Analyse

Les nouvelles règles pourraient changer la donne en F1

Un ensemble largement revu de règles visant à assurer la survie à long terme de la F1 devrait être validé dans les prochaines heures par le Conseil Mondial de la FIA, et pourrait faire entrer la discipline dans une nouvelle ère.

Alex Albon, Red Bull Racing RB16

Alex Albon, Red Bull Racing RB16

Zak Mauger / Motorsport Images

Après le soutien reçu la semaine dernière par les équipes de F1, le 'New Deal', qui regroupe un ensemble de règles concernant le châssis, le moteur, ainsi que les règlements technique et sportif, devrait être formellement approuvé par vote électronique ce jour. Mais en dépit de discussions animées tournant autour de la réduction des coûts et du plafond budgétaire, qui devrait être validé à 145 millions de dollars pour 2021 et encore réduit par la suite, les changements s'étendent bien plus loin et vont définir ce que sera la F1 pendant plusieurs années.

Le plafond budgétaire mènera avant tout à une réduction des effectifs, et McLaren a déjà annoncé que 70 employés du programme F1 seraient licenciés. D'autres suppressions de postes pourraient être annoncées, et pour les motoristes, le scénario d'un gel du développement à la manière de celui opéré à la fin de l'ère des V8 permettra de réduire grandement les coûts. L'idée est de limiter les changements de spécification moteur des différents composants, avec une seule modification prévue en 2021 et une autre dans les deux années suivantes, avant un gel total entre 2023 et 2025, date de l'arrivée probable des nouveaux blocs.

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Avec les unités de puissance gelées, il est toutefois probable de voir une réglementation légèrement évoluée, mais pas radicalement changée à ce niveau. Ces plans seront bienvenus pour les constructeurs, d'autant que les coûts de développement des moteurs ne sont pas inclus dans les plafonds budgétaires.

"Nous avons pu insister sur la limitation de la folle course au développement des moteurs, et c'est dingue de voir ce que nous dépensons sur le moteur. Cela changera enfin", avait déclaré Cyril Abiteboul, directeur de Renault, à Motorsport.com. Cependant, ce n'est pas le contrôle des coûts et le ralentissement du développement pour économiser de l'argent qui vont changer la donne en F1, mais plutôt le fait d'accepter une nouvelle manière de penser qui pourrait largement revoir la hiérarchie.

Depuis des années, la F1 essaie de concentrer tous ses efforts pour conserver le sens du mérite et le fait de récompenser les meilleures équipes. Il y avait peu de compassion pour les petites équipes ou les nouveaux arrivants de la part des géants du sport. Mais ce fossé dans les gains en a créé un autre en performance, ainsi qu'un écart en puissance politique, qui a mené inévitablement à la création d'une faille énorme entre les équipes de pointe que sont Mercedes, Ferrari et Red Bull Racing, et le reste du plateau. Et la révolution technique et financière, planifiée initialement pour 2021, devait justement se pencher sur cet écart à combler.

Cependant, la pandémie de COVID-19 a poussé les patrons d'équipes à réfléchir différemment, et à ouvrir l'esprit quant à une pensée plus collective, menant aujourd'hui à l'accélération de ces changements et de la prise de décisions plus radicales qui doivent entraîner un fonctionnement plus sain de la F1. Des règles comme le système de handicap du développement aérodynamique, permettant aux plus petites équipes de passer plus de temps en soufflerie et de travailler davantage sur la conception par ordinateur, ou encore l'utilisation de pièces développées en open source sont des concepts qui étaient impensables il y a encore un an. Une idée qui, pour Abiteboul, est encourageante pour l'avenir.

"Pour la première fois, la F1 va se diriger vers l'ouverture des technologies que nous développons", poursuit Abiteboul. "Le fait que toutes les équipes collaborent ensemble et développent ce qui est le mieux dans certains domaines, avec des composants open source, est une chose fantastique pour moi. C'est bien mieux, bien plus efficace, bien plus juste et transparent, que les arrangements avec les équipes clientes."

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Les changements ne feront pas miraculeusement de Williams une équipe Championne du monde, et ils n'empêcheront pas les meilleurs cerveaux de produire les meilleures voitures, mais ils permettront sans doute assez d'évolution pour que la F1 ne soit plus aussi prévisible. Et comme l'a dit une source, c'est également un premier pas important effectué par la F1 pour que les directeurs et les équipes travaillent ensemble afin de trouver de meilleures solutions pour le groupe et non pour un simple team.

Si les règles de développement aérodynamique et les idées d'open source fonctionnent, quels seront les prochains axes de travail pour aider les plus petites équipes afin d'offrir une compétition encore plus acharnée ? Il est possible d'envisager ces décisions comme un moyen de rendre le succès encore plus mérité et spécial. 

L'an dernier, Carlos Sainz avait pris l'exemple du MotoGP, qui avait réussi à accepter les règles de concession, permettant aux constructeurs en difficulté d'avoir plus de tests et plus d'évolutions moteurs : "Le principal retour est que [les équipes de pointe] étaient initialement sceptiques, mais je pense qu'elles sont désormais plus heureuses que jamais car elles gagnent toujours, même davantage, et elles se battent contre plus de monde. Cela renforce l'image des constructeurs et des marques, car ils se battent contre davantage de [rivaux]. C'est un très bon exemple et c'est une chose que j'aimerais voir à l'avenir en F1."

De tels espoirs devraient bientôt obtenir une réponse, et pourraient ouvrir une porte à une F1 différente à l'avenir, au sein de laquelle de telles propositions deviendraient soudainement une norme. À l'évocation de cette idée, Abiteboul poursuit : "Nous sommes dans un sport, nous nous mesurons d'autres équipes et je ne retire pas cela. Ça doit rester. Mais trouver une manière pour les équipes de collaborer un peu plus pourrait probablement être une leçon de cette crise, et probablement une chose que les fans, en particulier la jeune génération qui veut davantage de collaboration entre les entreprises et les pays, aimeraient voir de plus en plus en F1. Nous pourrions avoir, avec le New Deal, un cadre pour ce genre de choses."

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