Johann Zarco et la quête de podiums, un dépassement perpétuel

Le MotoGP, selon Johann Zarco, "c'est faire plus que ce qu'on pense être capable de faire", fournir un effort permanent, tant mental que physique, dans une seule quête : celle de la victoire.

Johann Zarco, Pramac Racing

Photo de: Alex Farinelli / Pramac Racing

Huitième du championnat avec 31 points, Johann Zarco constate logiquement que son début de saison s'est avéré un peu plus difficile que l'an dernier, lui qui occupait la cinquième place avec 48 points au même stade il y a un an. Le contexte est différent, avec un championnat qui non seulement a retrouvé le déroulement classique d'une première partie hors d'Europe, avant les retrouvailles avec le vieux continent pour le cœur de la saison, mais un championnat aussi qui s'annonce comme le plus long jamais connu.

Ce qui va prendre des allures d'épreuve d'endurance pousse certains à estimer que la hiérarchie s'affirmera avec le début des courses européennes dans les prochaines semaines. Johann Zarco ne partage pas vraiment cette vision des choses. "Non, je n'attends pas de changement [avec les courses européennes]. C'est toujours le même effort, et l'effort c'est faire plus que ce qu'on pense être capable de faire", nous décrit-il en marge de la présentation du GP de France à Paris.

"C'est pour ça qu'on ne peut se baser sur rien, en tout cas pour ma part, parce que l'intensité de chaque séance est parfois au-delà de ce que supporte le mental ou le corps, comme si on donnait tout à chaque fois. Ça, c'est assez éprouvant et ça m'empêche de pouvoir vraiment dire si oui ou non il y aura une hiérarchie. Je le vis comme ça. Je pense que les autres ne le décrivent pas de cette manière mais, à mon avis, ils le vivent aussi comme ça sinon quelqu'un se serait déjà démarqué."

L'intensité de chaque séance est parfois au-delà de ce que supporte le mental ou le corps, comme si on donnait tout à chaque fois.

Johann Zarco

Personne ne s'est en effet véritablement démarqué en ce début de championnat, où seuls deux pilotes ont réussi à figurer deux fois sur le podium : Álex Rins, qui vient d'enchaîner deux top 3, et Enea Bastianini, qui peut se targuer d'avoir gagné deux fois. Johann Zarco, lui, compte un abandon, une huitième et une neuvième places, mais il fait aussi partie de ce petit groupe de dix pilotes qui ont pu monter sur la boîte, avec une troisième position en Indonésie.

"Si je devais donner une note, je l'estimerais à 6/10. Un peu plus que la moyenne, parce qu'il y a trois top 10 dont un podium, ce qui est quand même toujours un top résultat, mais par rapport aux espérances et à ce que je vise sur chaque course, l'objectif d'être au moins sur le podium à chaque fois ne vient pas", concède-t-il. "C'est beaucoup plus difficile que ce qu'on pense. Trouver les bonnes clés sur la moto pour se sentir à l'aise tout au long des 40 minutes de course, c'est difficile à avoir. Mais le fait d'être tenace, d'essayer de travailler vraiment assidument, permet d'y croire et de rester régulier."

Le manque d'aisance au cœur de son travail

Tenace, il l'est indéniablement, le pilote provençal. Lancé désormais dans sa troisième saison au guidon d'une Ducati, il admet avec un sens accru du perfectionnisme être toujours en phase de construction, en quête d'une communion avec sa machine qui lui permettra d'allier la performance à un effort physique moindre.

"Je trouve cette Ducati extra et elle a un potentiel de fou, malheureusement très difficile à exploiter. Je n'ai pas encore réussi à avoir l'apothéose de cette exploitation sur cette moto. J'ai la capacité d'aller très vite mais sans jamais vraiment être à l'aise, et ce manque d'aisance me bouffe beaucoup d'énergie", décrit-il, soulignant que cette construction se fait à la fois avec l'actuelle GP22 et avec la Ducati en général, dont il a piloté deux modèles différents précédemment.

"Ma phase d'adaptation à la Ducati se fait de mieux en mieux, parce qu'on voit déjà par rapport à l'an dernier que j'ai énormément évolué cette année dans les phases où j'étais faible. Je perdais du temps au freinage, maintenant je n'en perds plus, donc c'est signe que sur le côté pilotage j'ai su m'adapter et progresser. Sur le côté technique, [il faut] encore réussir à trouver ces petites clés pour coller encore plus à mon style et du coup avoir un combo gagnant. Ça fait plus d'un an et demi que j'ai ce discours-là sur l'adaptation, mais c'est vraiment mon sentiment parce qu'il y a un potentiel pour aller très vite mais pas encore l'aisance pour l'instant."

"Quand je parle d'aisance, c'est un compromis de tout, de pouvoir piloter la moto comme on veut, quand on veut, pouvoir entreprendre des dépassements ou des trajectoires différentes quand il le faut. Une aisance générale pour pouvoir gérer les courses, et du coup aller gagner parce qu'une victoire ça passe aussi par de la gestion."

Johann Zarco, Pramac Racing

Johann Zarco, Pecco Bagnaia et Joan Mir

La victoire, c'est bel et bien l'objectif inchangé après lequel court Zarco, celui aussi qui pourrait lui apporter un véritable déclic pour faire grandir une carrière déjà riche mais à laquelle cette récompense manque indéniablement. "Ça peut être grandiose au moment où je serai à l'aise. Quand on se dit qu'on a des chances de jouer souvent le podium, qu'il y a cette vitesse pour être sur le podium mais pas l'aisance, eh bien au moment où il y aura l'aisance, ça peut vraiment être du bonheur", se prend-il à rêver.

Comment dès lors ne pas se laisser enfermer par cet objectif, quand on voit à quel point cette quête est rude et longue ? "Il faut [que l'objectif de la victoire] y soit, mais il ne faut pas qu'il prenne toute la concentration, sinon si le moindre résultat qui ne sera pas une victoire sera un résultat décevant", observe le Français, la tête froide. "Il faut savoir vraiment analyser le résultat sur le moment et prendre le positif de chaque résultat, comme cette neuvième place au GP des Amériques ; pour moi, ça reste quand même positif parce que ça a été un Grand Prix très difficile, alors que si je ne pensais qu'à la victoire, je serais hyper déçu de cette neuvième place. C'est pour ça qu'il faut vraiment réussir à juger [les résultats] de la bonne manière dans le moment présent."

Et si c'était aussi une question d'âge ? Lorsqu'il se compare à son coéquipier, l'ultra-compétiteur Jorge Martín, Johann Zarco prend là aussi du recul : "Je me rends de plus en plus compte que des pilotes à 20 ans et à 30 ans, ça ne pense pas pareil. L'avantage du pilote de 20 ans c'est qu'il est plus capable de se dépasser ou de prendre certains risques, et souvent ça passe, alors qu'à 30 ans l'expérience fait que parfois on ne veut pas risquer, mais ça met un frein. C'est peut-être pour ça que mon adaptation ou les résultats qu'on peut attendre de moi sont plus longs à arriver."

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