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Prêt pour le dernier obstacle à franchir, Iannone raconte son "enfer"

Le pilote Aprilia, qui entend être blanchi par le TAS alors que la contamination alimentaire a été retenue pour expliquer la détection d'une substance prohibée lors d'un contrôle antidopage, revient sur la profonde souffrance qu'il a traversée depuis l'annonce de sa suspension.

Andrea Iannone, Aprilia Racing Team Gresini

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Son recours auprès du Tribunal Arbitral du Sport ne faisait aucun doute depuis le jour où sa suspension a été confirmée pour 18 mois, et désormais Andrea Iannone l'attend de pied ferme, avec détermination et confiance. Blessé par une sanction qu'il juge injuste et par plusieurs mois durant lesquels il a tenté de trouver une façon de s'extirper d'accusations lourdes pouvant d'un coup signifier la fin de sa carrière, le pilote italien ne veut pas en rester là et il a indéniablement une forte colère à investir dans cette dernière phase de son combat.

"Je me sens heureux humainement, et je suis conscient que ça n'est pas fini. On a dépassé le premier obstacle, mais c'est maintenant l'obstacle décisif qui nous attend", souligne-t-il dans les pages de Motosprint. "J'ai une grande confiance, même si je sais parfaitement que ce ne sera pas facile. Je l'affronterai avec la plus grande détermination."

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Andrea Iannone ne cache pas la grande souffrance par laquelle il est passé depuis le 17 décembre. Ce jour-là, la nouvelle de son contrôle positif est tombée comme un coup de massue alors qu'il se rendait au dîner de Noël d'Aprilia, un événement joyeux réunissant les membres de l'équipe et les pilotes accompagnés de leurs proches, et d'autant plus excitant en cette fin 2019 que la nouvelle RS-GP devait être allumée pour la première fois en marge de cette belle journée. C'est de la voix d'un journaliste qu'il a appris ce qui se préparait, avec des rumeurs bientôt confirmées par l'annonce officielle de sa suspension. Des nouvelles qu'il décrit comme "l'enfer".

"Cela a été une journée difficile", raconte-t-il. "Cela aurait été plus facile de l'accepter si j'avais été coupable. J'aurais levé les mains, demandé pardon avec humilité et je serais rentré chez moi. Des bêtises, on en fait dans la vie, on en fait tous et j'en ai fait, mais cette fois non. Si l'on inflige 25 ans à un innocent pour homicide, c'est dur à accepter, et c'est comme ça que je me suis senti. Comme un assassin, sans avoir tué personne."

Dans ce contexte particulièrement rude, Andrea Iannone a rapidement fait le tri de ses soutiens. "Heureusement, j'avais autour de moi des personnes qui m'ont compris et soutenu. On s'est tout de suite activés, on a organisé une équipe très forte entre l'avocat De Rensis, des experts scientifiques et des personnes d'Aprilia Racing pour affronter la situation au mieux. Je suis très fier de cette équipe, et satisfait, car le travail n'était ni facile ni évident."

"Aussi dure qu'ait été cette situation, j'ai réussi à prendre des décisions positives et je crois qu'au final, malgré l'aspect négatif de cet épisode, la souffrance m'a aidé à grandir et à mûrir", poursuit-il. "Disons que cette affaire a mené à un écrémage naturel d'un point de vue humain. J'ai ressenti énormément de force de la part de mes fans, car depuis ce jour-là les gens ont commencé à vraiment beaucoup me soutenir. Je ne m'attendais pas à un soutien aussi grand et cela m'a stimulé pour ne pas baisser les bras. J'ai vécu des journées qui ne sont pas faciles à raconter, des insomnies et des moments où je me retrouvais à parler au téléphone à 5h du matin avec mon avocat, une personne émotive, sensible et qui me considère comme un fils. Cette histoire l'a profondément touché lui aussi."

Andrea Iannone, Aprilia Racing Team Gresini

"Je ne sais pas comment ça va se terminer, mais je n'ai jamais pensé à m'arrêter. J'ai pensé à beaucoup d'autres choses dans les moments sombres, ça oui. Quand je suis dans un état de souffrance, mon caractère fait que j'ai tendance à m'éloigner de ceux qui me sont très proches. J'ai passé des journées à la maison, à Lugano, seul, sans parler à quiconque, par choix parce que je sais que je peux devenir quelqu'un de très difficile à vivre dans ces moments-là et ça ne me plait pas."

Peu de soutien parmi les pilotes

Du côté des pilotes, rares ont été ceux qui ont pris de ses nouvelles. "Jorge Lorenzo et Maverick Viñales m'ont appelé, et ce sont peut-être ceux que je connais le moins par rapport à d'autres. Mais je ne veux pas polémiquer", assure Iannone, qui ne cesse par contre de remercier Aprilia. "Ils ne m'ont jamais laissé tomber, ils ont toujours cru en mon innocence. Cela aurait été beaucoup plus simple pour eux de me laisser sans guidon et de prendre un autre pilote. Il y en a beaucoup qui prendraient ma place."

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"L'appel d'Aprilia Racing pour faire les photos officielles montre à quel point ils tiennent à moi. Et ce sont de grands gestes que j'aurai du mal à oublier. Peut-être que d'autres n'y accordent pas d'importance, mais pour moi cela veut dire beaucoup", souligne le pilote italien, qui n'a toutefois pas souhaité faire de vieux os à Losail après ce shooting, en février. Car, lorsque Massimo Rivola lui a demandé de rester un jour de plus afin d'assister aux essais, il révèle qu'il l'a prié pour prendre le premier vol et rentrer en Europe.

"Me trouver dans un contexte dans lequel je n'étais pas protagoniste, sans pouvoir monter sur une moto sur laquelle nous avons travaillé durant toute une saison et qui semble née avec un grand potentiel, c'était vraiment une souffrance. Un peu comme voir sa femme coucher avec un autre sous ses propres yeux. C'est le pire que l'on puisse imaginer. J'ai ressenti un peu de jalousie et j'ai donc préféré m'éloigner", admet le pilote. Un éloignement qu'il met à profit pour se reconstruire et préparer sa défense en vue de l'ultime recours qu'il lui reste, le TAS.

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