on trouve aussi un certain Sébastien Loeb.

 

"Il est assez rare de voir des pilotes arriver en WRC et être capables de faire des bons chronos, et il l'a fait alors qu'il n'a qu'une petite expérience", confie Loeb à Motorsport.com. "Il est certain qu'il a beaucoup de talent et qu'il est sur la bonne voie pour être l'un des meilleurs pilotes à venir en WRC. C'est chouette de voir un autre Français arriver après moi et Ogier."

Après avoir terminé cinquième pour ses débuts en WRC au Rallye de Croatie en avril dernier, Adrien Fourmaux n'a pas manqué de rappeler à ses patrons, par certains aspects, certains traits de ses glorieux aînés.

"C'étaient des débuts très impressionnants, et on peut certainement percevoir une ressemblance avec Ogier dans la manière dont il se conduit", fait remarquer Richard Millener, team principal de M-Sport. "L'avenir du Rallye se présente bien, et j'ai vraiment hâte de voir à quel point il progressera en passant plus de temps dans la voiture. Le talent d'Adrien derrière un volant ne fait aucun doute, et en observant la manière dont ils travaillent tous les deux [avec son copilote Renaud Jamoul], je peux déjà entrevoir des choses qui me rappellent Seb et Julien [Ingrassia]."

Voilà un sacré compliment pour un pilote qui n'a participé qu'à trois rallyes de la catégorie reine. Alors pourquoi tout ce remue-ménage ?

Adrien Fourmaux a d'abord démontré son potentiel en 2016, lorsqu'il a remporté le célèbre Rallye Jeunes. Deux ans plus tard, il a décroché le titre junior en Championnat de France des Rallyes, au volant d'une Ford Fiesta R2. Un passage en WRC2 s'est imposé en 2019, avec une dixième place au général et une deuxième dans sa catégorie pour ses débuts sur le Monte-Carlo. Puis un deuxième podium est arrivé en Grande-Bretagne, ce qui a suffi à convaincre M-Sport de mettre la main sur ce jeune talent. Après avoir terminé troisième d'un championnat WRC2 décapité par la crise sanitaire en 2020, il a obtenu une opportunité en or de partager le second volant M-Sport en WRC avec Teemu Suninen.

 

En trois rallyes, le Français s'est hissé à la hauteur des attentes, terminant à chaque fois parmi les six premiers. Un bilan plus que positif pour un rookie faisant face à des grands noms comme Ogier, Tänak, Neuville et Evans. Il a aussi signé son premier scratch sur une spéciale lors d'un Safari Rally particulièrement éprouvant, ce qui ne fait que souligner la qualité d'une telle performance sur un terrain où il ne s'était jamais rendu. Cette réussite soudaine et tous ces compliments pourraient mettre à mal la progression d'un jeune pilote, mais Adrien Fourmaux a la tête bien sur les épaules.

"J'essaie juste de faire ma carrière, et il y a encore un long chemin à parcourir", souligne-t-il auprès de Motorsport.com. "C'est très agréable d'entendre des mots positifs, mais je veux juste rester concentré, il y a encore beaucoup à faire. Il y a deux ans et demi, je pilotais encore une voiture à deux roues motrices, donc oui, c'est vraiment une belle progression. J'apprends énormément et c'est vraiment important, je continue à m'améliorer."

En plus de son talent au volant, Adrien Fourmaux laisse déjà paraître un caractère sympathique lorsqu'il est hors du cockpit, qui ne pourra que le servir pour fédérer de plus en plus de fans derrière de lui ainsi que pour attirer des sponsors. Ses plaisanteries avec Ogier sur Twitter pendant le Safari Rally en sont un parfait exemple.

"J'essaie d'être moi-même et que l'on parle de moi comme une belle histoire, donc c'est bien", admet-il. "Vous savez, j'ai essayé deux fois de décrocher le meilleur chrono. En Croatie, ça a commencé avec deux deuxièmes temps, puis il s'est passé la même chose au Portugal, et encore au Kenya. J'ai dit à Seb : 'Peux-tu m'en laisser une, c'est toujours toi'. Mais une ou deux spéciales après, je l'ai fait, et j'étais vraiment heureux. C'était une belle histoire, qui plus est sur le Safari."

 

Adrien Fourmaux a aussi prouvé qu'il savait aussi dépasser le cadre purement sportif, lui qui a initié le lancement d'une collecte de fonds pour la Croix-Rouge belge après les inondations qui ont frappé le pays cet été. Réunis, tous ces aspects ont été repérés par ses employeurs, stupéfaits par les performances de leur jeune pilote. Il semble aussi que M-Sport soit en passe de conserver ses services pour l'année prochaine en WRC pour le début de l'ère hybride, que l'équipe abordera avec une Ford Puma dont le développement lui a en partie été confié.

"Le fait est que ça ne fait que quatre ans qu'il s'est assis pour la première fois dans une voiture de rallye, et faire les chronos qu'il a faits est assez exceptionnel compte tenu du peu de temps qu'il a passé dans une WRC", souligne Malcolm Wilson, patron de M-Sport, auprès de Motorsport.com. "L'expérience compte énormément en rallye, donc nous ne nous attendons certainement pas à le voir gagner l'an prochain, mais s'il peut poursuivre la progression que nous avons vue, ça ne devrait pas être long, et j'espère qu'il sera dans le match avec les pilotes plus établis."

Les débuts ont donc été prometteurs, mais comment Adrien Fourmaux peut-il franchir un nouveau cap et devenir un prétendant au podium ? Aux yeux de Loeb, la situation est finalement assez simple. "Je pense qu'il n'a rien de particulier à faire, il faut juste prendre de l'expérience et trouver le rythme", assure-t-il. "Il doit faire son boulot aussi bien que possible, et je suis sûr que ça viendra vite."

Ces mots pourraient s'avérer de mauvais augure pour les rivaux d'Adrien Fourmaux en WRC, car le championnat perdra peut-être un Sébastien l'année prochaine, mais il gagnera un Adrien qui progressera rapidement. Il est encore trop tôt pour dire s'il sera à la hauteur de l'engouement, mais il semble que l'héritage de Loeb et Ogier soit entre de bonnes mains.

 

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