Il y a 10 ans : l'ultime podium de Michael Schumacher

Le Grand Prix d'Europe 2012 a été le théâtre de l'une des plus belles victoires en carrière de Fernando Alonso, devant son public de Valence, mais il a aussi été marqué par la dernière apparition de Michael Schumacher sur un podium de F1. C'était il y a 10 ans jour pour jour.

Podium : le troisième, Michael Schumacher, Mercedes AMG F1

Photo de: Andy Hone / Motorsport Images

Le Grand Prix d'Europe 2012 fait partie des courses modernes les plus chaotiques, avec de nombreux rebondissements et de belles performances de la part des grands noms de la discipline. La remontée de Fernando Alonso depuis la 11e place pour aller chercher la victoire reste l'un de ses plus beaux accomplissements, et l'émotion de l'Espagnol sur le podium ne trompait pas. À ses cotés ce 24 juin 2012, en troisième position, Michael Schumacher célébrait son premier podium avec Mercedes et, il ne le savait pas encore, son 155e et dernier dans la discipline.

Le début de saison avait été difficile pour l'Allemand jusqu'à Valence, car le potentiel de sa monoplace et sa capacité à en tirer le meilleur semblaient bien plus élevés qu'en 2010 et 2011, mais les résultats peinaient à venir à cause de circonstances ne dépendant pas toujours du pilote. Nico Rosberg avait remporté la première victoire de Mercedes en F1 depuis plus de 50 ans en Chine, prouvant les progrès effectués par l'équipe avec sa W03. Ce jour-là, Schumacher était en route pour un podium mais une roue mal fixée l'avait contraint à l'abandon.

Par la suite, d'autres bons résultats avaient été manqués, comme en Australie, mais surtout à Monaco, où il avait signé la pole position avant de devoir purger une pénalité infligée en Espagne après un accident dont il était entièrement responsable avec Jean-Éric Vergne. En arrivant à Valence, Schumacher n'avait inscrit que deux points au championnat avec deux dixièmes places en Malaisie et à Bahreïn. Des résultats dont il ne pouvait pas se satisfaire, y compris au crépuscule de sa carrière.

Michael Schumacher lors du GP d'Europe 2012.

Michael Schumacher lors du GP d'Europe 2012.

Le week-end de l'Allemand n'avait pas bien commencé sur le tracé urbain et très technique de Valence, qui accueillait pour la cinquième et dernière fois la Formule 1. Une erreur en Q2 lors de sa première tentative l'avait obligé à jouer la prudence dans la seconde, provoquant son élimination avec une 12e place. Un résultat qui le faisait partager la sixième ligne de la grille avec Alonso, et aucun des deux ne semblait en mesure de viser le podium le lendemain. 

C'était d'autant plus une réalité pour Schumacher après le départ, qui a vu Alonso se porter au huitième rang, tandis que l'Allemand a résisté à une touchette avec Bruno Senna au premier virage puis perdu une place face à Jenson Button, le repoussant au 13e rang avec l'idée de ne faire qu'un seul arrêt au stand, au terme d'un long premier relais en pneus mediums. Les températures élevées de l'asphalte espagnol ont forcé Mercedes à changer ces plans avant même que Schumacher n'entre pour son premier arrêt après une défense solide d'Alonso, qui était équipé de pneus plus frais. L'équipe a décidé de passer Schumacher sur une stratégie à deux arrêts et de lui chausser des pneus tendres, le repoussant au 17e rang.

Des débris laissés en piste après un accrochage entre Vergne et Heikki Kovalainen ont provoqué la sortie de la voiture de sécurité et un second arrêt au stand pour la plupart des pilotes. Chaussé de gommes n'ayant effectué que 10 tours, Schumacher est resté en piste et a donc pu remonter au septième rang. Après que le leader Sebastian Vettel a rencontré des problèmes menant à son abandon, Schumacher est passé sixième, puis cinquième après le pitstop de Daniel Ricciardo. L'Allemand devait toutefois effectuer un deuxième arrêt afin de remettre des pneus tendres pour aller au bout de la course.

Michael Schumacher devant Bruno Senna à Valence.

Michael Schumacher devant Bruno Senna à Valence.

Ce fut chose faite à 16 tours du drapeau à damier, et Schumacher est ressorti 11e avec un rythme nettement supérieur à ses rivaux, et notamment Mark Webber qui avait réussi l'undercut sur la Mercedes. Grâce à ses pneus bien plus frais, il a pu lancer une attaque sur l'Australien et effectuer un dépassement crucial pour la fin de la course, avant de se lancer à l'assaut de ses autres rivaux. Lors de sa remontée, Schumacher a d'ailleurs emmené Webber avec lui, ce dernier profitant à la fois du sillage de la Mercedes, mais aussi du fait que les pilotes devant eux étaient en grande difficulté avec leurs Pirelli. 

