Mugello, le choc de la nouveauté

Le circuit du Mugello n'a jamais accueilli de Grand Prix de Formule 1, mais ce n'est pas un territoire totalement inconnu pour les monoplaces de la catégorie reine.

VIDÉO - Un tour virtuel en Ferrari SF90 au Mugello

Entre la Formule 1 et le Mugello, c'est l'histoire d'un amour qui n'a pas été consommé pendant près de cinquante ans. Plusieurs fois les deux parties se sont côtoyées, pour des essais ou pour des activités promotionnelles, mais le mariage tant attendu n'était jamais arrivé. L'espoir de voir un Grand Prix sur l'asphalte toscan vallonné de 5,245 kilomètres est longtemps resté ainsi, destiné à ne jamais être satisfait.

Le Mugello a été un lieu d'accueil pour la Formule 2 et la Formule 3000 en son temps, on y a vu le Championnat du monde des voitures de sport, des manches de FIA GT et de DTM, et c'est un rendez-vous habituel du calendrier MotoGP, mais la Formule 1 est restée un rêve presque interdit. Et puis, dans une année qui a vu la suspension du Championnat du monde de Formule 1 pendant plusieurs mois, le miracle a rapidement pris forme.

"Nous pouvons le faire", ont insisté les dirigeants du circuit. Si cette revendication a été reçue avec scepticisme par les fans et les initiés de la F1, elle s'est concrétisée avec en plus, un délicieux frisson supplémentaire : la coïncidence historique du 1000e Grand Prix de l'Histoire pour Ferrari. Pour les passionnés italiens qui attendent une course là-bas depuis des décennies, il n'y aura qu'une infime opportunité d'y assister depuis les tribunes, mais peu importe : le Grand Prix de Toscane est désormais une réalité.

Ferrari au Mugello

Lorsque l'on discute avec les pilotes qui ont eu l'opportunité de rouler au Mugello, on commence à comprendre comment le défi physique augmente en fonction du niveau de performance d'une voiture. Plus la voiture est rapide, plus le Mugello devient "coriace", un mot qui revient très souvent. "En pilotant de la portion Casanova-Savelli jusqu'au virage Arrabbiata 2, on peut à peine respirer", décrit Robert Kubica. "La vitesse est très élevée, le dénivelé est remarquable. C'est un circuit passionnant et très technique, avec une vitesse moyenne élevée, et le niveau de difficulté augmente progressivement avec la vitesse."

La nature essentiellement rapide et fluide du Mugello requiert de la finesse, mais ce sont ses exigences physiques qui retiennent l'attention avant le premier Grand Prix de Formule 1 sur ce circuit. C'est parce que les niveaux élevés d'appui aérodynamique des F1 d'aujourd'hui font que dans les portions où, au volant d'une autre machine on freinerait et rétrograderait, elles passeront à fond ou avec peut-être un bref soulagement de l'accélérateur. Les pilotes peuvent s'attendre à ressentir des forces autour de 5 g au niveau de leur cou. Ce niveau est atteint brièvement sur certains autres circuits mais au Mugello, il sera constant durant plusieurs secondes.

En 2000, le très jeune Kimi Räikkönen roulait en Formule Renault 2.0 et avait été convié au Mugello par Peter Sauber, qui cherchait un remplaçant à Mika Salo. À cette époque, Räikkönen était inconnu et l'appel de Sauber avait fait beaucoup de bruit. Kimi a immédiatement prouvé qu'il était dans le rythme au niveau des chronos, mais l'après-midi du premier jour d'essais, il est brusquement rentré au stand et a dit : "Aujourd'hui c'est mieux d'arrêter là, sinon je ne pourrai pas piloter demain". Sauber a été frappé qu'un pilote avec si peu d'expérience puisse avoir une vision si globale de ces essais. Ce sont cette indication claire quant à sa maturité et son professionnalisme ainsi que son impressionnante pointe de vitesse qui l'ont poussé à le recruter pour la saison 2001 de F1.

Ferrari au Mugello

La majeure partie des essais de F1 qui se sont déroulés au Mugello ont été organisés de manière privée par Ferrari, propriétaire des lieux depuis 1988. Si le tracé demeure inchangé depuis sa construction au début des années 70, Ferrari a amélioré les infrastructures et entretenu la piste pour qu'elle se maintienne aux standards du Grade 1 de la FIA. Les restrictions en matière d'essais ces dernières années font que le circuit n'a plus beaucoup vu de F1, même s'il a été choisi comme lieu de test en 2012. C'était alors une première pour de nombreux pilotes au Mugello, et au terme des trois journées, la majorité d'entre eux étaient enthousiastes.

"En matière de satisfaction, dix tours sur le sec au Mugello valent bien plus que 1000 tours à Abu Dhabi !", avait lâché Mark Webber. "Cette piste est incroyable", estimait Sebastian Vettel. "Je suis absolument ravi. Je n'avais jamais piloté ici auparavant et je ne m'attendais pas à ça." Le seul avis négatif en 2012 avait été émis par Vitaly Petrov, alors pilote Caterham. "Je ne crois pas que nous aurions dû venir ici", déplorait-il. "Ce n'est pas suffisamment large et sécurisé. Si l'on perd la voiture, les barrières sont tellement proches que l'on tape les pneus."

Le Mugello est assurément un circuit à prendre au sérieux et avec lequel il ne faut pas jouer, car c'est un tracé old-school, sans grandes zones de dégagement. Si vous faites une erreur, il faut espérer que le gravier vous arrête, car les barrières ne sont pas loin. Et même sans sortir de la piste, chaque erreur se paiera cash : la moindre petite perte de rythme se ressentira sur la vitesse de pointe dans la ligne droite suivante. "Je suis sûr que des pilotes diront que le circuit est trop étroit, en oubliant que nous courons aussi à Monaco", prédit Kubica. "Mais en même temps, je suis sûr qu'à la fin du week-end, d'autres placeront le Mugello parmi leurs circuits préférés, si ce n'est le préféré. Je suis prêt à parier là-dessus."

Ferrari au Mugello

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