Drapeau jaune : la crainte de stratégies malveillantes

Les EL3 et les qualifications, au programme aujourd'hui à Jerez, pourraient réserver des surprises, selon Danilo Petrucci, qui craint que des pilotes puissent délibérément provoquer la sortie de drapeaux jaunes afin de bloquer les autres.

Danilo Petrucci, Ducati Team

Danilo Petrucci, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

La seconde journée du Grand Prix d'Andalousie s'annonce potentiellement tendue pour les pilotes, dans la lignée du durcissement qui leur a été communiqué jeudi au sujet de la règle portant sur les drapeaux jaunes. À la suite d'incidents qui ont inquiété la direction de course le week-end dernier, il leur a en effet été signifié qu'aucune amélioration sous drapeau jaune (qu'ils soient simples ou doubles) ne serait désormais prise en compte, que ce soit en essais libres ou en qualifications.

Les pilotes ont en majorité exprimé leur désaccord, estimant que le bon sens devait prévaloir afin qu'une distinction soit faite entre les situations de réel danger et celles où un concurrent serait simplement sorti de la piste et ne se trouverait plus en position périlleuse.

Mais certains ont aussi rapidement émis l'hypothèse qu'une application aussi stricte de la règle pouvait ouvrir la porte à de mauvais agissements. "On peut faire beaucoup de choses... Il faut faire attention parce que certains pilotes peuvent faire leur tour, arrêter la moto, [provoquer] un drapeau jaune et ensuite il n'y a plus de tours pour les autres", avait en effet immédiatement prévenu Álex Rins. "On verra. Je sais que c'est une situation difficile pour eux, parce qu'il est difficile de contrôler si on coupe ou non l'accélérateur sous drapeau jaune."

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Son avis est partagé par Danilo Petrucci, qui craint que des stratégies malveillantes puissent apparaître, afin d'empêcher les améliorations de chronos de ses adversaires lorsque l'on s'est soi-même mis à l'abri avec un bon tour. "Il est clair qu'il y a beaucoup de doutes", souligne-t-il. "Il peut arriver qu'un pilote glisse et bloque tout le monde, ou alors il pourrait le faire exprès : je termine mon tour et je fais semblant de tirer tout-droit, comme ça personne d'autre ne peut améliorer son chrono."

Prenant l'exemple des chutes survenues dans le time attack des qualifications de samedi dernier, Petrucci pressent que, même involontairement, la moindre erreur pourrait chambouler le classement. "En Q1 comme en Q2, il y a eu plusieurs chutes. On pourrait risquer de ne même pas pouvoir faire un seul bon tour. Avec cette 'nouvelle' règle, il faudra clairement ne pas gâcher le moindre tour et se mettre à l'abri le plus tôt possible, accéder surtout à la Q2 où l'on a en deux, peut-être trois tours. Mais tout ne dépendra pas de nous."

"Ils ont surtout peur de ce qui s'est passé samedi quand Jack [Miller] est tombé, peur que Rins en tombant ait pu heurter Jack ou les commissaires. Ça a donc été fait pour notre sécurité, c'est certain, mais on prend des risques… Je ne sais pas si la grille aurait été la même. Que ce soit en Q1 ou en Q2 il y aura plusieurs surprises", pressent Petrucci. "Cette règle n'a pas été très bien prise par les pilotes, parce qu'on n'est pas d'accord. […] Mais ça a été décidé et ce sera comme ça."

Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT

Les améliorations de partiels sous drapeau jaune ne seront désormais plus comptabilisées. Les pilotes ont également fait savoir qu'il leur avait été signifié que des pénalités pourraient être décidées dans le cas où un temps sur un tour complet serait amélioré en dépit de l'exposition de drapeaux jaunes.

"Si tu améliores ton tour, tu pourrais avoir une pénalité sur la grille. Si tu tombes tu pourrais être encore plus pénalisé, car non seulement tu n'as pas respecté la règle mais en plus tu as créé encore plus de danger", témoigne Petrucci. "Les pénalités ne nous ont pas été précisées car elles seront décidées au cas par cas. Mais on ne l'a pas très bien pris, d'autant qu'on ne peut pas calculer l'intentionnalité du geste. Ce pourrait être comme la Formule 1 à Monaco : on fait un super temps et ensuite on fait semblant d'aller vers le mur et on bloque tout le monde."

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Valentino Rossi concède que le risque de voir un pilote s'arrêter intentionnellement existait. "C'est un risque, mais dans ces cas-là, il faudrait être propre et j'espère que ce sera le cas pour tout le monde, car c'est quelque chose que l'on fait pour la sécurité", souligne le #46. "Je pense que l'idée est bonne, intéressante : tout le monde doit ralentir sous drapeau jaune car une situation très dangereuse peut se présenter, comme avec Miller et Rins la semaine dernière, mais il est clair qu'on crée des problèmes et des polémiques."

"Pour les personnes qui auront un drapeau jaune pendant leur tour, ce sera un problème car leur tour sera annulé. C'est donc plus difficile à gérer, mais bon pour la sécurité", ajoute Rossi. "Ça devient plus compliqué, c'est sûr, parce que si on est en train de faire un bon tour et qu'un drapeau jaune est exposé, c'est fichu. Et, souvent, dans le deuxième tour le pneu souffre déjà plus alors ça pourrait être difficile."

Cette règle, qui n'est en réalité pas nouvelle mais dont l'application sera désormais stricte, pourrait peser très lourd dès ce matin pendant le time attack d'EL3 décisifs pour déterminer qui seront les dix pilotes directement qualifiés pour la Q2. Puis cela fera planer un risque maximal lors des deux courtes séances qualificatives, de 15 minutes chacune seulement, où le moindre tour gâché peut peser extrêmement lourd.

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