La concurrence entre Bagnaia et Bastianini, "un bon problème à gérer"

La compétition s'annonce intense au sein de l'équipe Ducati officielle entre Pecco Bagnaia et Enea Bastianini, mais la marque italienne souhaite avant tout voir le positif d'un tel binôme. Elle prend la situation comme "un luxe" et compte sur l'émulation interne.

Francesco Bagnaia, Ducati Team, et Enea Bastianini, Gresini Racing

Francesco Bagnaia, Ducati Team, et Enea Bastianini, Gresini Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Ducati aura longtemps hésité entre Jorge Martín et Enea Bastianini, faisant durer le suspense une grande partie de la saison dernière, mais a finalement décidé d'aligner un line-up 100% italien dans son équipe d'usine en choisissant de promouvoir celui qui courait pour le team Gresini aux côtés de Pecco Bagnaia en 2023. La symbolique est belle et la marque a sur le papier toutes les clés en main pour triompher à nouveau comme elle l'a fait en 2022, où elle a raflé toutes les récompenses, que ce soit avec son équipe officielle ou ses teams satellites, en plus d'avoir multiplié les records.

Bagnaia et Bastianini ont été, avec Fabio Quartararo et Aleix Espargaró, les leaders du championnat la saison passée. Le duo italien compte néanmoins le plus de victoires en s'étant partagé la moitié des succès de l’année − sept pour Bagnaia et quatre pour Bastianini −, auquel s'est ajouté celui de Jack Miller au Japon, portant à 12 le nombre de victoires de Ducati.

L'Australien a pris le chemin de KTM, mais l'alchimie qui s'était créée entre lui et Bagnaia sera regrettée au sein du box. Les deux hommes sont en effet liés par un grand respect mutuel et une sincère affection, qui remontent à leurs deux années en commun au sein de l’équipe Pramac, où Miller avait vu débuter Bagnaia. Une fois promus dans l'équipe officielle, la hiérarchie s'est naturellement mise en place, l'Italien prenant le rôle de leader en commençant à gagner fin 2021 et son coéquipier acceptant de faire le jeu de l'équipe.

"En un sens [la relation va évoluer] parce que celle que Pecco et Jack avaient était très particulière. Jack était déjà chez Pramac quand Pecco est arrivé comme rookie et je pense que cela a aidé. Ils ont des caractères fantastiques et ça a aidé à ce qu'ils aient une relation spéciale. On ne voit pas souvent ce genre de relation et nous étions heureux que ce soit le cas", soulignait Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse, au site officiel lorsque le binôme a terminé son aventure commune.

La situation s'annonce complètement différente avec Bastianini, le jeune Italien ayant montré l'année dernière qu'il n'était pas là pour faciliter la vie du leader de la marque. Si celle-ci a toujours nié avoir instauré des consignes d'équipe entre ses pilotes, elle a en revanche demandé à ce qu'aucun d'eux n'entreprenne quoi que ce soit de trop risqué contre Bagnaia, une fois celui-ci clairement lancé en quête du titre. C'est ainsi que l'on a vu des pilotes comme Johann Zarco ou Marco Bezzecchi préférer ne rien tenter sur certaines courses, de peur que leurs manœuvres aient de lourdes conséquences.

Pecco Bagnaia, Enea Bastianini et Jack Miller, en première ligne du GP d'Autriche.

Pecco Bagnaia, Enea Bastianini et Jack Miller, en première ligne du GP d'Autriche.

Bastianini n'a de son côté jamais hésité, livrant trois superbes duels face à Bagnaia, à Misano, en Aragón et surtout en Malaisie, où la tension a atteint son paroxysme alors que le #63 détenait sa première balle de match pour être titré. Certaines manœuvres de Bastianini ont pu être perçues comme un peu trop agressives par les dirigeants de Ducati, mais le spectacle final n'en a été que plus beau.

Seulement la tension en course risque de monter d’un cran l'an prochain, maintenant que Bastianini a un statut officiel et qu'il va percevoir des enjeux plus importants. Si Ducati a déjà cherché à apaiser le duel qui se profile, la marque estime toutefois disposer de "l'équipe la plus forte en MotoGP en 2023" et compte en tirer tout le positif.

"Certaines personnes pourraient penser que nous aurons une situation difficile à gérer. Je pense que c’est un luxe d’avoir dans la même équipe le Champion du monde et le troisième du championnat, l’un qui a gagné quatre courses et l’autre sept. À eux deux, ils ont remporté plus de 50% des Grands Prix [en 2022]. Je pense que c’est un bon problème à gérer", a assuré Ciabatti à Motorsport.com. "Je pense, ou du moins je l'espère, que nous avons ce qu’il faut pour gérer la situation, [de sorte qu'il y ait] une juste concurrence entre deux compétiteurs au sein du même box."

"Mais je ne demande pas à ce que des coéquipiers soient amis, et je pense que la situation de Pecco et Jack ne pourra pas se répéter. C'est l'une de ces relations spéciales qui naissent du caractère des deux pilotes, et Jack était déjà là quand Pecco est arrivé. Je pense donc qu'il l'a aidé, et c'est un gars sympa. [En 2023], nous aurons deux pilotes qui veulent gagner le championnat. Je pense que nous saurons gérer la situation."

"Nous avons juste besoin qu'ils travaillent ensemble, dans le sens où l'on partage toujours les données entre tous les pilotes Ducati, y compris les pilotes satellites. Nous n'avons pas besoin qu'ils soient les meilleurs amis, mais qu'ils se respectent. Nous n'avons pas d'inquiétude à cet égard", a-t-il ajouté auprès du site officiel.

"Une bonne stimulation"

S'ils parviennent à rendre leur compétition positive, les deux Italiens devraient se révéler redoutables, d'autant plus que la Desmosedici est à l’heure actuelle la moto la plus performante du plateau. Bastianini a assuré vouloir faire aller le binôme dans le bon sens, mais ses résultats pourraient apporter leur lot de tensions. "Il est important qu'on s'entende bien, parce qu'il faut qu'on travaille longtemps ensemble, et puis on doit développer une moto qui nous fait aller vite tous les deux. Donc il faut qu'on soit d'accord et qu'on fasse les choses avec sérénité", a-t-il déclaré.

L'ancien pilote Gresini le sait, avant de battre son coéquipier, il lui faudra gagner en régularité. S'il a marqué la saison dernière en s'imposant à quatre reprises et en montant deux fois de plus sur le podium, il n'a pas suffisamment évolué aux avant-postes le reste du temps. Lors de ces 14 autres courses, il n'a terminé qu’à trois reprises dans le top 6 et a comptabilisé beaucoup de contre-performances. De son côté, Bagnaia a connu de grandes difficultés en début de saison mais a enchaîné huit podiums en dix courses une fois tout cela mis derrière lui, ne commettant de réelle erreur qu'au Japon.

Partager le box du Champion du monde en titre, qui a survolé la catégorie lors de la seconde partie de la saison, peut aussi se révéler être un atout pour Bastianini, qui espère en tirer tous les enseignements possibles pour parvenir à le battre. "C'est une bonne stimulation. Je ne sais pas comment le dire, mais peut-être que ça va me pousser à donner un petit quelque chose en plus. Je suis content que Pecco soit devenu Champion du monde, il le mérite, mais je serai content aussi si un jour j'arrive à le battre."

Propos recueillis par Lewis Duncan

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