Mercedes et les "douloureux" soucis qui entravent ses performances

Déjà en mis en difficulté par le marsouinage et le manque de puissance, Mercedes a dû gérer des pneus froids lors des qualifications du Grand Prix d'Émilie-Romagne, qui se sont soldées par une double élimination en Q2.

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Vendredi, pour la Q3 du Grand Prix d'Émilie-Romagne, aucune Mercedes n'était présente sur la piste, George Russell et Lewis Hamilton ayant été recalés lors de la séance précédente. Cette double élimination peut paraître anodine compte tenu des difficultés rencontrées par l'équipe allemande depuis le début de la saison mais, en fait, elle est historique.

Il faut en effet remonter au Grand Prix du Japon 2012, il y a près de dix ans, pour observer la dernière Q3 sans Mercedes avant Imola. Comprenez donc le choc dans le stand de la marque à l'étoile ce vendredi. Cela s'explique par la difficulté qu'a eue l'équipe à faire monter la température de ses pneus dans un après-midi froid et humide interrompu par plusieurs drapeaux rouges.

"Nous avons eu du mal avec la mise en température de cette voiture, pour être honnête", a expliqué Andrew Shovlin, responsable de l'ingénierie piste. "Nous n'avons pas trouvé de solution à cela et [vendredi] a été un exemple assez douloureux, lorsque nous n'avons pas pu faire de relais assez longs pour faire monter la température et mettre les pneus dans la bonne fenêtre."

"Nous avons vu ça sur toutes les courses. À Bahreïn, cela ne nous a rien coûté. Sur les autres circuits, ça a été un peu plus difficile en qualifications. Le rythme en course est habituellement bon, je pense que nous avons prouvé que nous sommes la troisième équipe en matière de rythme de course. Le problème, c'est que nous semblons être dans le milieu de grille sur un seul tour. C'est quelque chose sur lequel nous travaillons mais que nous ne comprenons pas vraiment pour l'instant."

Est-ce que les problèmes de Mercedes sont causés par une limitation aérodynamique ou mécanique ? Selon Shovlin, il n'y a pas de réponse toute faite : "Je ne pense pas que ce soit aérodynamique dans un sens très simple parce que nos courses sont assez bonnes, nous roulons bien au-dessus du milieu de grille. Sur un tour, beaucoup d'équipes du milieu de grille sont meilleures que nous. Nous ne dirions pas que c'est parce qu'ils ont plus d'appui que nous sur un tour. Et, de même, je ne pense pas que ce soit quelque chose de mécanique."

"On peut faire certaines choses avec les réglages de la voiture pour essayer d'avoir un peu plus de chaleur dans les freins. Mais c'est relativement subtil. Comme je l'ai dit, nous ne savons pas s'il y a quelque chose d'autre dans la manière dont nous réglons la voiture ou dans notre approche de la mise en température des pneus. C'est un domaine que nous devons maîtriser parce que cela ne cesse de nous freiner [en qualifications]."

Freins avant de la Mercedes W13

Freins avant de la Mercedes W13

Avec l'introduction de nouvelles roues de 18 pouces cette saison, les équipes ont été dans l'obligation de trouver de nouveaux moyens de mettre les pneus en température. Il est notamment plus difficile de s'aider des freins pour y parvenir.

"Avant, l'air chaud des freins arrivait directement sur la jante et le passage de la chaleur dans la gomme était très rapide", a ajouté Shovlin. "Les [nouvelles] règles ont été écrites pour rendre cela difficile, et c'est réussi. Comme je l'ai dit, nous devons encore comprendre pourquoi nous ne pouvons pas être l'égal de même certaines équipes du milieu de grille. Nous savons que Red Bull et Ferrari ont plus d'appui en ce moment. Mais nous devrions être capables d'être dans la même position [en qualifications] qu'en course, qui est, de manière réaliste, la troisième."

Bien que les équipes aient peu de données à disposition concernant les pneumatiques intermédiaires et pluie de Pirelli, ceux-ci n'ont pas posé de problème à Mercedes ce vendredi à Imola puisque leur comportement est assez similaire aux anciennes gommes de 13 pouces du manufacturier italien.

"Le plus important avec les pneus pluie, c'est [de savoir] comment ils se comportent dans différentes conditions, comment se passe la transition vers le sec", a indiqué l'ingénieur Mercedes. "Nous n'allons pas avoir un bon aperçu de cela [à Imola]. Mais avec les conditions intermédiaires du jour, le problème pour nous était simplement la mise en température. Nous étions en difficulté dans ce domaine. En matière d'équilibre, il n'y avait pas de problème avec [les pneus], ils sont très similaires à ceux [d'avant]. George a dit qu'il ne serait pas surpris s'il était plus haut sur la grille, il a dit que la voiture était bonne. Nous n'avions simplement pas le grip dont nous avions besoin pour être rapide."

