Rossi en appelle à de profonds changements chez Yamaha

Rossi a abordé frontalement la responsabilité de Yamaha et de sa direction technique à l'issue du Grand Prix d'Aragón, qu'il a conclu à la huitième place.

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Alors que la victoire a une nouvelle fois échappé à Yamaha ce dimanche, 23 courses se sont désormais écoulées depuis le dernier succès conquis par Iwata : un record depuis l'engagement de la marque dans la catégorie reine ! "J'espère que c'est important pour Yamaha, pour qu'ils réagissent. Peut-être que certains dirigeants vont regarder le chiffre et demander à quelqu'un pourquoi", suggère Valentino Rossi.

En ralliant l'arrivée de la course aragonaise en huitième position, l'Italien a bien rattrapé sa piètre qualification et son départ de la 17e place sur la grille. Pour autant, ses 15 secondes de retard sur le vainqueur et le résultat global très décevant du clan Yamaha ne peuvent en aucun cas le satisfaire, et ce d'autant plus que les conclusions qu'il tire sont les mêmes depuis des mois.

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"Aujourd'hui, ça a été un peu mieux, et ce dès ce matin. Comme hier, on a essayé de faire de gros changements sur la moto et je me suis senti beaucoup mieux, dès le warm-up. Pour la course, on a encore fait de petites modifications et au final elle n'a pas été trop mauvaise pour moi", commente Rossi. "J'ai essayé de faire le maximum. Bien sûr, je suis parti très loin, mais j'ai réussi à maintenir un rythme régulier pendant la course et j'ai pu marquer des points. J'ai pu entrer dans le top 10, alors qu'hier je n'en étais pas certain. C'est comme ça, c'est notre potentiel en ce moment."

Alors que son coéquipier termine une nouvelle fois le week-end très abattu, Rossi reconnaît qu'il est compréhensible de perdre la motivation dans de telles circonstances. "C'est difficile, parce que cela fait un an qu'on est dans cette situation technique. Et c'est même pire maintenant, parce que nos adversaires ont beaucoup progressé – surtout Honda et Ducati, mais aussi Suzuki aujourd'hui, par exemple", constate-t-il. "Je suis un peu plus rapide que l'an dernier parce que j'étais blessé à l'époque […] ; le problème c'est que l'année dernière j'ai terminé cinquième alors que cette année je suis huitième, et Márquez et Dovizioso sont dix secondes plus rapides, alors ils ont beaucoup progressé. Étant donné que nous sommes un top team, c'est difficile de trouver la motivation pour se battre peut-être pour le top 10."

Plus d'avancée notable depuis trois ans

Plus que les problèmes en eux-mêmes, c'est la stagnation qui met aujourd'hui à rude épreuve les nerfs de l'équipe et de ses pilotes. "Le plus préoccupant, c'est que jusqu'à il n'y a pas si longtemps, le test du lundi à Brno était le moment où on testait la M1 pour l'année suivante, mais ça fait deux ans qu'on ne le fait plus..." remarque Rossi.

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Rossi, qui expliquait ce week-end ne pas avoir connaissance des projets de développement du constructeur, note qu'il n'a plus expérimenté de grosse avancée depuis exactement trois ans, soit depuis le test privé d'Aragón en 2015. Trois ans durant lesquels la M1 n'a que peu évolué, et ce sans qu'il existe à ce jour de signe que la situation pourrait s'inverser à court terme. Car lorsqu'il explique avoir testé le prototype du moteur 2019, le Docteur n'est guère encourageant : "Je ne pense pas que ce soit la version finale, en tout cas je l'espère parce qu'il est très similaire [à celui d'aujourd'hui]. J'espère qu'ils vont continuer à travailler, parce que le moteur est un problème, à mon avis. Il faut qu'ils l'améliorent."

Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing
Maverick Viñales, Yamaha Factory Racing

Si les derniers progrès significatifs remontent à 2015, les problèmes pourraient-il venir des pneus Michelin, arrivés entre-temps ? "Il est clair que le problème, ce ne sont pas les pneus, parce que ce sont les mêmes pour tout le monde", répond Rossi. "Mais dans le même temps, notre problème ce sont bien les pneus, parce que pour une raison quelconque nous n'arrivons pas à faire fonctionner correctement le pneu arrière. Notre moto n'extrait pas le maximum de grip du pneu arrière, on stresse trop le pneu et en même temps on est lents. On est lents et on stresse le pneu ! C'est le problème, mais c'est un problème Yamaha, parce que les pneus sont les mêmes pour tout le monde. Les autres constructeurs travaillent mieux sur ce point."

Besoin d'un changement similaire à celui de 2004

S'il a récemment refusé de se prononcer sur les changements nécessaires à la tête du département course de Yamaha, Valentino Rossi aborde désormais la question sans détour. Il fait pour cela appel au passé et à l'époque bénie où le programme était géré par Masao Furusawa, l'un des piliers des succès initiaux du Docteur avec le constructeur qu'il a rejoint après ses trois premiers titres.

"Quand Yamaha m'a engagé, alors que j'étais le pilote le plus rapide, il n'y a pas eu que ça. Derrière, avec l'arrivée de Masao Furusawa, ils ont monté un programme visant à fortement changer ce qui se passait au département course", rappelle-t-il. "Ça a donc été un travail double : ils ont pris le pilote Champion du monde mais ils ont aussi décidé d'opérer des changements assez profonds. À mon avis, pour sortir de cette situation il faudrait faire la même chose, parce que c'est similaire. Je ne crois pas qu'il y ait un problème de pilotes, parce que Maverick et moi sommes rapides et compétitifs, mais il faudrait faire le reste."

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Rossi en appelle à des changements techniques profonds et il aimerait voir les fruits des efforts intenses réalisés à l'usine, à l'instar de ce qu'il a expérimenté lorsqu'il a débuté au guidon de la Yamaha début 2004. "Pendant le premier test, on a essayé la moto normale en Malaisie et j'avais été assez compétitif. Ensuite on a été à Phillip Island deux fois, seuls, et on a testé trois moteurs différents, deux vilebrequins, etc, justement parce que Yamaha n'a pas dit : 'On prend Valentino Rossi, qui est le pilote le plus fort du moment, et il va tout résoudre' ; ils ont dit : 'On prend le pilote le plus fort, on modifie le département course, on place d'autres personnes'. C'était un projet plus vaste, qui a fonctionné car on a gagné quatre titres. À mon avis, c'est ce qui a fait la différence, outre le fait de m'engager."

Par cette prise de parole plus directe, le nonuple Champion du monde espère cette fois une réaction de la part du constructeur, qui ne peut décemment se dérober face à la situation de crise qui s'installe. "Ce qui m'ennuie, c'est que ça fait déjà dix ou 12 fois qu'on parle de ça avec vous. Et avec eux, ça fait au moins 30 fois", note un Rossi qui, lui, évite de peu le fatalisme.

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