Le 500e GP : Piquet résiste à l'abordage de Mansell
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, Motorsport.com vous fait revivre les épreuves aux nombres symboliques de l'Histoire de la discipline. Voici le récit du 500e Grand Prix, celui d'Australie 1990.
Le 1000e GP du Championnat du monde de F1
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, en Chine, Motorsport.com revient sur des moments historiques de la discipline.
Dernière manche de la saison 1990, le Grand Prix d'Australie se tient deux semaines après l'épreuve du Japon, où le titre mondial s'est joué à la faveur de l'accrochage provoqué par Ayrton Senna avec Alain Prost. Le Français, toujours agacé par cet événement et ses suites, se terre dans le silence à Adélaïde pendant que le Brésilien se montre détendu et plutôt volubile, même s'il sera passablement énervé par une désormais célèbre interview donnée à Jackie Stewart dans laquelle l'Écossais lui reproche de souvent être impliqué dans des incidents.
Les festivités pour le 500e Grand Prix de l'Histoire du Championnat du monde sont un peu gâchées par un championnat déjà joué sur le plan sportif mais également par des bisbilles entre les instances dirigeantes de la F1 et les autorités australiennes. Toutefois, une parade de voitures historiques a lieu et, pour marquer le coup, après la photo officielle de fin de saison, a lieu une photo de groupe avec quelques Champions du monde en activité ou non. Ainsi, sur un seul cliché se trouvent Ayrton Senna et Nelson Piquet mais également James Hunt, Jackie Stewart, Denny Hulme, Jack Brabham et... Juan Manuel Fangio. Prost, qui refuse d'apparaître sur la même photo que Senna, ne participe à rien de tout cela.
James Hunt, Jackie Stewart, Denny Hulme, Nelson Piquet, Juan Manuel Fangio, Ayrton Senna et Jack Brabham
Le Français, qui clame que le Brésilien l'a volontairement sorti au Japon, trouve alors assez peu de relais pour abonder en son sens, un an avant que Senna reconnaisse lui-même le caractère volontaire de son geste. Hunt, commentateur pour la BBC, analysera la situation en expliquant que le pilote McLaren a battu le pensionnaire de Ferrari sur le plan mental.
Senna et Mansell se détachent
Quoi qu'il en soit, en Australie, Senna domine quasiment toutes les séances et signe sans problème la pole position, en 1'15"671, cinq dixièmes devant son équipier Gerhard Berger et six dixièmes devant les Ferrari de Nigel Mansell et de Prost. Le titre attribué, le Britannique va d'ailleurs pouvoir jouer sa carte pour sa dernière sortie avec l'écurie de Maranello puisqu'il n'a plus à soutenir son équipier. Jean Alesi (Tyrrell), Riccardo Patrese (Williams), Nelson Piquet, Roberto Moreno (Benetton) et Thierry Boutsen (Williams) suivent, à plus d'une seconde, alors qu'à partir de la dixième place, les concurrents accusent plus de deux secondes de retard sur Senna.
Au départ, Senna s'envole très bien, mais pas Berger. Derrière l'Autrichien, Mansell a pris un départ plutôt bon et Prost s'est élancé parfaitement, cependant la McLaren bouchonne et parvient à maintenir sa position. Mais, incapable de suivre le rythme imprimé par son équipier, Berger va ensuite commettre une erreur de débutant en coupant son allumage dans le second tour, offrant à Mansell la seconde position.
Le départ
En revanche, Prost n'a pas la même chance et est considérablement ralenti par Berger. Piquet profite de cette situation pour recoller au duo puis pour surprendre le pilote Ferrari au bout de la plus longue ligne droite du tracé, Brabham Straight. La Benetton du triple Champion du monde brésilien est très rapide en ligne droite et il ne lui faut qu'une demi-douzaine de tours ensuite pour prendre l'avantage sur Berger. Le voici troisième.
Devant, Mansell revient sur Senna qui ne parvient pas à décramponner la Ferrari. Ce n'est qu'à la faveur d'un trafic très dense et pas toujours coopératif que le leader finit par prendre un avantage notable, à partir du 30e des 81 tours de course. Les pneus du Britannique commencent également à souffrir.
Mansell aux stands, Senna dans le mur
Au 43e tour, alors qu'il est relégué plus de sept secondes de Senna, Mansell part à la faute et se retrouve dans une échappatoire. Il repart juste devant Piquet mais est désormais à plus de 16 secondes de la tête. Surtout, il ne peut absolument pas résister à la Benetton et voit fondre sur lui le duo Berger-Prost. Quand ces derniers font la jonction, Mansell décide enfin de plonger dans les stands pour changer de pneus et aller au bout de la course.
