Interview

Être le frère de Marc Márquez, "plus préjudiciable que bénéfique"

Álex Márquez assure ne pas être pressé de faire le grand saut vers le MotoGP, cependant il admet qu'être le frère de Marc Márquez s'avère de toute façon plus un frein qu'un accélérateur en ce sens.

Le vainqueur Alex Marquez, Marc VDS Racing, avec son frère Marc Marquez, Repsol Honda Team

Le vainqueur Alex Marquez, Marc VDS Racing, avec son frère Marc Marquez, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Álex Márquez se trouve tout particulièrement au cœur de l'attention cet été. Victorieux cinq fois depuis le Grand Prix de France, il s'est constitué une avance de 43 points et paraît plus solide que jamais alors qu'il dispute sa cinquième saison dans la catégorie Moto2. Un parcours qui fait du Champion du monde Moto3 2014 l'un des jeunes pilotes les plus cités à l'heure d'évaluer les profils les plus prometteurs pour une accession au MotoGP, et pourtant son heure n'est toujours pas venue et, quoi qu'il advienne cette saison, il a annoncé la prolongation de son contrat avec Marc VDS dans la catégorie intermédiaire.

Lire aussi :

Motorsport.com s'est entretenu avec Álex Márquez entre les manches de Brno et du Red Bull Ring, afin de faire le point sur cette année marquée par d'importants changements pour lui et une progression évidente. L'occasion aussi d'aborder ce lien de parenté parfois encombrant avec celui qui domine la catégorie reine et s'est d'ores et déjà affirmé parmi les plus grands champions de l'Histoire.

T'es-tu déjà senti aussi fort que tu ne l'es actuellement ?

Non, jamais. Il est vrai que 2014 a été une bonne année, celle où j'ai gagné le titre en Moto3, mais j'avais été devancé jusqu'en Aragón. Jamais je ne me suis aussi bien senti avec la moto, à pouvoir la contrôler à la limite, et c'est ce qui me plaît.

Ton frère dit que cette année il voit un autre pilote en toi. Tu partages son opinion ?

Je pense que tout est une question de confiance en soi. L'Allemagne avait toujours été difficile pour moi, parce que j'y suis tombé plusieurs fois sans bien comprendre pourquoi. Cette année, grâce à la moto, à l'équipe et à la confiance que j'ai, j'ai su que je pouvais être devant et ce fut le cas. Je ne peux pas dire que le changement vienne d'un seul élément, mais plutôt de plusieurs éléments conjoints : l'équipe, moi et le travail réalisé à la maison.

On a le sentiment que cette année tu arrives à parfaitement exécuter ta stratégie le dimanche.

La stratégie se déroule bien, mais elle s'établit sur tout le week-end. Le samedi, on se réunit et on essaye de diviser la course en différentes étapes dont on pense qu'elles vont avoir lieu, selon le circuit et les adversaires. Par exemple, au Mugello, je savais que je pourrais battre Lüthi, mais en restant avec lui et en l'attaquant quand cela aurait été le moment. C'est ce que j'ai fait, et quand j'ai vu que ses pneus commençaient à se dégrader, j'ai été le chercher et ça a marché. Mais nous avons souffert sur d'autres courses. En Allemagne, je n'avais jamais été le plus rapide, mais j'ai réussi à passer quand les autres étaient le plus en difficulté.

Lire aussi :

Pour cette saison, tu as apporté plusieurs changements dans le groupe qui t'entoure. Cette stratégie semble très semblable à celle qu'a toujours suivie ton frère, dont l'entourage est immuable.

Cette philosophie que suit Marc est celle que nous recherchons. J'ai fait quatre ans en Moto2 et les choses ne se sont pas passées comme je le voulais, aussi nous avons voulu changer plusieurs choses. Depuis les Pays-Bas l'année dernière, on a commencé à travailler pour faire venir David [García, ancien membre de l'équipe de Dani Pedrosa et son actuel chef mécanicien, ndlr] et pour mettre en place d'autres éléments comme l'arrivée de Joan Olivé [en tant que directeur du team Marc VDS]. Maintenant, tout le monde occupe une position qui lui est naturelle et tout cela s'additionne.

Cette confiance se reflète-t-elle dans les entraînements que tu partages avec ton frère ?

Eh bien, je me suis amélioré, oui. Quand les choses se passent mieux, tout semble plus facile. Physiquement je suis meilleur et quand on obtient de bons résultats dans le championnat, on est plus à l'aise dans tous les domaines.

Podium : deuxième place pour Alex Marquez, Marc VDS Racing

Quand on lui parle de toi, Marc dit toujours que ce n'est pas forcément facile d'être le frère de Marc Márquez.

Quand les choses vont bien, tout est rose et les gens pensent : "Regarde, en fait le frère aussi est bon". Mais quand les choses vont mal, alors on reçoit plus de critiques. De toute façon, que les choses aillent bien ou mal, les gens me voient plus comme le frère que comme celui que je suis. Avec le temps, j'ai appris à vivre avec, mais sincèrement je pense qu'être le frère de Marc a plus de désavantages que d'avantages. Cela aide sur certains aspects et s'avère gênant sur d'autres, mais je dirais que cela est plus préjudiciable que bénéfique. Pas à cause de lui, bien sûr, simplement c'est comme ça.

De toute façon, que les choses aillent bien ou mal, les gens me voient plus comme le frère que comme celui que je suis.

Álex Márquez

Rester une année de plus en Moto2 si tu deviens Champion en est l'illustration la plus évidente ?

C'est la preuve qu'être "le frère de" n'aide en rien. J'ai beaucoup de chance de pouvoir m'entraîner avec lui chaque jour, mais dans une situation comme celle-ci, où il serait naturel de passer au MotoGP, il y a des circonstances qui n'aident pas. Il court avec Honda et les gens pensent que, simplement pour ça, je dois signer avec Honda. Or ce n'est pas le cas.

Les pilotes Moto2 ont tendance à vouloir passer en MotoGP le plus tôt possible. Pour toi, dans ces circonstances, ce ne serait donc pas un problème de rester une année de plus, même en tant que Champion ?

L'angoisse générale de vouloir s'échapper du Moto2 existe, mais ce qui m'a aidé à me l'ôter c'est de me sentir à l'aise. Ce n'est pas pareil d'aller en MotoGP en sachant que si les choses se passent très bien l'objectif est de passer en Q2 et, au maximum, de terminer parmi les huit premiers. Maintenant je suis leader du championnat et j'ai de la pression, mais c'est une très bonne pression parce que je sais que, en conditions normales, je devrais pouvoir me battre pour la victoire. C'est ce qui fait que je ne suis pas pressé. Le fait que je ne me sois pas pressé d'aller en MotoGP est l'illustration la plus évidente du moment que je traverse. Avec cette moto et cette équipe, j'ai suivi un parcours en Moto2, je peux affiner beaucoup de choses et continuer à progresser.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Une offre de pilote d'essais pour Yamaha pose un dilemme à Folger
Article suivant Kalex réagit au départ de KTM : "Personne ne s'y attendait"

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France