1968 - La course héroïque de Jackie Stewart sur le Nürburgring

Le pilote écossais Jackie Stewart a disputé une course formidable lors du Grand Prix d’Allemagne en 1968, terminant l'épreuve avec une avance faramineuse sur ses rivaux.

Jackie Stewart, Matra MS10 Ford

Jackie Stewart, Matra MS10 Ford

LAT Images

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Jackie Stewart, Matra MS10 Ford
Bruce McLaren, McLaren M7A
Graham Hill, Lotus 49B-Ford
Jackie Oliver, Lotus 49B-Ford
Vic Elford, Cooper T86B-BRM
Graham Hill, Lotus 49B-Ford
Vic Elford, Cooper T86B-BRM
John Surtees, Honda RA301
Jochen Rindt, Brabham BT26-Repco
Jean-Pierre Beltoise, Matra MS11

Le Grand Prix d’Allemagne 1968 a lieu le 4 août sur ce tracé dantesque qu’on surnomme "l’enfer vert" ; le très long et redoutable circuit du Nürburgring, long de 22,8 km et parsemé de 176 virages.

Jackie Stewart est engagé par Matra International via l’écurie Tyrrell Racing Organisation de Ken Tyrrell. Toutefois, Stewart souffre encore d’une fracture du poignet, conséquence d’un accident survenu en début de saison lors d’une course de Formule 2 organisée sur le circuit de Jarama, en Espagne, et qui lui a fait rater deux Grands Prix.

Ken Tyrrell, inquiet, a demandé au Français Johnny Servoz-Gavin de se tenir prêt à remplacer Stewart si ce dernier ne se sent pas en condition de piloter. Les mécanos ont aussi modifié la crémaillère de la Matra MS10-Ford afin de rendre la direction aussi légère que possible, car il n'y avait pas de direction assistée à cette époque !

Une météo épouvantable

La région de l’Eifel, où est niché le circuit du Nürburgring, possède son propre microclimat, habituellement maussade. C’est donc un temps gris, de la pluie et du brouillard qui accueillent les pilotes de F1 pour ce Grand Prix prévu sur 14 tours.

Les qualifications se déroulent dans des conditions climatiques pénibles. Il n’est donc pas étonnant de voir Jacky Ickx, le maître du pilotage sous la pluie, établir le meilleur chrono en 9'04"0 au volant de sa Ferrari 312.

Son coéquipier, Chris Amon, réalise le deuxième meilleur temps, mais il est relégué à près de 11 secondes par Ickx ! Jochen Rindt, sur Brabham BT26-Repco, est troisième avec un retard de 28 secondes (eh oui, 28 secondes !) sur le Belge en pole position. La seconde ligne de départ est composée de Graham Hill sur Lotus 49B-Ford et Vic Elford sur Cooper T86B-BRM. Jackie Stewart est sixième, devant John Surtees sur la Honda RA301 et Piers Courage sur une BRM P126.

Le dimanche matin, la température est toujours exécrable. Les officiels retardent le départ dans l’espoir d’une amélioration. Hélas, non. Il pleut encore et toujours quand les moteurs sont démarrés. Pour Stewart, cette pluie est la bienvenue, car elle rend la direction un peu plus légère, lui qui ressent encore des douleurs à son poignet blessé.

Assis dans sa Matra MS10 bleue, Stewart sait aussi que ses pneus pluie Dunlop ont été excellents lors de la précédente course disputée sous la pluie aux Pays-Bas, quelques semaines plus tôt. En revanche, sur ce très long circuit allemand, il se méfie des Firestone qui équipent les Lotus et les Ferrari.

Piloter sans visibilité

Au drapeau vert, les pneus des 20 bolides patinent furieusement sur le tarmac humide et le peloton fonce vers le premier virage. Hill mène la meute devant Amon et les autres concurrents. Il est le seul à jouir d’une visibilité parfaite, car tous les autres pilotes sont noyés dans l’eau soulevée par les larges pneus des monoplaces et dans l’épais brouillard. C’est du pilotage à l’aveugle, sans visibilité, les pilotes se fiant uniquement au son des autres moteurs et aux lignes blanches tracées au bord de la piste pour naviguer.

Stewart est étonné de constater que sa Matra tient bien la route en dépit des conditions apocalyptiques. Il se rapproche vite de la Ferrari d’Amon et la double juste avant le pont d’Adenau. Puis, l’Écossais rattrape et double la Lotus de Hill à la sortie du petit Karussel. Ça y est : il est en tête !

Stewart boucle le premier tour avec une dizaine de secondes d’avance sur Hill. Puis viennent Amon, Rindt, Dan Gurney sur sa Eagle T1G-Weslake et Jacky Ickx, mystérieusement en retrait.

Stewart pilote à son aise, sans trop pousser. Mais ses pneus pluie Dunlop font des merveilles dans ces conditions ardues. À la fin du deuxième tour, Stewart possède une avance gigantesque de 34 secondes sur son plus proche rival.

Hill, en seconde position, part en tête-à-queue. Il s’extrait du cockpit de sa Lotus, la pousse dans la bonne direction, grimpe à bord, et repart avant que Rindt le rejoigne. Chris Amon va lui aussi effectuer une pirouette, sans trop de conséquences toutefois.

Après avoir passé deux heures et 19 minutes en enfer, Stewart voit enfin le drapeau à damier être agité pour lui signifier sa victoire. Son avance est colossale : quatre minutes et trois secondes, soit presque la moitié d'un tour sur Graham Hill qui termine second. Rindt arrive en troisième position devant Ickx, Jack Brabham (Brabham-Repco) et Pedro Rodriguez (BRM).

Ce jour-là, Jackie Stewart fut réellement impérial.

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