Rétro 1971 - La Lotus 56B à turbine à combustion !

Propulser une voiture de Formule 1 avec une turbine à combustion est le genre d’idée technique un peu insensée qu’il était possible de réaliser au cours des années 60 et 70.

Emerson Fittipaldi, Lotus 56B Pratt & Whitney

Photo de: LAT Images

Vue de devant détaillée de la Lotus 56B
Emerson Fittipaldi, Lotus 56
Dave Walker, Lotus 56B Pratt & Whitney
Emerson Fittipaldi, Lotus 56B Pratt & Whitney
Emerson Fittipaldi, Lotus 56B Pratt & Whitney
La turbine à combustion Pratt & Whitney greffée à l'arrière de la Lotus 56B
Emerson Fittipaldi, Lotus 56B Pratt & Whitney
La turbine à combustion Pratt & Whitney greffée à l'arriàre de la Lotus 56B

Si les règlements techniques sont aujourd’hui terriblement restrictifs, les choses étaient complètement différentes il y a près de 50 ans de cela.

L’idée de remplacer le moteur à combustion interne par une turbine à gaz est née sur l’anneau d’Indianapolis au milieu des années 60. Grâce à son partenariat avec STP, Colin Chapman de l’écurie Lotus a mandaté Maurice Philippe, son designer, de greffer une turbine dans une monoplace, la Lotus 56, pour disputer l’Indy 500.

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Une turbine à combustion comprime l’air ambiant, le mélange au combustible, détonne le tout, ce qui fait tourner un compresseur qui active un arbre primaire.

La Lotus 56 d’Indy utilisait la turbine PT6 de Pratt & Whitney Canada issue de l’ancienne STP-Paxton Turbocar. Avec son dispositif à quatre roues motrices, ses suspensions sophistiquées et son poids abaissé, la 56, pilotée par Joe Leonard, a bien failli gagner l’Indy 500 en 1968. Malheureusement, sa pompe à carburant a cassé à neuf tours de l’arrivée alors qu’elle roulait en tête.

Une bonne idée sur papier, sauf que…

Chapman et Philippe ont donc eu l’idée de modifier la 56 pour en faire une voiture de F1, la 56B. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. La turbine PT6 modifiée pouvait produire 600 chevaux en comparaison aux 425 du Ford Cosworth DFV. De plus, elle était 50% plus légère que le DFV, éliminait le besoin d’avoir un embrayage, une boîte de vitesses et des radiateurs. Sur papier, c’était super. 

En revanche, pour être efficace dans les virages, la 56B devait posséder une transmission à quatre roues motrices (donc du poids supplémentaire). De plus, la turbine à gaz ne générait aucun frein-moteur quand le pilote levait le pied, ce qui a nécessité l’installation de disques de freins surdimensionnés aux quatre roues (encore du poids). Et finalement, la turbine était très gourmande en carburant (et encore du poids...). Les flancs de la 56B étaient constitués de gros réservoirs qui pouvaient contenir 280 litres de kérosène. Pour terminer, la turbine n’était pas du tout réactive ; elle accusait un long temps de réponse, ce qui obligeait ses pilotes à modifier complètement leurs habitudes de conduite et les trajectoires qu’ils empruntaient dans les virages.

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Lotus confie cette 56B à Emerson Fittipaldi lors de la Race of Champions organisée sur le circuit de Brands Hatch au Royaume-Uni le 21 mars 1971. Durant les essais libres, disputés sous la pluie, la 56B est imbattable, et Fittipaldi signe le meilleur chrono. Par contre, la course de 50 tours est organisée sur le sec, et Fittipaldi, partit de la septième place, abandonne au 34e tour sur bris de suspension arrière.

La Lotus, qui est presque parfaitement silencieuse en piste, effectue sa seconde sortie publique lors de l’International Trophy sur le circuit de Silverstone. La course est présentée sur deux manches de 36 tours chacune. La 56B casse encore une fois sa suspension au troisième tour de la première manche, mais les mécanos la réparent, et Fittipaldi se classe troisième lors de la manche suivante.

Des débuts décevants

C’est l’Australien Dave Walker qui donne le véritable baptême en Grand Prix à la 56B lors de la course à Zandvoort aux Pays-Bas. Sur une piste détrempée, Walker prend le départ depuis la 22e place sur la grille. Il parvient à doubler 12 rivaux au cours des cinq premiers tours, mais il perd le contrôle de sa Lotus au sixième et sort de piste, ce qui rend Chapman furieux, car ce dernier savait que la 56B était très efficace sur le mouillé et pouvait dérocher un bon résultat. Reine Wisell se qualifie 19e à son volant au Grand Prix de Grande-Bretagne, et ne complète que 56 des 68 tours de l’épreuve et est finalement non-classé.

La 56B a habituellement roulé avec sa livrée rouge et or du Gold Leaf, mais à l’occasion du Grand Prix d’Italie, elle fut peinte en noir et or, les couleurs du World Wide Racing, ceci à cause de l’enquête italienne sur la mort de Jochen Rindt survenue à Monza un an plus tôt. Ne voulant pas être arrêté et/ou voir ses voitures saisies par la justice, Chapman engagea les voitures sous le nom de l'écurie WWR et non pas Team Lotus.

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Fittipaldi eut donc droit à cette 56B du WWR sur le circuit de Monza en Italie. Qualifié 18e, le Brésilien a eu besoin de tout son talent pour ne pas brusquer sa machine, et est parvenu à rallier l’arrivée en huitième position, avec un tour de retard sur le vainqueur, Peter Gethin.

Face à ce constat décevant, Chapman n’eut d’autre choix que d’abandonner le projet d’une voiture de F1 à turbine à gaz, un bolide trop pénalisé pour courir avec succès en F1.

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