Portrait

Pérez et Red Bull : 15 ans entre le râteau et le mariage

Première recrue extérieure au programme Red Bull depuis Mark Webber, Sergio Pérez est devant un défi immense à relever en 2021. Mais le Mexicain se montre serein, assurant qu'il n'a "rien à perdre" dans cette nouvelle aventure.

Sergio Perez, Red Bull Racing RB16B

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

La semaine prochaine, Sergio Pérez enfilera sa tenue Red Bull Racing dans le cadre d'un week-end de Grand Prix. Pour la première fois. Profitant d'une conjoncture très favorable, le Mexicain a été recruté par l'équipe de Milton Keynes, qui a mis fin à des années de promotion interne. Le coéquipier de Max Verstappen arrive donc d'un environnement totalement extérieur au giron autrichien, après être devenu une valeur sûre du peloton en faisant briller plus qu'à leur tour les noms de Force India puis de Racing Point. En point d'orgue, la victoire décrochée à Sakhir en décembre dernier, la toute première de sa carrière.

Le mariage entre Pérez et Red Bull, d'un an pour le moment, a pu surprendre, mais les intérêts communs ont rapidement pris le dessus. Quant à l'histoire, comme très souvent en Formule 1, elle a quelque peu balbutié. Car le pilote de 31 ans s'amuse plutôt aujourd'hui d'une mésaventure survenue il y a une quinzaine d'années. Alors que Red Bull est réputé pour être peu patient et diplomate avec ses pilotes, lui-même a pu le constater à une toute autre époque.

"En 2007, j'ai été invité à faire un test [en F3 avec Red Bull]. Ça ne s'est pas bien passé", raconte-t-il dans le podcast Beyond the Grid. "J'ai eu un problème avec le baquet car mes genoux se cognaient contre le volant, donc je ne pouvais pas tourner. J'étais donc assez loin du rythme. J'ai pensé que j'allais pouvoir régler le baquet, etc. Mais quand je suis revenu, j'étais mis dehors, je n'avais pas eu de deuxième chance. Je me suis fait virer car j'étais trop lent. Je me suis dit… Non, non, non, tout tourne autour du chrono. Je crois que c'était en 2007, ou 2006. Ensuite je suis allé en Formule 3, je roulais contre les pilotes Red Bull et je menais le championnat."

Sergio Pérez en F3 britannique lors de la saison 2008. <

Recalé par Red Bull, Pérez bénéficiait tout de même du soutien du mécène mexicain Telmex, qui lui a permis de s'engager en F3 britannique, puis en GP2 en 2009. Une saison lors de laquelle il avait évolué chez Arden, propriété d'un certain Christian Horner. "Après ma bonne course à Silverstone, il est venu me voir et m'a demandé ce que je faisais", se souvient Pérez. "Et il m'a dit que j'avais mon propre programme et que je n'avais pas besoin de lui."

Deuxième du championnat GP2 en 2010, Pérez a ensuite rejoint les rangs de la Ferrari Driver Academy, le conduisant vers des débuts en F1 avec Sauber. Les liens avec Maranello se sont rompus lors de son passage chez McLaren, en 2013. Une année noire, ratée, mais derrière laquelle il a su rebondir comme chacun sait sous les couleurs de Force India.

"Qui sait ce qui aurait pu se passer, quelles opportunités j'aurais pu avoir ?", s'interroge Pérez quant à ce premier rendez-vous manqué avec Red Bull. "Ça aide toujours de faire partie d'un programme junior. Mais je dois dire que je suis extrêmement reconnaissant envers [Dietrich] Mateschiz, Helmut [Marko], Christian [Horner], Adrian [Newey] et toute la famille Red Bull, car ils me donnent cette opportunité. C'est quelque chose de génial. Ils sont guidés par les résultats. Personne auparavant ne m'a offert l'opportunité d'être dans une voiture de pointe, donc je dois faire en sorte d'être à la hauteur de leurs attentes."

Il y a déjà un lion dans l'arène…

Quinze ans après cette anecdote qui prête désormais davantage à sourire, Sergio Pérez est évidemment un autre homme et un pilote bien différent. L'écurie Red Bull a elle aussi écrit son histoire depuis, mais a dû faire sa mue devant l'échec successif des promotions de Daniil Kvyat, Pierre Gasly et Alexander Albon. C'est ainsi que les deux parties se sont retrouvées, faisant cause commune pour la saison 2021. Pour Pérez, c'est un défi à quitte ou double, mais dans lequel il estime avoir très peu de plumes à perdre. Nombreux sont ceux qui lui promettent pourtant l'enfer en entrant dans une arène où le lion Max Verstappen a plus que délimité son territoire.

Max Verstappen, Red Bull Racing et Sergio Perez, Red Bull Racing <

"Depuis que j'ai appris que j'allais chez Red Bull, je sais que je vais faire face à un énorme défi, qui est Max", concède Pérez avec décontraction. "C'est un pilote très complet. Je n'ai pas été surpris, pour être franc. J'ai juste découvert que c'était un très bon pilote dans tous les domaines. Et ce sera une sacrée tâche, un gros défi pour moi-même. Mais c'est ce que je voulais. Vous savez, je veux me mesurer aux meilleurs de la F1. C'est donc un grand défi et une formidable opportunité, quelque chose qui me rend impatient. Je vois ça en me disant que je n'ai absolument rien à perdre pour ma carrière. J'ai eu suffisamment de chance pour faire une carrière fantastique. Donc quoi qu'il arrive ensuite, c'est génial."

Les hostilités n'ont pas débuté, et l'ambiance est pour le moment au beau fixe après des essais hivernaux qui ont semblé donné un avantage de préparation à Red Bull. Pérez, lui, désamorce toute tension potentielle, assurant que son voisin de garage est "un type très cool", un "jeune qui aime la vie et qui aime piloter" et qui ne fait "pas de politique" dans ses attitudes. "Pourquoi devrait-il être être préoccupé par moi ? Ou pourquoi devrais-je être préoccupé par lui ?", interroge Pérez. "Nous venons tous les deux ici pour faire le meilleur boulot possible." L'avenir nous en dira plus…  

Reste au Mexicain, pour relever ce défi, la possibilité de capitaliser sur ses points forts. "Je sais que lorsque le dimanche arrive, je suis plutôt fort pour maximiser le week-end", rappelle-t-il. "Il y a des pilotes, je crois, qui pensent davantage au samedi, pour essayer d'être le plus haut possible sur la grille. Mais lorsque j'arrive au circuit le vendredi, je pense déjà au dimanche. C'est un peu une question d'état d'esprit. Mais globalement, je pense que c'est ma force. […] Si nous avons une voiture pour gagner le titre, il faut le gagner. C'est aussi simple que ça. Je veux maximiser le potentiel de la voiture, et si nous avons une voiture qui est assez bonne pour terminer quatrième, alors il faut s'assurer d'être quatrième."

Sergio Perez, Red Bull Racing RB16B

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