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Zoom sur la préparation mentale en sport automobile

Le mental prend une place de plus en plus prépondérante dans la préparation du pilote automobile de haut niveau. Motorsport.com s'est entretenu avec Stéphane Vouillot, préparateur physique et mental du pilote de DTM Bruno Spengler.

Bruno Spengler, BMW Team MTEK

Photo de: ITR eV

Bruno Spengler, BMW Team MTEK
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team Schnitzer
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK
Bruno Spengler, BMW Team MTEK BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Podium : Bruno Spengler, BMW Team MTEK BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM
Bruno Spengler, BMW Team MTEK, BMW M4 DTM

C'est désormais établi, le métier de pilote automobile requiert tout un ensemble de compétences, outre techniques, également physiques. Aujourd'hui, la préparation d'un pilote de haut niveau se doit également d'être complétée par un travail poussé sur le mental, comme l'a expliqué Stéphane Vouillot, qui travaille notamment avec le pilote de DTM Bruno Spengler.

Kinésithérapeute et ostéopathe de formation dans le milieu du sport, Stéphane Vouillot a rencontré Bruno Spengler il y a plus d'une douzaine d'années, dans le cadre du travail de rééducation du pilote québécois suite à son accident survenu en essai au volant de sa Formule 3 Euroseries sur le circuit de Dijon-Prenois. Les deux hommes n'ont cessé de travailler ensemble depuis, et Stéphane Vouillot a accompagné Spengler lors de son passage en DTM, il y a de cela onze ans.

"Au fil du temps, à force de passer du temps ensemble et de se connaître au cours des différents ateliers d'exercices physiques, nous avons mis en place des petites choses visant à améliorer l'approche des weekends de compétition", explique Stéphane Vouillot.

"Je me suis surtout rendu compte que lorsque le physique était optimisé, la recherche de la performance passait par l'optimisation du mental. Mais comme on évolue à un très haut niveau, il ne faut pas faire n'importe quoi. J'ai donc suivi une formation de Coaching et Préparation Mentale à Dijon. Là, j'ai rencontré un enseignant qui m'a lui-même coaché, ce fut une véritable révélation. J’ai suivi ensuite sa formation 'Devenir Coach ODBI'".

Ainsi, la préparation mentale s'intègre au sein du processus de travail physique avec le pilote, elle en est même complémentaire. Une préparation qui consiste notamment à poser des jalons qui permettent au pilote, ou à tout sportif de haut niveau, de bénéficier de points de repères qui le guident lors d'échéances sportives de prime importance.

Un déroulé bien défini

"Avec Bruno par exemple, nous avons mis en place une sorte de procédure, toujours la même, que l'on déroule avant et après chaque weekend de compétition", continue Stéphane Vouillot. "Ensuite, nous sommes dans le weekend de course à proprement parler, et nous essayons d'instaurer des "ancrages" pour chaque moment clé du week end, en essayant de jongler avec les impératifs inhérents aux plannings toujours très chargés des pilotes de DTM, entre les réunions techniques, médias, fans, sponsors, et bien entendu les séances d'essais et les courses".

Ainsi, en dépit de toutes ses sollicitations, le pilote dispose de repères qui l'aident à avancer dans sa concentration : les fameux ancrages. "Un ancrage est quelque chose qui ramène le pilote à sa concentration, une sorte de rappel. Quoiqu'il se passe autour de vous, il vous permet de revenir à votre concentration", explique Stéphane Vouillot. Les ancrages sont des repères "sensitifs" (kinesthésiques, visuels, auditifs...) qui doivent correspondre aux préférences du sportif et qu’il associe à la performance".

"Puis la semaine qui suit la course, on fait le ménage, c'est une phase de récupération physique et mentale", continue Stéphane Vouillot. "On fait le bilan du weekend, on "vide les poubelles", cela permet de faire " le ménage" et de se projeter sur la prochaine course…"

"Je ne suis pas pilote moi-même. Mais j'agis plutôt comme un catalyseur"

Pour autant, Stéphane Vouillot, par ailleurs détaché par Formula Medicine en tant que kinésithérapeute ostéopathe auprès des membres de l'équipe BMW en DTM, ne se veut pas omniprésent dans l'environnement proche de Bruno Spengler.

"Le but d'une préparation mentale est de rendre la personne autonome dans ce processus. On est là au cas où. Au besoin, on peut reprendre ensemble la situation donnée et résumer sur quoi l'on doit se concentrer. Le principe est de faire émerger la solution par la personne. En cela, c'est différent du coach sportif pur et dur. Je ne suis pas pilote moi-même, je serais incapable de lui expliquer comment prendre un bon départ, où que sais-je. Mais j'agis plutôt comme un catalyseur".

"Cela nécessite bien entendu de bien connaître le sportif que l'on accompagne. Cela se fait avec le temps, mais également par le biais de techniques de décryptage de personnalités très précises, de processus de questionnements. Cela permet de dégager des personnalités, de déceler si certains comportements sont liés à des "blessures", des choses ancrées profondément et qui sont le fruit d'un certain vécu".

Une pratique qui reste tabou pour certains pilotes

Reste que les acteurs du sport automobile, les pilotes en premier lieu, n'ont pas encore tendance à communiquer sur leur propre préparation mentale, s'ils en suivent une.

"Je pense que beaucoup de gens travaillent sur leur mental en sport automobile, mais peu en parlent", conclut Stéphane Vouillot, qui travaille également avec d'autres sportifs comme des footballeurs ou des handballeurs, notamment, voire même des personnes "privées". "Romain Grosjean est l'un des premiers à avoir parlé ouvertement de cet aspect de sa préparation. En cyclisme, je sais que la Française des Jeux travaille avec un préparateur mental, Teddy Riner également".

Par exemple le Dr. Ceccarelli de Formula Medicine, qui fait référence dans le milieu du sport automobile, intègre la partie mentale de la préparation des pilotes et dans tous ses bilans.

Un métier en pleine évolution

"Il y a 15 ans, les entraîneurs n'accordaient que peu de crédits aux préparateurs physiques, car ils pensaient pouvoir s'en passer et faire le boulot eux-mêmes. Aujourd'hui, c'est rentré dans les mœurs et chaque équipe à son ou ses préparateurs. Personne ne conteste actuellement les bienfaits de cette expertise. Je pense que l'on suivra la même tendance avec la préparation mentale".

"La performance pour un pilote de course, c'est la somme de compétences techniques, physiques et mentales. À l'heure actuelle, on a fait de tel progrès en termes de préparation physique, on est arrivés à un point qui fait que si l'on veut encore améliorer la performance du pilote, on ne peut que passer par l'optimisation de sa préparation mentale, un domaine qui est ainsi appelé à se développer dans les années à venir".

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