Actualités

Crutchlow a quitté Ducati parce qu'ils avaient signé Iannone

Six ans après son départ précipité de Ducati au bout d'une année de contrat seulement, l'Anglais révèle que c'est l'arrivée prochaine d'Andrea Iannone qui l'a poussé à rejoindre le clan Honda. Il se remémore aujourd'hui son passage chez les Rouges et établit un parallèle avec ce qu'a connu Jorge Lorenzo.

Cal Crutchlow, Ducati Team

Ducati Corse

Arrivé en MotoGP en 2011, Cal Crutchlow a rapidement confirmé la pointe de vitesse affichée dans les dérivées de la série. Avec la Yamaha satellite du team Tech3, on l'a vu obtenir deux podiums en 2012, puis quatre autres en seulement cinq courses lors de sa troisième année : des performances qui ont attiré l'attention de Ducati, qui lui a proposé un contrat dans l'équipe officielle pour 2014.

Une fois en rouge, Crutchlow n'a toutefois pas réussi à s'adapter à la Desmosedici, avec laquelle il n'a réussi qu'à monter une fois sur le podium, sous la pluie d'Aragón. Et encore, il s'agissait d'une troisième place, la deuxième lui ayant échappé sur la ligne d'arrivée à l'issue d'un combat acharné avec Aleix Espargaró, doté seulement d'une CRT Forward Yamaha. Mais lorsqu'il a soulevé ce trophée, l'Anglais avait déjà renoncé à rester pour une deuxième année, son départ ayant été annoncé près de deux mois plus tôt, en même temps que son transfert sur la Honda satellite du team LCR.

Depuis, la version des faits qui a prévalu est celle d'un Crutchlow radical face à une Ducati indomptable, qui aurait préféré renoncer à un guidon officiel au lieu de s'entêter. Or le Britannique donne une explication quelque peu différente, révélant que l'arrivée promise d'Andrea Iannone, couplée au contrat 2015-2016 signé par Andrea Dovizioso en juillet cette année-là, l'empêchait de se projeter sur le long terme avec Borgo Panigale. C'est dans ce contexte qu'au cœur de l'été 2014 il a décidé de changer d'orientation et de ne pas faire valoir son option pour une seconde saison.

Lire aussi :

"J'aurais pu être rapide avec Ducati, c'est certain. Du début à la fin de l'année, je n'ai pas eu de doutes quant au fait que j'aurais pu m'adapter et être rapide", a expliqué Cal Crutchlow dans une interview accordée à la journaliste indépendante Marieta Evans. "Si l'on regarde la première année de Dovizioso chez Ducati, il a vraiment souffert et il a eu la volonté de l'accepter. Je n'ai pas eu cette envie de l'accepter au début de l'année, or j'aurais dû."

"Mais la raison pour laquelle je suis parti, ce n'est pas que je ne pensais pas pouvoir gagner ou être compétitif, mais parce qu'ils avaient déjà signé un autre pilote dans l'équipe d'usine pour l'année suivante. Si j'avais continué avec Ducati pour ma deuxième année, je [savais] déjà que je n'aurais pas pu avoir de contrat par la suite quoi qu'il arrive, parce qu'ils avaient prolongé Dovi et signé avec Iannone. C'était la réalité, et j'ai donc choisi de partir chez Honda."

"J'ai malgré tout passé de très bons moments chez Ducati. L'équipe technique, celle qui était sur les circuits et aussi à l'usine, était super", assure l'Anglais. "Ça a juste été difficile pour moi de m'adapter à la Ducati en venant de la Yamaha, comme pour Dovi, Valentino [Rossi] ou Jorge [Lorenzo] : la première fois, c'est une moto très différente. On n'a pas pu voir ce que ça aurait donné, mais je crois vraiment que j'aurais été compétitif. Je l'étais d'ailleurs à la fin de l'année. Je pense en tout cas que cela m'a rendu plus fort en tant que pilote et il ne fait aucun doute que j'ai réussi à beaucoup apprendre cette année-là."

Cal Crutchlow et Aleix Espargaro

Lorenzo se serait adapté à la Honda, comme à la Ducati

Le parallèle avec Jorge Lorenzo ne s'arrête pas aux difficultés initiales pour s'adapter à la Desmosedici quand on a précédemment piloté la M1. Car, si le Majorquin est bien allé au bout de ses deux ans de contrat, il s'est vu montrer la porte lorsque Ducati a recruté dès le printemps 2018 celui qui serait son remplaçant en 2019, Danilo Petrucci. Un mauvais tour du hasard a fait que c'est juste après cette décision que le #99 a trouvé le chemin de la victoire avec la machine italienne, alors qu'il avait entre-temps signé avec Honda pour l'année suivante, donnant ironiquement une leçon d'adaptation dont s'inspirent d'autres pilotes aujourd'hui.

Une fois au HRC, cependant, Lorenzo a connu d'autres difficultés, plus lourdes encore, et il a cette fois décidé de ne pas aller au bout de son engagement. Blessé et échaudé par une RC213V qu'il ne comprenait pas, il a requis la rupture de son contrat au bout d'une saison. Pour Crutchlow, cela ne fait aucun doute : l'Espagnol aurait pu réussir à s'adapter s'il s'était donné un peu plus de temps et si de lourdes chutes n'avaient pas laissé d'aussi grands stigmates.

Lire aussi :

"Toutes les motos sur la grille ont leurs propres points forts et il faut les exploiter pour les piloter, mais il faut aussi composer avec les faiblesses", souligne Crutchlow. "La première année, il m'était assez difficile de comprendre la Honda. J'ai plutôt bien piloté et obtenu de bons résultats, mais il faut comprendre ce que l'on pilote et avoir vraiment envie de la pousser. La Honda est une moto avec laquelle il faut vraiment piloter de manière assez agressive et il faut la pousser très fort pour aller vite. J'ai appris cela beaucoup plus la deuxième année."

"Je pense que s'il était resté, Jorge se serait adapté, mais les pilotes moto sont impatients, ils veulent trouver les sensations, ils veulent gagner. Si l'on est un gagnant, comme l'est Jorge Lorenzo, et que l'on a du mal à finir dans le top 10… je comprends sa situation. Il faut avoir envie de piloter la Honda très manuellement et de la pousser très fort, or après les chutes qu'il a eues à Barcelone et Assen, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir ensuite roulé aussi fort qu'avant, parce qu'il s'agissait de chutes énormes", rappelle-t-il. "Les deux fois, il est probablement tombé en quatrième, or quand on ne comprend pas la moto, pourquoi c'est arrivé, à quoi on peut lier cela dans ce que l'on a vécu au fil des années... Franchement, Jorge est cinq fois Champion du monde, il sait comment piloter une moto. Il est très talentueux, c'est l'un des meilleurs que l'on ait eus en MotoGP, alors je pense qu'il aurait fini par bien faire, mais malheureusement on n'a pas eu l'occasion de le voir."

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Reprise du MotoGP : des chances de 8,5/10 pour un Poncharal optimiste
Article suivant Poncharal pressent une crise plus dure et plus longue qu'en 2008

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France