Rétro 1983 - Keke Rosberg mise gros, et gagne à Monaco !
Keke Rosberg a gagné le Grand Prix de Monaco de 1983 en chaussant sa Williams d’un train de pneus slicks alors que le circuit qui sillonne les rues de la Principauté était humide.
Photo de: Sutton Motorsport Images
En ce début de saison 1983, les voitures à moteurs turbo dominent. En produisant environ 150 chevaux de plus que le vénérable Cosworth DFV qui équipe la plupart des voitures des écuries britanniques, les Brabham-BMW, Ferrari et Renault, toutes turbo, sont nettement supérieures.
Elles sont supérieures sur les circuits rapides serait-on tenté de préciser, car sur les tracés plutôt lents, les voitures atmosphériques sont à réellement à l’aise. John Watson l’a démontré en gagnant le Grand Prix des États-Unis Ouest dans les rues de Long Beach au volant de sa McLaren MP4/1C-Ford.
Les membres de l’écurie Williams savent que les FW08C-Ford de Keke Rosberg et de Jacques Laffite devraient donc être performantes sur le tourniquet de la Principauté de Monaco. Plus légères, plus agiles, moins exigeantes sur les freins et transportant moins d'essence que les voitures turbo, les Williams vont affronter un circuit urbain qui les favorise.
Le pluie gâche le week-end
Puisque la météo de samedi prévoit de la pluie, la première séance de qualifications devient cruciale. Alain Prost installe sa Renault RE40 turbo en pole position devant la Ferrari 126C2B turbo de René Arnoux, son ancien coéquipier. Puis viennent Eddie Cheever sur l’autre Renault et Patrick Tambay sur la seconde Ferrari.
Rosberg s’est qualifié cinquième, à 1"467 de Prost. Pourtant, le Finlandais a repoussé les limites de sa Williams. Acrobate sans filet, Rosberg, Champion du monde en titre, a fait glisser sa monture dans le dédale de rues sans aucune crainte de tutoyer les glissières ! Avec un style de pilotage hyper généreux, Rosberg ne concédait que neuf millièmes de seconde à Tambay !
Cliquez sur les flèches pour passer d'une photo à l'autre.
Au moment où les bolides quittent la pitlane, un fin crachin commence à tomber. Tous s’interrogent : cela va-t-il durer ou cesser ? Et si oui, quand ? Les yeux braqués sur la Méditerranée et sentant le vent tourner, Rosberg discute avec le staff technique de Williams et de Goodyear.
Convaincu que la bruine va cesser, il juge, après quelques tours de chauffe, qu’il dispose d’assez d’adhérence et fait monter un train de pneus slicks. Quelques autres pilotes l’imitent, notamment Laffite, mais pas les premiers sur la grille qui doivent composer avec la puissance monstrueuse des moteurs turbo et choisissent les pneus pluie.
Au moment du départ, quelques gouttes tombent encore et la Williams de Rosberg s’élance comme une fusée. Au virage de Sainte Dévote, il double tous ses rivaux, sauf Prost. Le Français mène la course, mais il a un Rosberg absolument déchaîné derrière lui. Au deuxième tour, le Finlandais n’hésite pas un instant quand il aperçoit une mince ouverture et il se glisse en tête.
Le show Rosberg
Au sixième passage, la pluie cesse. La valse des changements de pneus commence. Rosberg pilote comme un fou furieux pour se bâtir une avance sur ses rivaux, sachant que les pilotes à voitures turbo reviendront facilement sur lui une fois en pneus slicks. Jacques Laffite, parti huitième, se retrouve maintenant deuxième derrière son coéquipier.
Dès le dixième tour, une magnifique lutte pour la troisième place met aux prises Marc Surer, au volant d’une Arrows A6-Ford, et Derek Warwick, qui pilote une Toleman TG183B turbo. Au 50e tour, les deux bolides entrent en collision au virage de Sainte Dévote, éliminant les deux protagonistes. Cinq boucles plus tard, Laffite perd l’usage de sa troisième vitesse, puis la transmission de sa Williams se bloque, le forçant à l’abandon.
Pendant ce temps, Rosberg est toujours en tête, mais doit composer avec l’étonnant retour de Nelson Piquet. Une fois sa Brabham BT52-BMW chaussée de pneus slicks, Piquet est passé en mode attaque. Il roule parfois trois secondes plus vite au tour que Rosberg. Toutefois, le Finlandais a bien joué son jeu. Son avance lui permet de lâcher un peu de lest.
Rosberg croise l’arrivée avec une avance de 18"4 sur Piquet et 31" sur Prost, chanceux de terminer l’épreuve avec une boîte de vitesses très mal en point. Patrick Tambay, l'Américain Danny Sullivan sur une Tyrrell 011-Ford (à deux tours de Rosberg, quand même) et Mauro Baldi, sur une Alfa Romeo 183T, complètent le top 6.
Keke était farouchement déterminé à ne pas laisser s’échapper cette chance, peut-être unique dans la saison, de ravir la victoire aux voitures à moteur turbo. Alliant courage, détermination et clairvoyance, le Finlandais moustachu venait de démontrer que son sacre mondial de 1982 n’était pas qu’une simple affaire de chance.
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.
Meilleurs commentaires