Au Dakar, Prodrive cherche à retrouver le chemin de la victoire
Après avoir connu de nombreux succès en Championnat du monde des Rallyes, Prodrive s'est lancé dans une nouvelle aventure tout-terrain. En 2021, la structure a participé à son premier Dakar et elle en a tiré les leçons dans l'espoir de remporter l'épreuve la plus prestigieuse du rallye-raid.
En dépit de ses récentes délocalisations, le Dakar reste l'une des épreuves les plus difficiles du sport automobile. C'est un événement qui nécessite sang, sueur, larmes, talent, bravoure et surtout chance pour rallier l'arrivée. Triompher dans ce marathon de plus de 7000 kilomètres qu'est le Dakar est donc un exploit monumental, et être coiffé de lauriers dès sa première tentative est incroyablement rare. Prodrive en a fait l'expérience cette année avec son projet Bahrain Raid Xtreme (BRX).
Ce premier galop d'essai a été conclu à la cinquième place. Et la préparation pour dominer l'édition 2022 a d'ores et déjà débuté. "Le Dakar est la course la plus difficile au monde, ce qui signifie que lorsqu'une nouvelle équipe arrive, c'est vraiment dur. Nous avons la chance d'avoir trouvé une équipe ayant une grande passion pour le sport automobile, ce sont des gars intelligents et c'est important", a commenté Nani Roma, pilote BRX.
Équipe d'usine Subaru pendant 19 saisons, Prodrive est synonyme de succès en Championnat du monde des Rallyes. L'équipe a remporté 47 épreuves, trois couronnes pilotes et autant chez les constructeurs. Prodrive sait ce qu'il faut faire pour gagner dans les environnements les plus hostiles, et la structure est prête à tout pour ajouter le Dakar à son brillant palmarès.
Soulignant son désir de réussite, Prodrive s'est engagé sur plusieurs années avec le Royaume de Bahreïn, a conçu ses propres voitures et s'est entouré des pilotes les plus expérimentés avec Sébastien Loeb, nonuple Champion du monde, et Nani Roma, double vainqueur du Dakar.
Le début de la conquête du Dakar remonte à 2019, lorsque Prodrive est parti d'une feuille blanche pour développer son modèle Hunter à moteur 3,5 litres turbo. Après des mois de travail, interrompus par la pandémie de COVID-19, l'équipe a fait ses débuts en Arabie saoudite en janvier 2021. Cette épreuve s'est avérée être un grand challenge pour BRX, soulignant à quel point le Dakar est cruel envers chaque nouveau participant.
Des débuts compliqués
Sébastien Loeb, qui n'a pas encore ajouté le Dakar à son palmarès, a vécu un supplice cette année. Le terrain rocailleux et désertique de l'Arabie saoudite a fait des ravages sur sa BRX. Le Français a vécu un premier revers lors de la cinquième étape. Plusieurs crevaisons et des erreurs de navigation l'ont laissé avec près d'une heure de retard sur les leaders. Et une pénalité de cinq minutes pour excès de vitesse dans une zone contrôlée lors de l'étape précédente a déclenché sa colère contre les officiels.
Dans la sixième étape, le bris d'un bras de suspension a définitivement enterré ses chances de victoire puisque la dépanneuse est arrivée avec la mauvaise pièce de rechange. Au total, Loeb a patienté huit heures pour recevoir la bonne pièce, la réparation ne prenant que 20 minutes... Enfin, l'aventure a pris fin lors de la huitième étape à la suite de deux crevaisons dans les 80 premiers kilomètres.
"Je pense que nous avons fait un bon travail en peu de temps", a pourtant résumé Loeb. "Je pense que pour une première participation au Dakar, c'est un bon résultat et une bonne expérience sur laquelle nous pouvons nous baser pour l'avenir. Il est certain que nous avons appris beaucoup de choses. Je pense que l'équipe a fait un super job pour identifier ce qui a bien fonctionné et ce qui n'a pas marché sur ce Dakar. Nous savons qu'il y a certaines choses à changer pour tenter d'optimiser les performances l'année prochaine."
Nani Roma, son coéquipier, a lui aussi rencontré des difficultés de navigation pendant l'épreuve. Cependant, le parcours de l'Espagnol a été beaucoup moins chaotique. Il a terminé l'épreuve en cinquième position, à 3h21 du vainqueur, Stéphane Peterhansel.
"Je pense que personne ne croyait [que nous pourrions finir cinquième lors de la première participation]. La cinquième position n'est pas notre objectif pour être honnête, l'équipe s'attend à gagner la course, mais pour une première année, c'est incroyable", a-t-il expliqué.
