Loeb - "Il faut apprendre à piloter sans savoir où aller"

On évoque souvent l'éclectisme des pilotes du passé, voire celui d'un Sébastien Bourdais, par exemple, aujourd'hui. Mais dans le genre, Sébastien Loeb n'est pas mal non plus.

Si la discipline du sport automobile qui vient directement à l'esprit le concernant est toujours le rallye, en raison bien sûr de son palmarès, il s'est aussi essayé au circuit en proto, GT puis WTCC, et occasionnellement aux courses sur glace ou au rallycross – avec des participations aux X Games en 1993 ou à la manche française du World RX, à Lohéac, l'an dernier, l'an dernier. Il avait même piloté une Red Bull lors de tests hivernaux de F1 il y a quelques années à Barcelone.

La première chose à laquelle je pense à propos du Dakar, c'est un poster que j'avais dans ma chambre quand j'étais jeune – une 205 jaune du Dakar.

Sébastien Loeb

Le Dakar, dont il prendra le départ pour la première fois en janvier prochain sur une Peugeot 2008 DKR officielle, est donc son nouveau défi. S'il survient après tous ceux cités plus haut, son envie de découvrir l'épreuve ne date pas d'hier.

“La première chose à laquelle je pense à propos du Dakar, c'est un poster que j'avais dans ma chambre quand j'étais jeune – une 205 jaune du Dakar,” raconte-t-il. “J'ai toujours essayé de le suivre depuis, et j'étais très attiré par l'aventure que ça pourrait être.”

Les sacrés numéros de l'équipe officielle du Lion alors dirigée par Jean Todt ayant porté en Afrique les couleurs d'un célèbre cigarettier, dont l'emblème était un non moins célèbre chameau, en 1987 et 1988, un rapide calcul permet de situer cette passion naissante aux alentours de 14 ans. Bref, à peu près à l'époque de la gym et des courses de mobylettes, bien avant ses débuts assez tardifs en rallyes.

On pourrait penser que les rallyes-raids sont ce qui ce rapproche le plus de sa discipline de prédilection, à l'exception peut-être du rallycross. Mais en réalité, les deux diffèrent profondément.

“Le rallye-raid est très différent de ce que j'ai fait avant,” poursuit Loeb, qui a effectué récemment ses débuts dans la catégorie au Maroc. “Piloter dans le désert avec une voiture très impressionnante doit procurer des sensations spécifiques. La course étant très longue – plus de deux semaines –, il faudra être endurant pour préserver le pilote et la voiture.”

“C'est une autre approche, mais je découvrirai ça en janvier. Il faut comprendre exactement où sont les limites de la voiture, et aussi piloter sans savoir où aller – en rallye, j'étais habitué à savoir où regarder. Là, on est à fond dans le désert, au milieu de nulle part. C'est quelque chose de complètement nouveau pour moi.”

J'ai un peu peur de me retrouver perdu dans le désert avec Daniel [Elena], mais ça fait partie du jeu.

Sébastien Loeb

Si les pilotes n'aiment pas évoquer leurs craintes, Sébastien Loeb fait preuve d'humilité en ne cachant pas les siennes à quelques semaines de sa première véritable expérience en la matière.

“J'ai un peu peur de me retrouver perdu dans le désert avec Daniel [Elena],” dit-il sans que l'on sache si cette phrase comporte aussi un clin d'œil teinté d'humour à son fidèle copilote et ami. “Mais ça fait partie du jeu et c'est pourquoi on se prépare aussi bien que possible.”

“Pour l'instant, j'ai peur, mais j'espère que nous serons prêts avant le Dakar, j'espère que nous serons en confiance. J'espère qu'on sera capables de lutter et de comprendre comment ça fonctionne. Mais pour ça, il faut un peu d'expérience.”

Une expérience que le duo continue d'engranger lors de longues séances de tests, car il n'aura plus la moindre séance d'essais grandeur nature, comme celle du Maroc, avant d'entrer dans le vif du sujet.