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Salaires plafonnés : "De toute façon, les pilotes gagnent trop…"

Plafonner les salaires des pilotes est à l'ordre du jour, et globalement, cette mesure fait l'unanimité parmi les directeurs d'équipe.

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG F1, Sebastian Vettel, Ferrari, George Russell, Williams Racing, et les autres pilotes supportent la campagne "End Racism"

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Le tout premier Règlement Financier de la Formule 1 entrera en vigueur la saison prochaine avec un plafond budgétaire annuel de 145 M$ pour toutes les écuries, somme dont sont toutefois exclus certains frais tels que les dépenses marketing ou encore les salaires des pilotes et des trois autres employés les mieux payés de chaque équipe.

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Un premier accord de principe a justement été trouvé pour plafonner les salaires des deux pilotes de chaque team à un total de 30 M$ (26 M€ environ au taux de change actuel), ce qui ne concernerait probablement que Mercedes, voire Ferrari et Red Bull. Tous les dirigeants sont prompts à souligner que ce n'est que le début, et que de nombreux détails restent à finaliser, mais il en est un qui se réjouit tout particulièrement.

"De toute façon, les pilotes gagnent trop d'argent, ils devraient en avoir bien moins", déclare sans détour Franz Tost, directeur de la Scuderia AlphaTauri, une équipe qui sera loin d'être concernée par cette mesure. "Si je devais dire quelque chose, j'arriverais avec un plafond budgétaire de 10 millions, quelque chose comme ça (rires)."

"Nous sommes bien partis, car nous devons devenir réalistes. Vous savez, de nos jours, ce n'est pas si facile d'obtenir de l'argent supplémentaire de la part des sponsors. Regardez l'exemple d'Imola : il y a deux jours, les spectateurs pouvaient venir, mais ce n'est plus possible. Nous ne savons pas comment cela va se passer l'an prochain. Si les spectateurs ne peuvent pas venir aux courses, les revenus seront réduits. La FOM aura moins d'argent, les écuries auront moins de revenus, et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas des pilotes. De toute façon, ils devraient s'estimer heureux de prendre place dans une voiture tellement fantastique et d'avoir un si bon job. Ils auront un peu d'argent, et voilà ce que sera l'avenir."

Franz Tost, Team Principal, AlphaTauri, en conférence de presse

Du côté de l'écurie sœur, Red Bull Racing, on tient à souligner le manque d'avancement du projet. "La discussion d'un plafond n'est pour l'instant que ça – une discussion", insiste Christian Horner. "Il n'y a pas de règles ou de réglementation ferme, cela n'a pas été voté, cela n'a pas été ajouté à une réglementation sportive, financière ou autre. Et bien sûr, si une équipe décide de dépasser le plafond, cela sort de l'autre plafond. Cela ne limite donc pas la somme qu'un pilote peut gagner, cela dicte simplement à l'équipe qu'il y a une somme maximale pour les pilotes, et qu'au-delà, il faudra que ça vienne du plafond châssis."

"Les coûts sont évidemment un sujet sensible pour tout le monde actuellement, cela a été discuté, les réactions ont été bonnes. Mais c'est loin d'être une règle, car il y a toutes sortes de ramifications juridiques qui doivent être étudiées pour voir si cela peut réellement être mis en œuvre."

Günther Steiner, qui dirige l'écurie Haas, insiste également sur le fait que "rien n'est décidé" et que cela prendra "quelques années" : "Cela fait un moment qu'il y a des discussions au sujet du plafonnement des salaires. Je crois qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant, mais je pense que cela fera partie de la F1, comme les plafonds dans bien d'autres sports. Nous avons suffisamment appris à ce sujet dans les autres sports, nous avons de bons précédents pour savoir comment maîtriser ça sans pouvoir contourner en trouvant des accords, comme vous le dites. Il y aura des règles à ce sujet. Mais rien n'est décidé pour l'instant."

"Je pense qu'il y aura un stade où la balance bascule, où si l'on investit dans les pilotes on ne peut pas investir dans la voiture, mais il faut aborder ces choses-là pas à pas. Il nous faut en premier lieu stabiliser cette réglementation financière, savoir exactement comment elle fonctionne, puis nous pourrons peut-être faire un pas en avant. Voulons-nous changer quelque chose ? À quel vote faut-il procéder ? Une fois la majorité des équipes favorables, la réglementation peut être modifiée. Je pense que tout est envisageable de ce côté-là, je dirais, mais ce n'est pas du court terme, c'est d'ici quelques années au moins."

Guenther Steiner, Team Principal, Haas F1 parle aux médias

Andreas Seidl (McLaren), pour sa part, soutient également la proposition, mais en demande encore davantage : "Je pense juste qu'il est important que nous introduisions ça parallèlement à un plafond sur les trois salaires les plus élevés de chaque équipe. Pour nous, c'est simplement la prochaine étape logique après la mise en œuvre du plafond budgétaire l'an prochain. Nous savons faire face à des temps difficiles actuellement d'un point de vue financier, nous ne savons pas non plus combien de temps va durer cette situation du COVID et ne connaissons pas ses effets à moyen et à long terme. C'est pourquoi nous soutenons assurément ces discussions."

Quant à Toto Wolff, il fait sûrement partie des véritables concernés, puisque le salaire de son pilote Lewis Hamilton à lui tout seul dépasse probablement ce cap de 30 millions de dollars. "Les écuries de Formule 1, afin d'être viables à long terme et attractives en tant que franchises sportives, ont besoin de montrer leur rentabilité, comme n'importe quelle entreprise", affirme celui qui est à la tête de l'écurie Mercedes depuis 2013.

"En même temps, il est clair que les pilotes de F1 sont les meilleurs du monde et devraient avoir des salaires élevés comme toutes les autres stars du sport. Aujourd'hui, ces revenus sont restreints à ce qu'ils reçoivent de l'écurie car leurs droits de promotion de marques sont très limités. C'est pourquoi je trouverais intéressant de se réunir avec les représentants des pilotes et les pilotes eux-mêmes pour nous accorder sur le long terme afin de faire bénéficier chacun de la croissance de la Formule 1."

Justement, qu'en pensent les principaux intéressés ? Manifestement, ils n'ont pas encore été invités à la table des négociations. "Nous n'avons pas d'infos, nous sommes en grande discussion sur le WhatsApp de la GPDA", indique Romain Grosjean, directeur de l'Association des Pilotes de Grand Prix. "Nous avons demandé ou nous allons demander des informations : c'est quelque chose sur quoi nous aimerions être impliqués et savoir les tenants et les aboutissants de ce qui se dit, puisque nous l'avons appris par la presse, comme quasiment tout le monde."

Le Français a toutefois refusé de donner son avis sur le chiffre de 30 M$ évoqué, lui qui a subi de nombreuses critiques après des propos sur les salaires des pilotes en juillet dernier, lesquels ont parfois été sortis de leur contexte. "J'ai juste envie de dire que nous sommes en contact, nous aimerions en savoir plus là-dessus, et voilà."

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