"Les gars y ont cru jusqu'au bout. La voiture a fait ses premiers tours sur le sable le 2 novembre et deux mois plus tard, nous étions au Dakar. Le travail de l'équipe a été incroyable. Je pense que dans l'Histoire du Dakar, aucune équipe n'a conçu une voiture et obtenu un tel résultat en si peu de temps. Je suis vraiment chanceux de finir cinquième et c'est dommage que Seb ait abandonné. Nous avons fait un excellent travail."
De dures leçons mises en pratique
Le retard sur le vainqueur et les nombreuses avaries ayant touché les pilotes ont poussé Prodrive à revoir son approche en interne afin de s'assurer que rien ne soit négligé pour 2022.
"C'est un processus très analytique, chaque petit détail est examiné à la loupe et chaque personne est jugée dans son implication au niveau technique sur la voiture, ainsi que sur le plan individuel en ce qui concerne nos différents rôles", a expliqué David Richards, directeur de l'équipe Bahrain Raid Xtreme.
En conséquence, BRX a fait le ménage pour s'assurer d'être à la hauteur des défis lancés par l'Arabie saoudite, ce qui comprend des changements sur la suspension, la carrosserie et les roues. Et grâce à une série de modifications apportées par la FIA et ASO, les 4x4 disposeront dorénavant d'un châssis de 2,30 mètres de large (au lieu des deux mètres auparavant), d'un débattement de suspension de 350 mm (contre 280 mm) et, surtout, des roues similaires à celles des buggies (37 pouces).
"Les crevaisons étaient l'un des problèmes fondamentaux que nous avons rencontrés [en 2021]", a indiqué Richards. "Il est clair que nous ne pouvons pas tout contrôler mais ces problèmes étaient liés à la taille de la roue et du pneu. La FIA et ASO ont convenu d'un pneu plus grand pour l'année prochaine, ce qui nous mettra sur un pied d'égalité avec les buggies, qui avaient un avantage sur nous cette année."
"Nous devons redessiner une grande partie de la voiture : les suspensions, les roues, les pneus et la carrosserie. Il y aura des changements sur la transmission également. Nous commencerons en juillet et il y aura un programme d'essais très intense, puis nous participerons à quelques événements en fin d'année pour tester la voitures en conditions réelles."
Alors que Prodrive a été occupé à améliorer les performances de sa voiture, Loeb et Roma ont cherché à résoudre leurs problèmes de navigation. Ainsi, Loeb s'est séparé de Daniel Elena, mettant un terme à une relation professionnelle longue de 23 ans et ayant apporté neuf Championnats du monde des Rallyes. Les exigences du Dakar, comprenant un nouveau road-book électronique remis au départ de chaque étape, ont exigé un changement. Désormais, Loeb fera équipe avec Fabian Lurquin, copilote de rallye-raid expérimenté. De même, Roma devrait prochainement annoncer un nouveau copilote.
"J'ai pris une décision importante, celle de changer de copilote", a révélé Loeb. "Ce n'était pas un choix facile à faire. J'ai été avec [Daniel Elena] pendant 23 ans et nous avons vécu des moments formidables ensemble. Mais l'équipe essaie de faire de son mieux pour résoudre tous les petits problèmes pour performer l'an prochain et je pense que de mon côté, je devais faire de même."
"Avec cette nouvelle réglementation, ce changement de road-book avec le système électronique que vous obtenez seulement le matin, avant le départ, c'était très compliqué pour nous qui venions du WRC, sans avoir cette grande connaissance du rallye-raid."
Nouveaux concurrents
Même si Prodrive abordera l'édition 2022 en étant mieux préparé, les challenges ne perdront pas en intensité. L'équipe devra notamment composer avec un adversaire redoutable faisant son grand retour sur le devant de la scène du tout-terrain : Audi. Et le constructeur allemand prendra d'assaut l'épreuve avec un véhicule hybride électrique.
Audi développe son arme pour le Dakar depuis plus d'un an et n'a pas fait dans la demi-mesure pour ses pilotes. Stéphane Peterhansel, vainqueur du Dakar à 14 reprises, Carlos Sainz, triple vainqueur, et Mattias Ekström porteront tous une combinaison affichant fièrement les quatre anneaux. L'arrivée d'Audi ne fait que souligner davantage le prestige du Dakar et justifie le fait que l'épreuve devient le nouveau champ de bataille des constructeurs en sport automobile.
Avec des attentes revues à la hausse et l'arrivée d'un sérieux concurrent, le prochain Dakar pourrait s'avérer encore plus difficile pour BRX, comme le prédit Nani Roma. "La deuxième édition est plus difficile que la première", a-t-il avancé. "La première fois, tout est nouveau, on peut faire plus d'erreurs et avoir des problèmes. Pour la deuxième année, nous nous attendons à travailler beaucoup plus dur, car l'équipe connaît mieux cette course. Je suis sûr que nous aurons une voiture beaucoup plus compétitive. Dès le départ, j'ai dit à David que notre objectif était de gagner."
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Meilleurs commentaires
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.