La F1 doit faire des voitures pour rouler sous la pluie, selon Todt

Jean Todt, le président de la FIA, estime que les prochaines générations de Formule 1 devront permettre à la discipline de courir plus aisément dans des conditions humides, pour éviter des épisodes comme celui du Grand Prix de Belgique.

En août dernier, la course du Grand Prix de Belgique de Formule 1 a été grandement perturbée par des conditions très pluvieuses du côté de Spa-Francorchamps. À tel point que les pilotes n'ont pu faire que quelques tours sous régime de voiture de sécurité avant que l'épreuve ne soit définitivement interrompue, le résultat étant officiellement entériné avec un seul tour parcouru et la moitié des points en jeu attribués.

La colère qui a suivi cette course, où il a surtout été reproché aux instances d'avoir longtemps fait perdurer une situation d'attente pour finalement valider coûte que coûte une épreuve où aucun tour compétitif n'a pu se tenir, a provoqué des réactions de la part des figures de la discipline. Celles-ci ont principalement mis l'accent sur le fait que la sécurité devait primer et que les conditions de piste ne permettaient pas de lancer les monoplaces sous régime de drapeau vert.

Même si ce n'était pas réellement le sujet de la grogne des spectateurs et téléspectateurs, qui n'ont que très peu remis en cause la prudence légitime de la direction de course dans un contexte lourd en raison de divers incidents graves dans le Raidillon dans les jours et semaines précédant la course, la question de la capacité des F1 modernes à courir lorsque les conditions sont très pluvieuses n'est pas un sujet récent. Les hauts niveaux d'appui aérodynamique produits par les monoplaces actuelles ainsi que les pneus plus larges introduits en 2017 créent plus de projections d'eau derrière les voitures, ce qui empire les conditions de visibilité quand elles roulent en peloton.

Pour Jean Todt, président de la FIA qui entre dans les derniers mois de son ultime mandat, ce sujet va devoir être pris à bras-le-corps à l'avenir. Si la révolution réglementaire 2022 est désormais bien trop proche pour effectuer des changements drastiques, c'est vers la prochaine refonte technique, qui doit selon toute vraisemblance intervenir en 2025, que le Français regarde.

"Beaucoup ont critiqué ce qui a été décidé à Spa, mais que se serait-il passé si, après le départ, nous avions eu un accident avec dix voitures, avec pour conséquence des pilotes blessés ou pire ?" a demandé Todt. "Nous aurions été massacrés. Et même sans blessés, nous aurions été critiqués."

"Pour le règlement 2025, nous devons réfléchir à avoir des voitures qui peuvent être pilotées même sous la pluie. Vous vous souvenez de [Niki] Lauda à Fuji en 1976 ? Il a été le seul des pilotes à renoncer à la course sous la pluie [en réalité, quatre pilotes au total ont renoncé ce jour-là, Larry Perkins, Carlos Pace et Emerson Fittipaldi se retirant également, ndlr]. Aujourd'hui, tous les pilotes pensent comme Lauda à l'époque."

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Pour Gerhard Berger, patron du DTM et ancien pilote de Formule 1, la question en devient presque philosophique : loin d'être satisfait par l'entre-deux actuel qui permet d'attribuer 50% des points après un seul tour non compétitif officiellement décompté, l'Autrichien estime qu'il faut que la discipline reine se pose frontalement la question de courir sous la pluie ou non afin d'éviter ce qui a été globalement qualifié de "farce" en Belgique.

"Honnêtement, je n'ai aucune sympathie pour cela", a-t-il déclaré à propos de ce qui s'est passé à Spa. "Mon opinion est la suivante : vous devez décider à l'avance si vous voulez disputer des courses sous la pluie ou non. En Amérique [sur les ovales], ils ont décidé de ne pas organiser de courses sous la pluie, ce qui est bien et tout le monde le sait."

"Mais la Formule 1 en avait l'habitude et nous courons sous la pluie aussi en DTM. Le sport automobile est dangereux et oui, c'est difficile en termes de visibilité, mais si vous décidez de courir sous la pluie, alors vous devez faire avec. Quand c'est glissant ou quand il y a beaucoup d'eau, vous devez simplement réduire votre vitesse. Cela fait partie de notre jeu. Peut-être qu'à la fin c'était très compliqué à Spa, mais au début je ne voyais aucune raison de ne pas courir sur le mouillé."

"Les départs derrière la voiture de sécurité, c'est la même chose pour moi. Je ne suis pas d'accord. Vous devriez avoir des départs arrêtés, même sous la pluie. Pour moi, c'est moins dangereux car vous abordez le premier virage avec moins de vitesse. Avec un départ lancé, vous avez plus d'eau et moins de visibilité. Faites deux tours derrière la voiture de sécurité, puis prenez un départ arrêté."

Avec Franco Nugnes et Ronald Vording

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