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Todt et Ferrari : Non au veto, oui aux bonus

Dans un contexte où de nombreuses négociations visent à bâtir la Formule 1 de demain, notamment sous l'impulsion de Liberty Media, le président de la FIA estime que le droit de veto dont dispose Ferrari depuis des années n'a plus lieu d'être.

Sebastian Vettel, Ferrari SF71H

Sebastian Vettel, Ferrari SF71H

Stefano Arcari

Ce droit de veto accordé historiquement à la Scuderia Ferrari lui permet de bloquer la mise en place de toute réglementation qui ne la satisfait pas. La dernière fois qu'il a été utilisé remonte à 2015, lorsque l'écurie italienne s'était opposée à l'introduction d'un prix maximum pour les moteurs et les boîtes de vitesses.

Le droit de veto, d'un autre temps

On sait depuis un moment déjà que ce droit de veto – qui figure dans les Accords Concorde qui lient de manière bilatérale chaque équipe à la Formule 1 – sera discuté dans le cadre du renouvellement des ententes avec Liberty Media, pour l'horizon 2021. Aux yeux de Jean Todt, il ne fait toutefois pas l'ombre d'un doute que cet artifice mis en place dans les années 80 est dépassé et n'a plus lieu d'être.

"Le veto date du temps où il y avait Enzo Ferrari, et il était isolé à Maranello", rappelle le président de la FIA. "C'était la seule équipe qui avait son propre moteur et son propre châssis, contre d'autres qui étaient toutes motorisées par Ford. À cette époque, il avait donc été décidé que, en se trouvant loin de ce qui était appelé la Silicon Valley du sport automobile, ils [Ferrari] avaient besoin d'une protection. Voici l'histoire du veto. Mais personnellement, je n'y suis désormais plus favorable. Les temps ont changé."

Jean Todt, président de la FIA

Le Français souligne qu'à l'époque des négociations des actuels Accords Concorde, couvrant la période allant de 2013 à 2021, il s'était dans un premier temps opposé à la reconduction du droit de veto, mais la position générale des acteurs de la F1 n'allait pas dans ce sens. Cette spécificité avait donc été maintenue, mais en étant légèrement redéfinie, obligeant notamment Ferrari à prouver qu'une mesure éventuellement bloquée allait à l'encontre de ses intérêts.

"J'étais le seul à être contre. Le seul", se souvient Jean Todt. "Je me souviens que c'était lors d'une réunion à Paris, place de la Concorde, au siège de la FIA. Il y avait le détenteur des droits commerciaux. Toutes les équipes étaient là. Et j'ai demandé quelle était la position par rapport au veto de Ferrari. Ils ont répondu : "Pour nous, ça va". Ça aurait donc été inapproprié pour moi, seul, de dire que j'étais contre le droit de veto de Ferrari. Nous avons seulement modifié sa définition. C'est une partie de la réponse."

Les menaces réelles de Ferrari

Si la position de Jean Todt sur ce point a le mérite d'être très claire, elle ne justifie pas pour autant que les avantages dont dispose Ferrari aujourd'hui doivent tous disparaître. Au titre de sa présence historique en Formule 1, la Scuderia perçoit notamment des bonus juteux quand il s'agit de la répartition des revenus commerciaux. Souvent décriés, ils n'ont toutefois rien d'anormal selon le président de la FIA. 

Est-ce normal que DiCaprio touche plus d'argent qu'un acteur de série TV ? Oui, c'est normal.

Jean Todt, président de la FIA

"Pour moi, est-ce normal que Leonardo DiCaprio touche plus d'argent qu'un acteur de série TV ? Oui, c'est normal", image Jean Todt. "Encore une fois, c'est la vie. Meilleur vous êtes, et plus vous devriez toucher d'argent. Dans ce type d'activité, je trouve normal qu'ils perçoivent plus d'argent. Auparavant, ils touchaient plus d'argent, avec des résultats qui étaient mauvais. Maintenant, ils touchent davantage d'argent et avec de meilleurs résultats, donc ça a du sens."

Kimi Raikkonen, Ferrari SF71H

La position de Jean Todt sur le cas de Ferrari, et sur deux sujets aussi sensibles que le droit de veto et les revenus commerciaux, a une signification forte dans la période actuelle. Depuis la fin d'année dernière, Sergio Marchionne a semblé lancer le bras de fer en brandissant la menace d'un retrait de Ferrari de la F1 en cas de désaccord profond avec l'orientation prise par la catégorie reine. Ce scénario, Todt ne l'estime pas totalement impossible, bien que ne le souhaitant pas.

"Ils pourraient partir. Et franchement, c'est leur choix", prévient-il. "Ils sont libres. J'espère vraiment qu'ils ne partiront pas. Mais ça peut toujours arriver. On a vu de gros concurrents s'en aller, et revenir. Mais encore une fois, c'est leur choix."

"Connaissant ces gens, qui sont intelligents pour gérer leurs affaires, qui sont rationnels, d'une certaine manière c'est aussi pour cela que nous voulons réduire les coûts. Je crois que pour une entreprise comme Ferrari, faire de la compétition ne devrait pas être une dépense. Ça devrait au minimum être à l'équilibre, et même générer des revenus."

"Ce serait bien plus sain que ces dernières années, où il y a eu trop de dépenses qui ont très souvent mis des équipes en difficulté. Actuellement, j'ai la certitude qu'environ six ou sept équipes sont en difficulté en F1. Ce n'est pas acceptable de voir le pinacle du sport automobile avec 60 à 70% du peloton qui a du mal à survivre."

Propos recueillis par Jonathan Noble

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