Retour sur la première victoire en F1 de Jacques Laffite

Après un début de saison 1977 décevant, sans points au compteur, Jacques Laffite réalise l’exploit de remporter sa première victoire en Formule 1 lors du Grand Prix de Suède.

Jacques Laffite, Ligier JS7

Jacques Laffite, Ligier JS7

LAT Images

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La première victoire de l'exubérant Jacques Laffite sera le premier des neufs succès en F1 de l'écurie française Ligier. L'équipe, dirigée par l'ancien rugbyman haut en couleur Guy Ligier, a fait ses débuts en Grand Prix au Brésil en 1976, et elle récolte ses premiers lauriers à sa 24e participation. L'attente n'aura pas été longue ! Comparez cet exploit à l'écurie Sauber qui court en F1 depuis 1993 (sous son nom propre ou sous une autre identité) et qui n'a toujours pas remporté une seule victoire malgré ses 500 Grands Prix au compteur…

Quant à Laffite, il a effectué ses débuts en F1 en 1974 en Allemagne sur une Token, une monoplace qui était en fait la Rondel F1 de Ron Dennis et de Neil Trundle, qui n'a jamais couru et qui fut rachetée par Tony Vlassopoulo et Ken Grob. Par la suite, Laffite a couru pour Frank Williams sur des voitures dépassées. Il fut recruté par Guy Ligier pour disputer la saison 1976 pour sa nouvelle écurie. Laffite n'était plus un jeunot, et c'est à 33 ans qu'il va remporter sa première victoire, un âge où les pilotes d'aujourd'hui songent plutôt à la retraite !

Le début de saison 1977 de Laffite n'est guère reluisant : trois pannes mécaniques, deux accidents et deux septièmes places, à l'époque hors des points. L'écurie Ligier arrive dans le paddock du GP de Suède, sur le circuit tourmenté d'Anderstrop, long de 4 km, dont la ligne droite sert aussi de piste d'atterrissage pour de petits avions. Guy Ligier n'est pas sur place, ayant préféré aider son autre écurie aux 24 Heures du Mans.

Mario Andretti décroche la pole sur sa Lotus 78-Ford devant la Brabham BT45B-Alfa Romeo de John Watson et la McLaren M26-Ford de James Hunt. Laffite, aux commandes de la Ligier JS7 à moteur V12 Matra, se classe au huitième rang. Pas de quoi célébrer.

De nouveaux pneus font leur apparition

Toutes les voitures sont chaussées de pneus Goodyear, mais la firme américaine craint beaucoup l'arrivée programmée de Michelin et du premier pneu slick radial en F1 avec Renault. Un nouveau lot de pneus arrive durant le week-end ; des pneus plus tendres, analogues à ceux de la saison passée, ainsi que de nouveaux pneus avant.

Bien que ne faisant pas partie d'une écurie de pointe, Laffite a quand même droit à ces pneus. Sa JS7 est alors transfigurée, mieux équilibrée, et le Français signe le meilleur chrono du warm-up.

Au départ, la meute s'arrache de la grille dans un vacarme strident. À la fin du premier tour, Watson mène, mais il est vite doublé par la Lotus d'Andretti. Laffite a perdu des places et pointe en 11e position. Toutefois, le comportement de sa Ligier est irréprochable, et il entreprend une brillante remontée. Au 23e tour, il est septième.

Au 30e passage, Laffite occupe la quatrième place derrière la McLaren M23 de Jochen Mass. Au 38e tour, il double Mass. Une boucle plus tard, il passe la Tyrrell P34 à six roues de Patrick Depailler et deux tours après, il se glisse devant la McLaren de Hunt dont les pneus sont hyper usés !

Et le carburant s'en mêle...

Au 41e tour, Laffite est second tandis qu'Andretti mène la course, loin devant. Mais tous savent que rouler sur ce circuit sinueux génère une forte consommation de carburant. Alors, lui et Andretti baissent la cadence.

À trois tours de l'arrivée, le V8 Cosworth de la Lotus noire commence à couper, en panne d'essence. Andretti, qui possédait une quinzaine de secondes d'avance, plonge à son stand où sa voiture engloutit un peu de carburant pour qu'il termine l'épreuve ; un événement que Laffite n'a pas vu depuis son cockpit.

"J'ai quand même attaqué pour rejoindre Andretti. J'aurais peut-être réussi à le pousser à faire une erreur", avait raconté Laffite. "Soudain, j'ai noté que les spectateurs s'agitaient à mon passage, me faisant de grands signes. J'ai regardé mon panneau et j'ai vu P1. Je croyais que les gars de l'équipe s'étaient trompés. Mais non ! Je pleurais dans mon casque. Je n'y voyais plus rien du tout, c'était terrible ! Et j'ai gagné la course ; j'étais heureux."

C'est la première victoire de Jacques Laffite et celle d'une voiture de Formule 1 entièrement française : châssis et moteur. Sur le podium, Laffite est accompagné de Jochen Mass et de Carlos Reutemann de la Scuderia Ferrari. La cérémonie est plutôt silencieuse, car les organiseurs n'ont pas du tout prévu la victoire de Laffite, et ils n'ont pas d'enregistrement audio de la Marseillaise !

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