Comment la crise sanitaire a déclenché une saison passionnante

Le retour de la Formule 1 en Autriche ce week-end s'effectue dans des circonstances extrêmement différentes de sa dernière visite à Spielberg, lorsque la F1 faisait son retour après l’arrêt des compétitions au printemps 2020. Mais l’année de sacrifices que la F1 a dû traverser a finalement débouché sur la saison la plus passionnante de l'ère hybride.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B, dépasse Lewis Hamilton, Mercedes W12

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Il est difficile de réaliser à quel point la situation de la Formule 1 est différente aujourd'hui par rapport à la dernière fois qu'elle s'est présentée en Autriche. Rembobinez 12 mois en arrière : le Red Bull Ring ouvrait une saison pleine d’incertitude et de craintes.

La pandémie de COVID-19, et plus particulièrement le confinement, a laissé le championnat dans sa plus grande crise depuis des décennies. Si les propriétaires de la F1, Liberty Media, et l'instance dirigeante, la FIA, ont pu résister à la tempête déclenchée par le manque de revenus lié à l'absence de courses, il en a été autrement pour les équipes. Les structures les moins bien loties, en particulier, ont dû se battre pour survivre. Seuls des prêts, de nouveaux investisseurs ou une aide des détenteurs de droits commerciaux pouvaient les maintenir en vie avant que le spectacle puisse reprendre. Mais même avec le retour des Grands Prix, il était clair que les choses ne pouvaient pas rester comme elles étaient avant la crise sanitaire.

Si les équipes avaient été libres de dépenser à leur guise, cela aurait déclenché le chaos. Au final, il ne resterait que quelques gros bonnets, les autres se dirigeant vers la sortie après avoir été évincés du marché. C'est pourquoi Jean Todt, président de la FIA, et Chase Carey, alors PDG de la F1, ont travaillé si dur au début de l'année 2020 pour s'assurer que la F1 mette en place ce que l'on a appelé le "New Deal". Le résultat final a été un cadre de réduction des coûts spectaculaire, un niveau de plafonnement des dépenses, et une multitude de règlements techniques – comme la reconduction des châssis de 2020 à 2021 – qui ne ressemblaient à rien de ce que la F1 avait vu auparavant. Mais alors que la F1 est arrivée en Autriche meurtrie par l'impact de la pandémie, une double manche a posé les bases pour qu'elle reprenne confiance en elle.

 

Les événements ont fourni le tremplin dont la F1 avait besoin pour retrouver sa confiance, et l'achèvement d'une saison aussi complète que possible a prouvé que le pire était derrière elle et que l'avenir était beaucoup plus certain.

Néanmoins, lorsque la F1 a quitté l'Autriche après le Grand Prix de Styrie de l'année dernière et les victoires consécutives pour une équipe Mercedes qui était dans une classe à part (malgré les problèmes de fiabilité de la première manche), il aurait été difficile de prédire à quel point la grille serait différente 12 mois plus tard à son retour. Nous avons entre les mains l'un des face-à-face entre équipes et pilotes le plus serré depuis des années. Difficile de départager Lewis Hamilton et Max Verstappen, tant les victoires en course sont décidées par les plus petites circonstances, qu’il s’agisse de la chance, de la stratégie ou des erreurs imprévues.

Mais quelque chose de tout à fait remarquable s'est également produit au cours des 12 derniers mois. La grille entière s'est resserrée : le peloton n'a peut-être jamais été aussi serré et compétitif qu’à l'heure actuelle. Après les deux saisons tellement prévisibles de 2017 et 2018, où les trois premières équipes (Mercedes, Red Bull et Ferrari) ont occupé les places sur le podium pendant toutes les courses sauf deux (Bakou 2017 avec Lance Stroll et Bakou 2018 avec Sergio Pérez), les choses sont maintenant beaucoup plus équilibrées.

AlphaTauri et Racing Point ont remporté des victoires, et seules Alfa Romeo, Haas et Williams n'ont pas réussi à monter sur le podium au cours des deux dernières saisons.

