"C'était une course folle ! De la part de toute l'équipe de Renault Sport, merci de nous avoir suivis dans cette aventure." Le 31 décembre 2021, c'est avec une publication sur sa page Instagram, que Renault Sport a dit au revoir à ses fans. Cela marque la fin d'une ère de compétitions, de victoires et de sportives qui, d'une manière ou d'une autre, ont fait le bonheur de nombreux fans du monde entier.

Nous sommes en France, en 1976, le Concorde effectue son premier vol commercial, Claude Lelouch traverse Paris en quelques minutes à bord de sa Mercedes 450 SEL 6.9 pour réaliser "C'était un rendez-vous" et, à Boulogne-Billancourt, Renault s'apprête à franchir une étape importante de son histoire.

Renault Sport
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En 1976, Renault prend la décision de fermer l'usine historique Alpine de Dieppe et de fusionner sous une seule entité ses deux divisions sportives, qui produisaient séparément les châssis et les moteurs, ces derniers étant alors gérés par Gordini. C'est ainsi que naquis la division Renault Sport, basée à Viry-Châtillon, l'ancienne usine où travaillait Amédée Gordini en personne.

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Premières expériences

Jusqu'à la première moitié des années 90, Renault Sport se concentre principalement sur le sport automobile, glanant plusieurs trophées en WRC et faisant ses débuts en Formule 1 avec une équipe dédiée. En 1995, au Salon de Genève, la marque française présente une voiture surprenante : la Renault Sport Spider. Il s'agissait d'un petit roadster biplace avec une carrosserie fabriquée à partir de matériaux composites et équipé du 2,0 litres de la Clio Williams. Avec ses 930 kilos, elle est légèrement plus lourde qu'une Lotus Elise, mais grâce à ses 150 chevaux, elle affichait des performances légèrement au-dessus de l'anglaise.

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La première Clio R.S.

La première "véritable" voiture flanquée R.S. n'est apparue que deux ans après le Spider. En 1997, la Clio II Renault Sport 172 fait son apparition, un modèle d'ailleurs surnommé simplement "172" par les passionnés. Esthétiquement, elle se distingue des versions standards par des jantes OZ F1 dédiées et un petit kit carrosserie. Mais c'est bien sous son capot que tout l'intérêt de cette Clio R.S. réside.

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La "172" embarque le nouveau 2,0 litres F4R, qui accompagnera, avec diverses évolutions (atmosphérique ou turbo) toutes les prochaines générations de Clio et Mégane R.S., jusqu'en 2014. Il s'agit d'un quatre cylindres 2,0 litres atmosphérique doté de 16 soupapes, avec un calage variable des soupapes et un système d'injection multipoint, développant 172 chevaux (d'où le surnom de cette Clio) et 200 Nm de couple. Il permet à la sportive française d'abattre le 0 à 100 km/h en 7,3 secondes et d'atteindre 224 km/h.

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En 2004, la voiture a le droit à un restylage et quelques changements, avec un moteur qui passe désormais à 182 chevaux grâce à un taux de compression légèrement révisé. La voiture gagne aussi de nouvelles jantes et des feux au xénon.

L'expérimentale version V6

Avec le succès des Clio "172" et "182", Renault Sport a également conçu une autre Clio. En 2001, la firme au Losange a entrepris de réaliser une édition limitée, encore plus extrême et puissante que la R.S. 2,0 litres. La recette est simple : un moteur central, propulsion, boîte de vitesses manuelle.

Le moteur choisi, c'est le nouveau V6 ES9 3,0 litres du groupe PSA, entièrement construit en aluminium et doté de 24 soupapes. Lourd et doté d'une généreuse capacité cubique, c'est un véritable défi pour les ingénieurs de l'intégrer dans une citadine conçue à l'origine pour la ville et avec un moteur à l'avant. La seule solution viable, c'était de placer le moteur dans l'habitacle, à la place des sièges arrière. C'est ainsi qu'est née la Clio V6, une voiture maintenant légendaire et, à certains égards, unique en son genre, produite à un peu plus de 3000 exemplaires.

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Évolution de l'espèce

En 2004, c'est la grande mode des compactes sportives, avec notamment la Volkswagen GTI en guise de référence, ou encore l'Audi S3. Et pour concurrencer ces modèles, les ingénieurs de Renault Sport ont dû revoir le fameux F4R. Ils ont ainsi changé les arbres à cames, installé un nouveau carter plus léger et encore réduit les taux de compression. Ce "nouveau" moteur équipe la première Renault Mégane R.S. de l'histoire, basée sur la seconde génération de Mégane.

Avec 225 chevaux et 300 Nm de couple, grâce à l'adoption d'un turbo Twin Scroll, la grande sœur de la Clio a immédiatement séduit les passionnés, à tel point que, quelques années plus tard, elle fut proposée dans une version R26.R, plus légère, et plus à l'aise encore sur circuit.

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En 2006, toujours au Salon de Genève, Renault dévoile la Clio III. La version R.S. était équipée du nouveau 2,0 litres F4R, mais en atmosphérique. Elle développait à l'origine 197 chevaux, soit 15 de plus que la deuxième génération, mais sa carrosserie moins aérodynamique, plus haute et plus large, la rendait légèrement moins efficace avec une vitesse de pointe réduite à 216 km/h (contre les 224 km/h pour la Clio II R.S.). Plus tard, la Clio III a eu le droit à un restylage de mi-carrière qui n'a pas profondément changé l'intérieur et l'extérieur, mais la puissance du F4R atmosphérique grimpe à 203 chevaux.

