Interview

Álex Rins : au diable les concessions, l'objectif est le podium !

Jeune et ambitieux, l'Espagnol portera l'an prochain le programme de Suzuki aux côtés d'un nouveau coéquipier, rookie en catégorie reine. Pas de quoi le perturber dans le parcours qu'il entend suivre.

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Gold and Goose / Motorsport Images

À l'approche du Grand Prix des Pays-Bas, Álex Rins s'apprête à clore un chapitre, celui d'une première partie du championnat dont il avait manqué plusieurs rounds l'année dernière, alors débutant. Arrivé en MotoGP lors des premiers essais d'intersaison, fin 2016, le pilote espagnol a d'emblée été mis face à des difficultés, avec de lourdes chutes, lui faisant perdre une partie des tests hivernaux puis des premières courses de l'année. C'est précisément à Assen, il y a un an, qu'il a fait un retour définitif en piste.

"Nous avons fait toutes les courses que j'ai manquées l'année dernière", expliquait le pilote espagnol à Motorsport.com en marge du Grand Prix qui se disputait récemment à Barcelone, piste sur laquelle il avait l'expérience d'un test à défaut d'y avoir couru l'an dernier. Désormais, une nouvelle phase s'ouvre dans sa saison : "Je pense que je vais maintenant être en confiance sur toutes les pistes qui arrivent parce que j'y ai déjà roulé. C'était un petit peu difficile d'être rapide par exemple en France ou au Texas, c'était de nouveaux endroits pour moi parce que l'année dernière je n'y ai pas couru, mais ça a été plus ou moins bon."

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

"Plus ou moins bon", tel est le bilan que dresse Rins après cette première partie de championnat, alors qu'il occupe la 12e place dans la hiérarchie mondiale. "Je pense que ça se passe bien. En comparaison de l'année dernière, mon expérience est plus grande et je me sens plus en confiance, parce que je connais la moto et tout le reste. Je pense que nous travaillons bien", se félicite l'ancien vice-Champion du monde Moto2 et Moto3.

Si son bilan est pour l'instant contrasté, c'est qu'il compte un podium en Argentine et en a manqué un autre de peu à Jerez, mais qu'il a aussi enregistré trois abandons sur chute et un quatrième dû à un problème électrique (à Barcelone). "Je suis tombé sur certaines courses, mais je suis tombé en étant compétitif, alors je suis confiant", nous assure-t-il, sans demi-mesure lorsqu'il s'agit de s'investir à l'instant T : "Au final, j'attaque toujours fort en course – parfois vous pouvez gagner, parfois vous pouvez finir dans le top 5, parfois vous pouvez tomber. Mais je pense par exemple qu'en Italie, le rythme de course était bon – pas autant que celui de Lorenzo mais j'avais plus ou moins le même rythme que Dovi et Valentino. Il faut juste qu'on progresse un peu en qualifs pour partir plus devant, et c'est tout."

Sa courbe de résultats en qualifications peine en effet à traduire le potentiel affiché par le pilote Suzuki. Qualifié à trois reprises sur la deuxième ligne, il a aussi dû composer avec un départ depuis la quatrième ou cinquième ligne sur les autres courses, des positionnements qui ne facilitent en rien ses premiers tours à l'heure d'en découdre, le dimanche. Il peut cependant compter sur des sensations globalement bonnes en course, sentant que les difficultés qu'il tend à rencontrer en essais libres sont alors gommées.

Ce phénomène, le pilote ne se l'explique pas encore. "Je ne sais pas", hésite-t-il. "Les pneus sont peut-être l'une des raisons, parce que pendant tous les essais on travaille pour la course et on ne monte généralement pas de pneus neufs. Par exemple, on fait toute la journée de vendredi [avec les mêmes pneus] – les EL1 avec un train de pneus et les EL2 avec un autre train. Beaucoup de pilotes utilisent plus de pneus que moi, mais on travaille pour la course."

Troisième place pour Alex Rins, Team Suzuki MotoGP

Rookie l'an dernier, Rins aborde à présent uniquement des pistes sur lesquelles il possède déjà de l'expérience – acquise en course pour la plupart des circuits et lors du test de pré-saison en ce qui concerne Buriram, où il s'est classé dans le top 5 en février. De quoi alimenter ses ambitions sans que celles-ci soient amoindries par un quelconque manque de pratique, et ce tout en renforçant son statut de futur leader du projet. Car ce qui se profile pour Rins, c'est une année 3 durant laquelle il verra son voisin de garage changer, le faisant passer de facto du pilote devant apprendre le métier à celui qui sera garant du projet face à un coéquipier débutant.

Pense-t-il avoir d'ores et déjà suffisamment de bagage pour aider Suzuki à développer la moto l'année prochaine et aider ton nouveau coéquipier à s'adapter ? "Oui", nous répond-il sans ciller, assurant que toute requête sera entendue, quel qu'en soit l'instigateur. "Chez Suzuki ils veulent gagner et on a le même objectif : gagner, gagner ! Depuis l'année dernière ils travaillent très dur pour développer la moto et ils fournissent toutes les possibilités à Andrea [Iannone] et moi. Par exemple, si je veux progresser dans la zone de freinage, ils vont travailler sur la zone de freinage, et si Andrea a besoin d'améliorer l'accélération ils vont améliorer l'accélération pour lui. Maintenant un jeune rookie arrive et il va assurément avoir besoin d'apprendre, il a besoin de gagner en expérience, et je suis prêt à faire ma part du travail."

Fort de son expérience, Rins veut poursuivre le développement de la GSX-RR, dont l'évolution doit aller vers l'amélioration de l'entrée dans les virages et un gain de stabilité. "Il est difficile de trouver une chose qui fonctionne mieux sur ces aspects-là, mais il faut qu'on continue à travailler sur la moto", pointe le pilote, qui après la mauvaise direction prise sur le front du moteur l'an dernier, peut se féliciter des progrès accomplis dans d'autres domaines. "Nous avons beaucoup progressé sur le châssis", souligne-t-il. "On a testé un nouveau châssis au Mugello et je l'ai utilisé en course [au Mugello et à Barcelone, ndlr]. Le moteur fonctionne bien désormais, ils [Suzuki] se sont plus concentrés sur le châssis et il est plutôt bon, ils ont progressé."

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Ce travail se poursuit toutefois dans un cadre changeant pour le constructeur d'Hamamatsu, bloqué l'an dernier par la disparition de ses concessions réglementaires à la suite des succès obtenus avec Maverick Viñales en 2015, avant de retrouver cette année une plus grande marge de manœuvre avec le retour d'une plus grande liberté dans les tests et le développement du moteur.

"Je ne le ressens pas encore", nous indique le pilote, qui tente de passer outre. "Par exemple, l'année dernière on a eu un gros problème avec le moteur et on n'avait pas les concessions, on a donc fait toute la saison avec ce moteur. Mais ce qui est important c'est que le problème a été identifié très vite et depuis le milieu de la saison [2017], on a testé différents moteurs, différentes choses."

En quête de nouveaux podiums après celui obtenu en Argentine, mais aussi d'une première victoire, Álex Rins craint-il de perdre à nouveau les concessions s'il obtient les succès qu'il ambitionne d'aller chercher ? "Non. Je préfère faire des podiums plutôt qu'avoir des concessions !" Le message est à l'image du jeune pilote de 22 ans : concis, direct et ambitieux.

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