Lewis Hamilton

Lewis Hamilton

Déjà menacé par l'élimination en Q1, lui qui n'a validé son ticket d'entrée pour la Q2 que pour quatre millièmes de seconde, Hamilton a dressé un constat difficile de la situation de Mercedes, précisant par ailleurs que son équipe n'avait pas pris les bonnes décisions. Interrogé sur la signification de cette déclaration, Shovlin a estimé que le septuple Champion du monde évoquait probablement la gestion de la séance, Hamilton ayant souhaité boucler plus de tours.

"Lewis aurait aimé rester en piste lors des premiers relais", a-t-il expliqué. "Il sentait que [les pneus] montaient en température lorsque nous avons décidé de rentrer pour chausser un nouveau train. Je pense que si l'on regarde la fin de la séance, nous n'aurions pas pu faire un relais plus long à cause du drapeau rouge. Deux choses, donc : premièrement, aurions-nous pu mieux gérer la première partie de la séance ? Peut-être que oui. Ensuite, tout simplement, nous ne semblons pas être en mesure de signer [un premier tour référence] alors que les autres le font assez facilement. Et dans un jour comme celui-ci, c'est toujours un gros problème."

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En plus de la mise en température des pneus, Mercedes doit gérer un autre problème impactant ses performances. Le marsouinage pose plus de difficultés à la marque à l'étoile qu'à la plupart de ses rivaux, ce qui signifie qu'il lui est impossible d'utiliser des réglages optimaux sur sa voiture pour le moment.

"Pour être honnête, ce sont actuellement deux problèmes ennuyeux", a reconnu Shovlin. "Mais, de manière réaliste, celui qui nous a coûté le plus [en qualifications] est la mise en température. Je pense que si nous parvenions à résoudre ça, nous aurions plus de succès. Le marsouinage limite le potentiel de la voiture mais ce n'est pas différent de ce que nous avons connu lors des dernières courses."

En apportant des évolutions à Imola, Mercedes ne cherchait pas spécifiquement à contrôler le marsouinage, les mises à jour étant simplement destinées à améliorer les performances de la W13.

"C'est un développement aéro normal", a confirmé Shovlin. "Pour être honnête, nous travaillons séparément sur nos problèmes de rebonds. Nous savions que les évolutions que nous avons apportées [à Imola] n'allaient pas affecter cela. C'est pourquoi nous nous sommes concentrés sur ces pièces. Mais nous continuons à travailler dur pour essayer de comprendre, de maîtriser et de résoudre [le marsouinage]. Donc, encore une fois, nous savons que c'est un autre point faible sur cette voiture que nous devons corriger avant d'être compétitifs, tout comme la mise en température."

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Si les problèmes sur le châssis de la W13 n'étaient pas suffisants, Mercedes doit également gérer un manque de puissance. Les trois premiers Grands Prix de la saison ont démontré de manière claire que les autres moteurs de la grille (Ferrari, Honda et Renault) étaient meilleurs que le bloc allemand qui a dominé l'ère hybride de 2014 à 2021. Et comme la plupart des éléments du groupe propulseur ont été gelés jusqu'en 2025, il est difficile d'endiguer l'hémorragie.

"Nous faisons constamment des analyses sur cela", a admis Shovlin. "Il y a des domaines que nous pensons pouvoir améliorer au niveau de la gestion du déploiement [de la puissance]. Cependant, c'est désormais une unité homologuée, donc on ne peut que faire des choses pour la fiabilité. Cela ne nous empêche pas de regarder ce que nous pouvons faire avec les modes, comment nous pouvons mieux les utiliser."

"Mais nous ne sommes pas assez rapides et lorsque l'on n'est pas assez rapides, on regarde partout pour s'améliorer. C'est donc la mission des membres [du département moteur], se concentrer sur ça et examiner tous les peaufinages que nous pouvons faire pour trouver des gains. Du côté du châssis, nous avons beaucoup de projets différents en ce moment pour essayer de progresser."

Est-ce que Mercedes peut sortir la tête de l'eau et trouver des solutions à ses problèmes ? Les Grands Prix s'enchaînent et les chances de neuvième titre consécutif pour la marque à l'étoile continuent de se réduire.

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