Opinion

On se souviendra de 2020 comme d'une année en or pour la F1

Nombreux sont ceux qui ont d'abord fait une croix sur la saison 2020 de Formule 1, en raison de la crise du coronavirus. Mais un calendrier remanié, incluant des circuits historiques et inhabituels, pourrait en faire l'une des plus belles années de l'Histoire du championnat.

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11 et Lance Stroll, Racing Point RP20 au départ

Andy Hone / Motorsport Images

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Selon une légende urbaine, le mot "crise" lorsqu'il est écrit en chinois est constitué de deux symboles, l'un représentant le "danger", l'autre une "opportunité". La réalité n'est peut-être pas tout à fait à la hauteur du romantisme de l'idée, qui a pris corps lorsque le président américain John Fitzgerald Kennedy l'a reprise dans ses discours de campagne, mais elle s'est de nouveau généralisée dans le contexte de crise mondiale provoqué par le coronavirus.

Si ce n'est en fait pas tout à fait correct (le second symbole se rapproche davantage d'un "point de changement" que d'une "opportunité"), il s'agit toutefois d'un résumé approprié pour décrire ce qui s'est passé en Formule 1 cette année. Car nous sommes passés du désastre potentiel de ne pas avoir de courses, ce qui aurait conduit à la disparition d'un certain nombre d'équipes ou d'entreprises, à un calendrier débordant de Grands Prix passionnants dans des lieux dont les fans ne pouvaient que rêver il y a encore un an. 

Alors que le calendrier de cette saison continue de se mettre en place, la F1 a fait taire les discussions selon lesquelles le titre aurait eu moins de valeur cette année. Finalement, il y a davantage d'arguments pour dire que le sacre de 2020 pourrait être plus impressionnant que celui d'un championnat habituel.  Je vais même avancer l'argument selon lequel, lorsque nous regarderons la saison 2020 dans le rétroviseur (et à condition qu'elle ne soit pas anéantie par une deuxième vague pandémique), elle sera vue comme une année en or durant laquelle la F1 a délaissé la norme pour offrir quelque chose de particulier.

D'un autre côté, nous connaissons les circonstances extrêmes traversées par les écuries en ces temps inédits avec le confinement, les fermetures d'usines, le gel des châssis, les courses consécutives sur trois week-ends, les tests de dépistage réguliers et la distanciation physique. C'est une F1 comme personne ne l'a jamais connue auparavant. Les membres des équipes ne sont pas les seuls à être poussés vers ces conditions extrêmes et vers le risque d'un point de rupture face à un rythme si intense. Nous avons vu avec Lando Norris en Autriche et Sergio Pérez en Hongrie que les pilotes rencontraient eux aussi leurs propres tracas. 

Néanmoins, là où le championnat a cette année le véritable potentiel de se démarquer auprès des fans, c'est avec le calendrier, puisque la F1 a choisi du neuf et du vieux pour avoir suffisamment de Grands Prix au programme. Il faut applaudir Liberty Media, propriétaire de la F1, pour l'ouverture d'esprit qui a été la sienne dans sa volonté d'opter pour des circuits comme Imola et le Mugello, qui feront plaisir aux fans et donneront peut-être au championnat une véritable opportunité de comprendre ce à quoi il doit ressembler à l'avenir. 

Comme de nombreuses autres compétition sportives, la F1 est trop souvent affectée par le fait que les gens considèrent le passé comme meilleur que le présent. Que ce soit le manque de dépassements, ou les trop nombreux dépassements grâce au DRS ; le fait de voir la même équipe gagner tout le temps, ou que voir trop d'équipes gagner s'apparente à une loterie : à maintes reprises, le public a toujours trouvé des raisons de se plaindre du moment présent. Le refrain, c'est toujours de dire que c'était mieux avant. 

Mais penser que tout n'était que formidable par le passé, c'est oublier que l'être humain ne semble toujours se souvenir que des meilleurs moments. Parlez aujourd'hui à qui que ce soit de la rivalité dominatrice entre Ayrton Senna et Alain Prost à la fin des années 80, ou des années glorieuses de Michael Schumacher avec Ferrari dans les années 2000, et tout ce que vous entendrez, c'est à quel point ils étaient grands et à quel point la F1 était passionnante à suivre à cette époque. Ce qui s'est perdu dans la nuit des temps, c'est qu'au milieu de tous ces instants spectaculaires et de ces records, il y a eu des courses ennuyeuses, des Grands Prix prévisibles qui n'étaient pas plus enthousiasmants que certaines des courses monotones que nous vivons parfois aujourd'hui. Les moments les plus ennuyeux ont été effacés de la mémoire. 

Cette histoire d'amour avec le passé explique l'enthousiasme suscité par le retour de circuits comme Imola et le Nürburgring, ainsi que la curiosité pour le Mugello et Portimão, qui ont accueilli des essais de F1 par le passé mais n'ont jamais réussi à financer l'organisation d'un Grand Prix dans des circonstances normales. Ces circuits seront-ils à la hauteur de l'engouement qu'ils génèrent ?

Départ : Kimi Raikkonen mène devant Fernando Alonso

Ce qui sera fascinant à observer, c'est le spectacle qu'offrira chacun de ces lieux. Nous avons un circuit old school avec Imola, un tracé difficile à haute vitesse avec le Mugello, une piste moderne et vallonnée à Portimão, et peut-être un 'ovale' super rapide à Bahreïn, et tous devraient proposer quelque chose d'unique. Par le passé, la F1 a été critiquée pour se rendre sur des circuits se ressemblant tous, avec le même type de virages lents, le même type de chicanes lentes, le même type de caractéristiques, et cette année offre une variété qui, espérons-le, sera un catalyseur. 

C'est aussi très rafraîchissant de voir un calendrier F1 qui ne soit pas qu'un simple copier-coller du précédent. Les équipes font ainsi face à une plus grande incertitude pour les réglages et la stratégie. Avoir un calendrier identique d'année en année peut rendre les choses trop répétitives. 

Depuis trop longtemps, le facteur déterminant dans le choix des Grands Prix par la F1 était simplement la quantité d'argent proposée par les gouvernements afin d'avoir le privilège d'organiser une course. La qualité de l'action et du spectacle offert aux fans n'était qu'une considération secondaire. En affectant les finances de la F1 puisque le public ne peut pas assister aux courses, la crise du coronavirus a offert l'opportunité de choisir des circuits pour les bonnes raisons. Heureusement, cette occasion n'a pas été laissée de côté. 

D'ici la fin de l'année (notamment si on y ajoute l'expérimentation d'un Grand Prix sur deux jours à Imola), la F1 devrait disposer d'une quantité de données incroyable au sujet des circuits où le championnat doit se rendre à l'avenir, que la pandémie soit encore là ou non. Est-ce que les circuits old school seront meilleurs ? Est-ce que le Mugello sera mieux que l'ovale incroyable de Bahreïn ? Est-ce que Portimão aura fait mieux qu'un autre circuit européen du calendrier ? 

Le calendrier 2020 de la Formule 1 est sans doute le calendrier du siècle. C'est une sélection brillante entre le passé, le présent et l'inconnu. Alors profitons de l'instant présent et réjouissons-nous de ce que nous avons aujourd'hui, pas dans dix ans lorsque nous repenserons à tout ça avec nostalgie...

Antonio Giovinazzi, Alfa Romeo Racing C39 et Kimi Raikkonen, Alfa Romeo Racing C39 au départ

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