Les gommes tendres utilisées par les deux hommes étaient le bon choix, puisqu'ils tournaient une seconde au tour plus vite que le leader, Alonso. Après avoir dépassé Vitaly Petrov, ils se sont défaits de Button, de Sergio Pérez et Paul Di Resta en l'espace de quelques tours. Grâce à l'arrêt de Rosberg, Schumacher était de retour au cinquième rang. Dans l'avant-dernier tour, l'opportunité d'un podium s'est présentée, non sans avoir dépassé Nico Hülkenberg entre-temps, son compatriote étant lui aussi victime de dégradation de ses pneus. L'accrochage tardif entre Pastor Maldonado et Lewis Hamilton a ensuite permis à Schumacher de récupérer la troisième place.

Ayant tenu jusqu'au bout en dépit de la pression infligée par Webber, Schumacher a signé son premier podium depuis le Grand Prix de Chine 2006, qu'il avait remporté, mais n'a même pas réalisé qu'il était troisième en franchissant la ligne d'arrivée. "J'ai demandé à mes gars où nous avions fini", avait déclaré le septuple Champion du monde. "J'ai vu le panneau des stands de Webber et près de l'arrivée, il nous plaçait septième et huitième, et je savais que j'avais une place de mieux. Puis les gars m'ont dit troisième, un podium, et je n'arrivais pas à y croire ! C'est quelque chose que je n'attendais pas, j'avais perdu le compte car j'étais très occupé en fin de course, et Hamilton et Maldonado ont eu leur problème, donc j'ai vraiment perdu le compte."

Michael Schumacher à l'arrivée du GP d'Europe 2012.

Michael Schumacher à l'arrivée du GP d'Europe 2012.

Ce podium était très important pour lui puisque c'était son premier depuis son retour en 2010 : "C'est un sentiment incroyable d'être de retour après si longtemps. Nous en avons été proches à plusieurs reprises et ça s'est finalement réalisé de manière très spectaculaire sur une piste où il est difficile de dépasser. Mais grâce aux diverses stratégies et aux différences en piste, c'était assez palpitant et c'est la meilleure manière de signer un podium si vous gérez [la course] comme je l'ai fait aujourd'hui. Le faire dans ces conditions me rend encore plus heureux. C'est pour ça que je suis là, pour être passionné, et entendre le message 'P3' est une belle fin à une course inattendue."

Le directeur de Mercedes, Norbert Haug, espérait au soir du Grand Prix d'Europe 2012 que ce soit le premier d'une longue série de podiums pour Schumacher : "C'est important et d'autres podiums viendront quand nous lui donnerons la voiture dont il a besoin en termes de vitesse et de fiabilité", avait déclaré l'Allemand à Motorsport.com. "Il aurait pu dire 'j'ai gagné 91 courses, pourquoi devrais-je être heureux ?', mais il était vraiment satisfait et il est faux de dire que ce n'était pas mérité. Il était cinquième à deux tours de l'arrivée, mais je peux vous raconter beaucoup d'histoires lors desquelles il était cinquième et où les choses se sont retournées contre lui. Ce que nous avons vu à Valence, c'est que le rythme pur était là."

Le podium du GP d'Europe 2012 à Valence.

Le podium du GP d'Europe 2012 à Valence.

Un rythme pur qui poussait de nombreux observateurs à encourager Mercedes à prolonger Schumacher, qui souhaitait rempiler avec Mercedes après avoir connu plusieurs saisons délicates. Mais les discussions avec un Hamilton dont la frustration était de plus en plus visible chez McLaren étaient bien entamées et le contrat a été validé quelques semaines plus tard, ne laissant d'autre choix à Schumacher que celui de prendre une retraite définitive.

Le Grand Prix d'Europe a donné un second souffle à la saison 2012 du pilote le plus titré de l'Histoire, même si ça ne l'a pas empêché d'être remercié en fin de saison. Après Valence, il a inscrit 32 points contre 18 à son équipier, et a permis à Mercedes de terminer cinquième du classement, devant Sauber. Son 155e podium, partagé avec Alonso et Kimi Räikkönen, ainsi qu'Andrea Stella avec qui il avait travaillé chez Ferrari, reste un moment qui a satisfait de nombreux observateurs, fans ou non de l'Allemand, qui venait là de concrétiser par un bon résultat une alliance ambitieuse avec Mercedes.

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