 

Et si la F1 est loin d'être parfaite (les voitures ne sont toujours pas assez proches les unes des autres en raison de l'aérodynamique et des pneumatiques, et l’écart entre les deux premiers et les autres reste trop important), la F1 est bel et bien en bonne santé avant le passage à sa nouvelle ère en 2022.

Lorsque l'on examine en profondeur les raisons pour lesquelles les choses sont si serrées en ce moment ainsi que les éléments qui ont rapproché le peloton, on peut remonter au début de la pandémie de COVID-19. Les limites de développement et le report des voitures "nouvelle formule" ont déclenché un ensemble de règles où les performances des Mercedes et des Red Bull ont convergé.

L'écurie de Brackley n'avait aucune chance de faire le grand pas qu'elle fait habituellement pendant l'hiver avec une toute nouvelle voiture, tandis que Red Bull a pu éviter le démarrage compliqué qu’on lui connaît depuis quelques années. Ajoutez à cela les décisions difficiles que les deux équipes ont dû prendre en raison du plafonnement des coûts, et vous obtenez la recette pour un début de saison imprévisible.

Les dépenses ont dû être réduites, des licenciements douloureux ont été imposés et les gros coûts pour gagner quelques millièmes ont été bloqués. L'efficacité est le mot d'ordre et cela a permis de maintenir une certaine égalité entre les deux équipes. En observant le déroulement des Grands Prix, il n'y a pas eu de cas où l'un des deux pilotes a utilisé une grosse évolution, ce qui était habituellement le cas par le passé. Les développements sont beaucoup plus subtils et les combats entre équipes beaucoup plus serrés.

Le plafonnement des coûts a également permis de garantir une grille complète qui a survécu à la crise et qui est aujourd'hui en bien meilleure forme qu'elle ne l'a été depuis un certain temps. Un autre facteur à prendre en compte est le fait que la pandémie a changé les mentalités et a peut-être suscité un désir de maximiser les opportunités qui n'existaient pas auparavant.

 

Christian Horner, le patron de l'équipe Red Bull, a cité cet aspect dans la façon dont Red Bull a réagi à l'idée de renverser Mercedes. 

"Je pense que c'est juste un témoignage de la façon dont l'équipe a travaillé dur, au cours des 12 derniers mois et en particulier pendant la pandémie", a-t-il déclaré, revenant sur la manière dont son équipe a remporté la victoire au Paul Ricard, un circuit où Mercedes a été si dominante dans le passé. "Quand vous regardez la domination de leur voiture [Mercedes] l'année dernière, n'oublions pas que 60% de la voiture a été conservée, c'est le même châssis qui leur a permis de gagner toutes ces courses l'année précédente. Je pense donc que l'équipe a fait un travail phénoménal et nous devons continuer sur cette lancée, car Mercedes est une équipe tellement forte. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne rebondissent. Mais nous devons simplement continuer à faire ce que nous faisons."

Pour la F1, l'état actuel des choses correspond tout à fait aux grandes ambitions que Todt avait formulées lorsqu'il a agi il y a un an pour sauver la compétition. Alors qu'il se préparait à faire tout ce qu'il pouvait pour s'assurer que le sport automobile puisse survivre à la pandémie, il a laissé entrevoir l'espoir qu'il pourrait y avoir des aspects positifs à en tirer.

"Dans chaque désastre, dans chaque crise, vous avez beaucoup de mauvais mais aussi du bon", a-t-il déclaré l'année dernière avant la reprise de la F1. "Donc, parmi les points positifs, il y a l'opportunité d'améliorer les choses pour l'avenir. Et principalement en Formule 1, nous avons atteint certains sommets [avec les coûts] qui, pour moi, ne sont pas raisonnables et que nous devons aborder."

Alors que la F1 se prépare à une nouvelle bataille épique en cette saison des plus spectaculaires, il semble que l'ambition de Todt ait été réalisée.

 

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