Après la 905 et McLaren, le sorcier des pneus aide Glickenhaus

Appelé en renfort par un certain Romain Dumas, Vincent Barthe est devenu l'homme de confiance de Glickenhaus et de ses pilotes lorsqu'il s'agit de pneus. Portrait d'un passionné qui a connu plus d'un programme victorieux aux 24 Heures du Mans.

Vincent Barthe, consultant technique pneumatique, Glickenhaus Racing

Photo de: Rainier Ehrhardt

B.D., Le Mans - Dans un paddock aussi vaste que celui des 24 Heures du Mans, les histoires se comptent par milliers. En poussant la porte – en fait grande ouverte – du stand Glickenhaus, c'est un personnage à part que nous avons rencontré. À 65 ans, Vincent Barthe a repris du service, "sorti de sa retraite" par un Romain Dumas qui savait sur qui compter pour continuer à faire grandir le projet rêvé par Jim Glickenhaus. Il faut dire que les deux hommes ont "une relation particulière depuis bientôt 20 ans", héritée d'une longue collaboration chez Porsche. "Je suis le premier à aller le voir et lui demander si ce que j'ai fait allait ou pas", confie Romain Dumas. "Pareil pour lui, je peux lui dire que je veux un peu plus ça ou que ça a un peu foiré là. On ne se cache rien, c'est bien."

Vincent Barthe est le consultant technique pneumatique de Glickenhaus, équipe qu'il a rejoint cette saison pour l'enrichir de ses précieuses connaissances et d'une expérience impressionnante. Car le passé de cet homme si vite attachant lorsque l'on échange avec lui en dit long : aux 24 Heures du Mans, il a toujours occupé le même rôle, au sein de projets majeurs… et souvent victorieux.

"Au Mans, mon premier projet, c'est vraiment la Peugeot 905", raconte-t-il à Motorsport.com. "Après il y a eu le projet Toyota, juste après la 905. Et puis j'ai démarré tout le projet McLaren/BMW avec la GT. En 1998 j'ai redémarré le programme Williams avec le V12 BMW. Je suis rentré directement chez Porsche, où j'ai passé 15 ans de ma carrière, avec à chaque fois le même rôle. Dans toutes les équipes que j'ai faites, j'ai été de plus en plus impliqué, du fait de l'expérience, du fait de ne pas être un garçon facile non plus ! J'ai horreur de perdre ! Il y a pas mal de victoires, et ça fait chaud au cœur : on ressent le travail bien fait, pas à la perfection car rien n'est parfait, mais c'est l'aboutissement d'un travail qui a payé."

Décontracté mais professionnel

En acceptant de mettre sa précieuse expérience au service de Glickenhaus, Vincent Barthe évolue dans l'environnement d'une équipe où sa voix compte, et où il est très écouté des pilotes. Ses responsabilités à l'ombre du stand sont énormes : il est en charge de la gestion pneumatique sur la piste, des choix de pneus en fonction des conditions météo, des pressions, de la gestion des températures de chauffe.

La Glickenhaus #709 dans son stand au Mans.

La Glickenhaus #709 dans son stand au Mans.

"C'est une équipe jeune, une belle équipe, avec beaucoup de potentiel", insiste-t-il. "Bien sûr, il y a beaucoup de choses à améliorer encore, c'est comme partout. Il y a toujours quelques points à améliorer, mais ça se met en place tout doucement, l'équipe grandit, il n'y a pas de loup majeur. Ça manque un tout petit peu d'organisation, mais c'est parce que c'est une équipe toute jeune avec un peu de manque d'expérience. Ils sont très motivés, ça c'est sûr. C'est ce qui fait le charme d'une écurie professionnelle mais qui reste quand même avec des points à améliorer pour grandir encore un peu plus."

"Il y a quelques personnes qui travaillent à l'heure actuelle chez Glickenhaus et que j'ai connues chez Joest avec le LMP1 Audi, que j'ai retrouvées chez Porsche, et puis avec qui je m'entends très bien. Ils m'ont demandé de filer un coup de main parce qu'ils étaient un petit peu juste en termes de connaissance et de gestion pneumatique. J'ai dit oui, pourquoi pas. Ce sont des gens que j'apprécie beaucoup. L'atmosphère est plus décontractée [que dans un team d'usine, ndlr], Jim Glickenhaus est un monsieur passionné, qui s'intéresse à tout ce qui se passe. Par rapport à une équipe d'usine, à ce que j'ai vécu avec Porsche, McLaren ou Peugeot, il y a encore deux ou trois petites marches à franchir pour pouvoir atteindre ce niveau. On n'en est vraiment pas loin."

On a une responsabilité, on fait rouler des gamins à 300 km/h, il faut faire attention.

Vincent Barthe

Quand il évoque les pilotes et les relations de confiance à entretenir avec eux, l'émotion est palpable dans les yeux comme dans le ton de Vincent Barthe. Ces pilotes, il les appelle affectueusement "mes gamins", conscient qu'il est aussi du poids qui repose sur ses épaules vis-à-vis d'eux. "On ne fait pas Le Mans ou on ne gagne pas une course comme ça, ce n'est pas un boulot comme les autres", prévient-il. "On a une responsabilité, on fait rouler des gamins à 300 km/h, il faut faire attention."

Vincent Barthe veillait déjà sur les pneus de la Peugeot 905 dans les années 90.

Vincent Barthe veillait déjà sur les pneus de la Peugeot 905 dans les années 90.

Si "un pneu reste un pneu", le métier a évidemment évolué au fil des progrès technologiques. Ce qui marque le plus Vincent Barthe, c'est l'endurance des gommes aujourd'hui. "Il y a des années, la 905 par exemple, on ne faisait qu'un relais, ou un relais et demi", raconte-t-il. "Il fallait faire attention, car un pneu au Mans, il est quand même soumis à des grosses sollicitations en termes de charge, en termes de vitesse. Avec la 905 on ne faisait qu'un seul relais. Dans les années Audi, on arrivait à faire trois, quatre ou cinq relais, on ne jouait plus dans la même cour."

Vincent Barthe aurait 1000 autres histoires à nous raconter, mais la nostalgie ne l'ébranle pas. C'est le présent qu'il écrit avec Glickenhaus, poussé par la passion qui le caractérise et par la confiance placée en lui qui ne se dément pas. "Il faut qu'on ait un mec dont on soit sûrs qu'on peut s'appuyer sur lui quand on demande quelque chose", résume Romain Dumas. "Son expérience est juste importante. De toute manière, ces courses d'Endurance, c'est un esprit d'équipe. Quand on arrive à avoir tout ça, en plus d'avoir des gens de qualité, c'est ce qu'il faut essayer en tout cas d'avoir."

L'avenir proche nous dira si Vincent Barthe aura le grand bonheur ce week-end au Mans de vivre à nouveau une de ces victoires qui lui font si chaud au cœur.

Avec Benjamin Vinel

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