Ayrton Senna suivi de près par Nigel Mansell
Alors que Prost, à la faveur d'une erreur de Berger, finit par s'emparer de la troisième place, Mansell dispose de pneus frais et enchaîne les tours rapides. Au 57e passage, le Britannique prend l'avantage sur Berger mais la victoire semble jouée : Senna compte plus de 30 secondes d'avance sur Piquet, 40 sur Prost et 50 sur Mansell.
Le rythme d'enfer imprimé par le Brésilien prend pourtant fin au 62e tour. Vraisemblablement victime d'un problème de boîte de vitesses, qui passe soudainement de la troisième au point mort, Senna ne peut négocier correctement le virage 13 et va s'encastrer dans les pneus à l'extérieur. Cet abandon, le troisième en trois courses, offre la tête de l'épreuve à Piquet qui n'en demandait pas tant, deux semaines après son inattendue victoire de Suzuka.
Le problème c'est que les Ferrari sont désormais plus rapides et ne sont plus très loin. Si Prost finit par renoncer et baisse de rythme devant l'usure de ses pneus, Mansell n'a lui pas à s'en préoccuper. Il fond sur son équipier, qui n'oppose aucune résistance et le laisse passer dans Brabham Straight au 73e tour. Le Britannique est plusieurs secondes au tour plus rapide que Piquet et revient rapidement au contact, d'autant que le Brésilien commet une erreur en empruntant l'échappatoire juste avant la ligne droite. Au 78e tour, la jonction est faite.
Mansell joue le tout pour le tout
Mansell a clairement l'avantage des pneus mais Piquet a toujours celui de la vitesse de pointe. Et le pilote Benetton hausse clairement son niveau de jeu sous la pression de la Ferrari : il tient à distance son ancien équipier Williams en signant ses meilleurs tours de la course. Une seconde sépare les deux hommes à l'entame du dernier tour.
La situation semble s'acheminer vers un finish tranquille pour Piquet mais c'est alors que la Brabham de Stefano Modena gêne le Brésilien à l'entrée de Brabham Straight. Mansell se rapproche légèrement mais surtout Modena, dont la monoplace est elle aussi très rapide en ligne droite, est sur la trajectoire idéale. Piquet finit par se replacer juste avant le freinage mais Mansell, toujours derrière le retardataire, est à l'intérieur. Il va alors tenter de faire d'une pierre deux coups en retardant au maximum son freinage. Mais la manœuvre part de loin, de très loin, de trop loin... le Britannique passe Modena, bloque les roues et au moment où Piquet tourne, frôle l'arrière de la Benetton en tirant au large. L'accrochage est évité par miracle et la victoire revient à la surprise générale à Nelson Piquet devant Nigel Mansell et Alain Prost.
Le podium
Grand Prix d'Australie 1990
Pos | Pilote | Voiture/Moteur | Tours | Écart/Cause |
---|---|---|---|---|
1 | Nelson Piquet | Benetton/Ford | 81 | 1:49'44.570 |
2 | Nigel Mansell | Ferrari | 81 | +3,129 |
3 | Alain Prost | Ferrari | 81 | +37,259 |
4 | Gerhard Berger | McLaren/Honda | 81 | +46,862 |
5 | Thierry Boutsen | Williams/Renault | 81 | +111,160 |
6 | Riccardo Patrese | Williams/Renault | 80 | +1 tour |
7 | Roberto Moreno | Benetton/Ford | 80 | +1 tour |
8 | Jean Alesi | Tyrrell/Ford | 80 | +1 tour |
9 | Pierluigi Martini | Minardi/Ford | 79 | +2 tours |
10 | Nicola Larini | Ligier/Ford | 79 | +2 tours |
11 | Philippe Alliot | Ligier/Ford | 78 | +3 tours |
12 | Stefano Modena | Brabham/Judd | 77 | +4 tours |
13 | Olivier Grouillard | Osella/Ford | 74 | +7 tours |
Ab | Emanuele Pirro | Dallara/Ford | 68 | Moteur |
Ab | Ayrton Senna | McLaren/Honda | 61 | Sortie de piste |
Ab | Gabriele Tarquini | AGS/Ford | 58 | Moteur |
Ab | Johnny Herbert | Lotus/Lamborghini | 57 | Embrayage |
Ab | Satoru Nakajima | Tyrrell/Ford | 53 | Sortie de piste |
Ab | Ivan Capelli | Leyton House/Judd | 46 | Accélérateur |
Ab | Derek Warwick | Lotus/Lamborghini | 43 | Boîte de vitesses |
Ab | Mauricio Gugelmin | Leyton House/Judd | 27 | Freins |
Ab | Andrea de Cesaris | Dallara/Ford | 23 | Électrique |
Ab | Eric Bernard | Lola/Lamborghini | 21 | Boîte de vitesses |
Ab | Gianni Morbidelli | Minardi/Ford | 20 | Boîte de vitesses |
Ab | David Brabham | Brabham/Judd | 18 | Sortie de piste |
Ab | Aguri Suzuki | Lola/Lamborghini | 6 | Transmission |
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