CFD et soufflerie : comment Ducati affine ses secrets aérodynamiques
Avant le verdict de la piste, la minutieuse recherche aérodynamique sur les Desmosedici de Dovizioso et Petrucci se passe en deux temps, avec d'abord une étude basée sur le CFD, puis des vérifications dans la soufflerie de Dallara, en Italie. Explications.
Photo de: Gabriele Testi
Les secrets de l'aérodynamique, Edoardo Lenoci les a découverts avec le Français Jean-Claude Migeot, désormais retraité après avoir géré pas moins de deux souffleries (Aerolab et Fondtech) qui œuvrent auprès d'équipes F1 et du WEC.
Aujourd'hui, Lenoci est responsable de l'aérodynamique chez Ducati Corse. Il a rejoint l'équipe de Borgo Panigale il y a six ans, ayant attisé – avec Alessandro Aquili – la curiosité de Gigi Dall'Igna grâce à des idées et des solutions qui, peu à peu, sont en train de modifier la silhouette des MotoGP et leurs performances.
Au fil du temps, la Ducati est devenue la référence en matière d'aérodynamique et, chaque année, ses adversaires l'étudient sous toutes les coutures. En novembre dernier, à nouveau, l'équipe italienne a fait office de pionnière en plaçant des appendices aérodynamiques sur le train arrière de la moto qu'elle testait à Jerez. Cette nouveauté était cependant absente de la Desmosedici GP19 présentée il y a deux semaines en Suisse, et d'après Gigi Dall'Igna elle ne sera pas réutilisée de sitôt. "Je ne crois pas que nous le reverrons sous peu", a-t-il fait savoir. "C'est une partie sur laquelle nous menons des analyses techniques et je ne crois pas qu'elle soit mûre pour être déjà appliquée sur la moto."
Plus généralement, la machine officiellement présentée à la presse n'a rien montré de révolutionnaire, mais lorsque l'on sait que sa version définitive ne se verra qu'au Qatar, lors du dernier jour du test qui précèdera le début du championnat, il est difficile de comprendre si elle cachait son jeu ou pas. Une chose est certaine, Ducati dit vouloir "partir d'une base analogue à celle de l'année dernière en ce qui concerne la charge aérodynamique de la moto", puis prévoit de diluer dans le temps l'introduction de ses trouvailles, après une préparation minutieuse en coulisses.
Il se passe en effet bien des choses avant que l'on voie apparaître une nouveauté en piste, avec notamment un passage en amont par une soufflerie. Le constructeur utilise en l'occurrence la soufflerie la plus petite parmi les deux disponibles chez Dallara, à Varano de' Melegari, à une heure environ de Borgo Panigale. C'est là également que sont étudiées les Haas en F1 mais aussi des voitures engagées sur les 500 Miles d'Indianapolis ou encore aux 24 Heures de Daytona.
Mais avant même qu'une solution soit mise à l'étude en soufflerie, elle doit avoir été validée précédemment grâce au CFD, la mécanique des fluides par ordinateur. Lenoci et Aquili simulent alors grâce au calcul de la dynamique des fluides ce qui sera ensuite expérimenté grandeur nature, en résolvant à l'aide de méthodes numériques très avancées les complexes équations qui gouvernent le champ de mouvement autour de la moto, le tout en tenant compte de la mobilité du pilote et de son propre impact sur cette dynamique.
Ducati ne s'en cache pas, il s'agit de plus en plus de transposer les expériences beaucoup plus poussées de la F1 au MotoGP et, à en juger par les résultats que le constructeur est parvenu à obtenir, ce filon de recherche est très fertile et mérite d'être analysé avec soin…
"Nous avons mis en place une méthode de recherche inspirée précisément de mes expériences précédentes en F1", explique Edoardo Lenoci, "et utilisé des instruments spécifiques qui nous permettent d'évaluer de nouvelles solutions. La recherche intervient plus en CFD qu'en soufflerie. Par rapport à il y a cinq ans, lorsque nous avons commencé à traiter l'aérodynamique, de grands progrès ont été accomplis, et pas uniquement en matière d'ailerons ou de carénage."
On peut avoir le sentiment que Ducati a dans son chapeau des solutions qui pourraient lui permettre d'augmenter la charge aérodynamique, malgré les limites posées par le règlement 2019, car l'objectif n'est pas uniquement d'œuvrer à la poussée verticale mais aussi d'améliorer l'efficacité afin de réduire les résistances vers l'avant.
Durant la présentation de la GP19, des images plutôt intéressantes ont été projetées sur écran, des rendus du CFD permettant d'observer quelles peuvent être les turbulences polluant l'avancée des fluides et qui laissent penser que l'on pourrait voir apparaître sur la Ducati des générateurs de vortex servant à réduire ces blocages aérodynamiques. Si cela sert à l'augmentation de la vitesse de pointe, la consommation de carburant pourrait par ailleurs être réduite (la limite est fixée à 22 litres par course) pour le quatre cylindres qui, à entendre le responsable moteur, Davide Barena, a encore progressé afin de garantir à Ducati son leadership indiscutable dans ce domaine.
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