Vettel, de la chance de voir une étoile naître et s'éteindre

L'annonce de la retraite de Sebastian Vettel survient à un moment de sa carrière où ses résultats ne sont pas reluisants. N'oublions toutefois pas que, fin 2013, il semblait pourtant inconcevable d'imaginer un avenir qui ne lui appartiendrait pas.

Le vainqueur Sebastian Vettel, Ferrari SF90, fête sa victoire dans le Parc Fermé

Le vainqueur Sebastian Vettel, Ferrari SF90, fête sa victoire dans le Parc Fermé

Sam Bloxham / Motorsport Images

Pour les fans de Formule 1 issus de ce que l'on appelle grossièrement la "génération Netflix" et arrivés ces dernières années, il sera sans doute difficile de comprendre la sensation qu'avait laissée sur la plupart des suiveurs de la discipline la fin de saison 2013. Sebastian Vettel venait alors d'enchaîner neuf victoires consécutives, un record que même les pilotes Mercedes n'ont jamais réussi à approcher par la suite, avec comme diamant trônant dans cette kyrielle de succès l'incroyable Grand Prix de Singapour cette année-là, où homme et machine ont fait corps comme rarement.

Difficile de retranscrire exactement à quel point, en dépit d'un changement réglementaire majeur à venir avec l'arrivée des V6 turbo hybrides prévue en 2014, il semblait tout bonnement impossible de ne pas croire que l'avenir appartiendrait à Vettel. Du haut de ses 26 ans, il comptait déjà quatre titres mondiaux, à un âge où la grande majorité des Champions du monde en F1 n'en avaient remporté aucun.

Le Grand Prix de Singapour 2013, l'un des chefs-d’œuvre de Sebastian Vettel

Le Grand Prix de Singapour 2013, l'un des chefs-d’œuvre de Sebastian Vettel

Son parcours avait eu tout de l'irrésistible ascension d'un enfant prodige ; en réalité le premier enfant prodige du clan Red Bull, avant Max Verstappen. De ses débuts en remplacement de Robert Kubica au GP des États-Unis 2007 chez BMW Sauber, avec déjà un premier point à la clé, jusqu'à sa titularisation chez Toro Rosso quelques GP plus tard. Et bien sûr, cette victoire impressionnante de maîtrise dans des conditions piégeuses à Monza en 2008, au lendemain d'une pole déjà historique.

Finalement, la saison 2009, sa première chez Red Bull, aurait dû marquer le début de l'ère Vettel sans le "miracle" Brawn GP. Mais il serait assez injuste de résumer la période 2010-2013 à une promenade de santé. Tout comme on qualifie un peu vite les années Schumacher et les années Hamilton de "domination", dans le détail les titres 2010 et 2012 ont été acquis de haute lutte au dernier moment, à chaque fois contre des adversaires redoutables, au premier rang desquels Fernando Alonso, évidemment. Les saisons 2011 et 2013 auront été plus "simples", mais c'est aussi l'apanage des pilotes d'exceptions que de banaliser l'excellence.

Fin 2013, on pensait que si un pilote pouvait aller chercher les records de Schumacher, c'était forcément son compatriote et ami Vettel. Pensez : quatre titres, 39 victoires, 45 poles, 62 podiums. Le tournant turbo hybride mal négocié par Red Bull et Renault a stoppé net cette série et, on ne le savait pas à l'époque, allait définitivement arrêter le compteur de titres mondiaux de l'Allemand.

Sebastian Vettel lors du Grand Prix de France 2022

Sebastian Vettel lors du Grand Prix de France 2022

Son passage chez Ferrari en fin d'année 2014 avait quelque chose d'évident, tout comme le fait qu'il aiderait la Scuderia à se remobiliser pour à nouveau jouer les championnats. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur les saisons 2017 et 2018, reste que comme pour tout grand sportif, les défaites servent à mettre en relief l'ampleur des succès, à mettre en lumière la qualité d'une opposition et, dans le cas de Vettel, à humaniser plus encore l'un des acteurs les plus éminents du paddock.

Sportivement, les cinq dernières années de la carrière de Vettel auront pour une partie du public porté atteinte à sa "légende" ; elles n'ont pourtant rien enlevé à ses titres et à ses succès, et quelques Grands Prix ont prouvé qu'il ne manquait pas grand-chose pour retrouver l'implacable perfectionniste. Mais humainement, celui que l'on appelait à une époque "Baby Schumi", a brillé et s'est encore ouvert au monde, profitant de sa position de star de la discipline, pour mettre en avant des causes et des combats lui tenant à cœur, sans jamais perdre son humour caractéristique et sans jamais perdre de vue la question de la sécurité au travers de son engagement dans le GPDA.

Au fond, qu'importe de savoir si un Vettel a fait une, deux ou trois années de trop – et qui pour juger de cela, après tout ? –, il faut comme toujours mesurer la chance que l'on a de voir une étoile naître, briller puis s'éteindre paisiblement. Nous avons dix courses pour rendre justice au pilote de F1 et à l'homme (qui ne disparaîtra pas immédiatement de la scène publique, on l'espère), alors profitons-en.

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