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En 2008, la troisième génération de Mégane arrive sur le marché, avec la présentation de la nouvelle version R.S. en 2010. Le désormais célèbre 2,0 litres F4R, avec un turbo du coup, voit sa puissance grimper à 250 chevaux et 340 Nm de couple. Le moteur est associé à une boîte de vitesses manuelle à six rapports. La voiture est capable d'atteindre 100 km/h en seulement 6,1 secondes.

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En 2011, Renault Sport présente la première variante "Trophy" avec 265 chevaux sous le capot grâce à une nouvelle admission et une pression du turbo accrue. La voiture peut atteindre une vitesse de pointe de 254 km/h, une donnée qui lui a notamment valu le record sur le Nürburgring dans la catégorie des tractions à l'époque, avec un chrono de 8'07"970.

Lors du restylage de la Mégane III, la version R.S. reçoit quelques équidés supplémentaires avec 275 chevaux, de quoi passer sous le seuil symbolique des six secondes de 0 à 100 km/h.

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Dotées d'un châssis "Cup" pour celles qui étaient pourvues de l'option, ces versions sont aujourd'hui particulièrement recherchées par les passionnés, notamment ceux adeptes du "track day", avec des liaisons au sol revues et un châssis optimisé pour la piste.

L'ère du downsizing

En 2012, la Clio IV fait ses débuts au Mondial de Paris. Le F4R 2,0 litres n'est plus de la partie puisqu'il ne peut plus être homologué en raison des nouvelles normes Euro 6. Ainsi, Renault Sport va piocher dans la banque d'organes de l'Alliance et choisir le quatre cylindres 1,6 litre turbo DIG-T de Nissan.

Avec 200 chevaux et 240 Nm de couple, grâce notamment à l'ajout d'un turbocompresseur à géométrie variable, la Clio IV R.S. affiche des performances intéressantes avec un 0 à 100 km/h abattu en 6,7 secondes et une vitesse de pointe de 230 km/h. Grosse nouveauté également chez Renault Sport, l'arrivée d'une boîte à double embrayage EDC, mais ses débuts n'ont pas franchement été convaincants avec de nombreux problèmes de surchauffe en cas d'utilisation intensive.

En 2015, l'inévitable version Trophy arrive, avec des jantes de 18 pouces, un échappement signé Akrapovič, et 220 chevaux sous le capot... Ce sera le point de départ de la création, en 2018, de la série limitée R.S. 18, une version qui sera produite six mois, de mars à septembre 2018 et qui sera donc la dernière Clio flanquée de l'insigne R.S. Mais à l'époque, nous ne le savions pas encore.

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Deux ans plus tard, au Salon de Francfort, la Mégane fait également peau neuve. La R.S. reçoit un nouveau quatre cylindres 1,8 turbo partagé avec l'Alpine A110 et délivrant 280 chevaux en version "standard" et 300 chevaux pour la Trophy. Les ingénieurs ont ajouté un différentiel avant actif avec vectorisation du couple et un système de roues arrière directrices pouvant pivoter jusqu'à 2,7 degrés.

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Le résultat est à la hauteur de Renault Sport avec des records en pagaille. En 2019, la firme tricolore pousse le bouchon encore plus loin avec la Trophy- R qui établit un nouveau record au Nürburgring dans la catégorie des tractions, toujours en vigueur aujourd'hui, avec un chrono de 7'40"100.

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Les versions spéciales

Chaque génération de Clio et de Mégane R.S. a connu un certain nombre d'éditions spéciales. Il y a notamment eu la Clio IV R.S. Gordini, la Mégane II F1 Team R26 ou encore la Mégane III Red Bull RB7 et RB8 Edition, créées en hommage aux victoires de l'équipe autrichienne en Formule 1 en 2012 et en 2013 avec Sebastian Vettel au volant. Renault était alors motoriste de l'écurie Red Bull à l'époque.

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Et la Twingo dans tout ça ?

C'est qu'on l'aurait presque oublié dans tout ça ! La Clio et la Mégane ne sont pas les deux seules voitures sur lesquelles Renault Sport a travaillé. En 2007, Renault présente une Twingo II R.S., une voiture très appréciée à l'époque pour son excellent 1,6 litre atmosphérique de 133 chevaux. La citadine pouvait également recevoir, en option, le châssis Cup, avec des réglages spécifiques, des jantes de 17 pouces à doubles rayons et des renforts au niveau du châssis. Comme la Clio IV, elle a aussi eu le droit à sa version Gordini.

 

Renault Sport n'est plus désormais, Alpine devenant ainsi l'entité sportive du Groupe Renault. Reste à savoir comment cela va s'articuler. Autant l'avenir de la marque Alpine est assuré avec une future A110 électrique conçue en collaboration avec Lotus, un SUV et une citadine, autant ce n'est pas certain que nous revoyons de si tôt des Renault un tantinet sportives.

Galerie: L'histoire de Renault Sport