Loeb sur le Dakar : "Le cerveau fonctionne sur deux pistes parallèles"
Engagé sur le prochain Dakar avec Peugeot, Sébastien Loeb évoque les difficultés qui l'attendent dans l'approche du pilotage, s'appuyant sur son expérience passée dans de nombreuses conditions.
Photo de: Red Bull Content Pool
Après neuf titres de Champion du Monde des Rallyes, puis un passage en WTCC pendant deux saisons pour se frotter aux joutes sur circuit, Sébastien Loeb va s’attaquer dans quelques semaines à un nouveau défi : prendre le départ du Dakar en Amérique du Sud. A 41 ans, le Français a déjà un sacré palmarès derrière lui, qui comprend également sa folle ascension de Pikes Peak ou encore une deuxième place aux 24 Heures du Mans en 2006.
Avec autant de disciplines différentes auxquelles il a touché, Loeb a rencontré de multiples conditions au volant, avec des approches diamétralement opposées, par exemple quand il s’agit d’avoir à ses côtés ou non un copilote. L’expérience étant évidemment la clé, il a comme tout pilote fait l’apprentissage des circuits par cœur, mais il ne cache pas que, même en Rallye, il a pu mettre à profit son excellente mémoire visuelle.
"J’ai aussi appris le Pikes Peak par cœur", explique-t-il dans une interview accordée au Red Bulletin. "Et j’ai intégré le parcours de certains rallyes, surtout ceux qui ont un paysage varié. Je m’oriente en utilisant les dos d’âne, les arbres, les fleuves comme points de repère. J’ai toujours eu des facilités pour ça."
Une spéciale en aveugle
Des facilités qui lui ont permis de réaliser l’impensable en WRC, lorsque les caprices techniques de l’éclairage de son bolide lui ont fait prendre une décision pour le moins spectaculaire, celle de piloter en aveugle lors d'un rallye en 2007.
"C’était à l’occasion d’une étape en nocturne au Pays de Galles", raconte-t-il. "J’avais rencontré de gros problèmes avec mes phares. L’un louchait vers le ciel, l’autre vers le côté. Il pleuvait et il y avait du brouillard. C’était horrible. C’est pourquoi j’ai éteint les phares... et j’ai terminé cette spéciale dans le noir."
"Mieux vaut pas de lumière du tout qu’une mauvaise lumière. La lueur de la lune était suffisante pour me permettre de distinguer le bord de la route, vaguement,et j’ai complété le reste du parcours dans ma tête. Les instructions de mon copilote me permettaient de vérifier l’exactitude des images projetées dans ma tête."
Quand l’ouïe prend le relais de la vue
Si la présence de son copilote Daniel Elena fut absolument cruciale dans un tel contexte, le pilote aguerri qu’est Sébastien Loeb explique que le son dans l’environnement de l’habitacle joue lui aussi un rôle majeur. Jusqu’à prendre le relais du visuel s’il le faut.
"Les skieurs ne se contentent pas de voir une plaque de glace, ils l’entendent aussi. Le son de la glace est différent de celui produit par la neige", explique Loeb. "Ça fonctionne de la même manière chez moi : quand ce que j’entends ne correspond pas à ce que je vois ou à ce que j’avais prévu, je passe en mode alarme. Sauf que dans mon cas, les instructions de mon copilote remplacent le bruit des skis sur la glace."
Le cerveau fonctionne en permanence sur deux pistes parallèles.
Sébastien Loeb
Faire fonctionner le cerveau sur deux canaux différents pour prendre les bonnes décisions, c’est justement le défi qui attendra Loeb sur les routes d’Amérique du Sud à partir du 2 janvier prochain. A bord de la Peugeot 2008 DKR, il s’agira de garder la lucidité constamment nécessaire pour faire le bon choix au volant en fonction de tous les paramètres connus.
"Il s’agira d’avoir un regard qui porte loin tout en ne perdant jamais de vue son environnement immédiat", précise Loeb. "Un œil cherche le chemin tandis que le copilote en énonce vaguement les contours, mais sans pouvoir le décrire en détails, virage après virage, pierre après pierre. Cette voix qui résonne comme un lointain murmure dans la tête du pilote lui sert tout au plus à confirmer ses impressions visuelles."
"C’est vraiment très éprouvant. Tu dois gérer trop d’informations en même temps. La température extérieure est de 40 degrés, et dans la voiture, elle atteint 60 degrés, le cerveau fonctionne en permanence sur deux pistes parallèles. Et il suffit d’une erreur pour que tout s’arrête. C’est impossible de tout voir aussi vite."
Propos recueillis par www.theredbulletin.com
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