Le 700e GP : Pluie, crashs et imbroglio pour une victoire
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, Motorsport.com vous fait revivre les épreuves aux nombres symboliques de l'Histoire de la discipline. Voici le récit du 700e Grand Prix, celui du Brésil 2003.
Le 1000e GP du Championnat du monde de F1
À l'occasion du 1000e GP du Championnat du monde de F1, en Chine, Motorsport.com revient sur des moments historiques de la discipline.
Au début des années 2000, le Grand Prix du Brésil est traditionnellement disputé en début de saison. C'est donc le premier week-end d'avril que les dix écuries constituant le plateau de la saison 2003 posent leurs valises à Interlagos. La troisième manche de l'année marque un centenaire de plus pour la Formule 1, qui organise alors le 700e Grand Prix de son Histoire.
Le début de championnat a tourné à l'avantage de McLaren-Mercedes, et c'est Kimi Räikkönen qui est aux commandes chez les pilotes. Dans le même temps, la Scuderia Ferrari doit sauver les meubles car elle aligne toujours sa F2002 de l'année précédente. La nouvelle monoplace n'arrivera qu'en Espagne, pour la cinquième course.
Ce 700e week-end de F1 reste aussi un tournant sur le volet de la sécurité, puisque désormais le système HANS est obligatoire pour tous les pilotes. Certains réfractaires refusaient en effet de l'utiliser malgré son instauration depuis le début de la saison, et la FIA serre la vis pour en faire une protection incontournable.
Le système HANS devient obligatoire pour tous les pilotes.
Le contexte de ce Grand Prix du Brésil est rendu compliqué par des conditions climatiques difficiles. De fortes pluies s'abattent sur Sao Paulo, et la donne est encore plus délicate en raison d'un changement de réglementation… Pour réduire les coûts, les manufacturiers ne peuvent sélectionner qu'un type de gomme pluie avant chaque week-end, et Michelin comme Bridgestone ont choisi des pneus intermédiaires !
Alors que les qualifications se déroulent en deux séances, certains pilotes demandent l'annulation de la première en faisant circuler une pétition au nom du GPDA, l'association des pilotes de Grand Prix. Cette tentative est toutefois un échec, tandis que la pluie se calme un peu et permet finalement la tenue du programme normal. Devant son public, Rubens Barrichello s'offre la pole position le samedi, devant la McLaren de David Coulthard et l'étonnante Jaguar de Mark Webber.
Une course dantesque
Le dimanche 6 avril, les averses reprennent de plus belle. Le départ de l'épreuve est d'abord différé de dix minutes, puis il est finalement donné derrière la voiture de sécurité. Au volant de sa Jordan, Giancarlo Fisichella en profite pour passer immédiatement par les stands et ajouter du carburant. Un pari qui sera décisif.
Une fois la course vraiment lancée, Barrichello est rapidement en difficulté. Les pneus Michelin sont plus efficaces que les Bridgestone dans ces conditions détrempées, et les deux McLaren en profitent. Coulthard vire en tête, avant que son coéquipier Kimi Räikkönen ne prenne les commandes. Peu de temps après, la suspension de la Jordan de Ralph Firman explose en pleine ligne droite, entraînant dans son malheur la Toyota d'Olivier Panis et l'entrée en piste de la voiture de sécurité.
La suspension de Firman lâche, et il ne peut éviter la Toyota de Panis.
Cette neutralisation génère un ballet d'arrêts au stand qui tourne à l'avantage de Barrichello. Si la piste s'assèche, elle demeure très piégeuse, et c'est principalement le cas dans le troisième virage, où une rigole d'eau anéantit les espoirs de plusieurs pilotes. Piégé, Juan Pablo Montoya y part à la faute avec sa Williams, imité par Antônio Pizzonia sur la Jaguar. Et tandis qu'une grue évacue les deux monoplaces, Michael Schumacher sort à son tour au même endroit… l'Allemand abandonne, mais on a surtout évité le pire. C'est la première fois qu'il met pied à terre depuis la saison 2001.
Quelques instants plus tard, c'est au tour de Jos Verstappen (Minardi) et Jenson Button (BAR) d'être les victimes de ce virage 3. Une nouvelle fois, la course est neutralisée par le Safety Car, tandis que ces circonstances de course ont permis à Barrichello de reprendre la tête de la course. Le Brésilien peut rêver d'une victoire devant un public acquis tout entier à sa cause, mais il va subir une défaillance cruelle de son système d'alimentation. Les deux Ferrari sont hors course, du jamais vu depuis près de quatre ans.
Schumacher sort de la piste alors qu'une grue retire la Jaguar accidentée de Pizzionia.
Leader du championnat, Räikkönen ne se fait pas prier et semble filer vers un deuxième succès consécutif. Mais le Finlandais commet une petite faute que Fisichella, revenu aux avant-postes à la faveur de son arrêt en tout début de Grand Prix, exploite pour prendre les rênes. On s'attend alors à un duel entre les deux hommes, mais il va tourner court.
L'incroyable confusion
Dans le dernier virage du circuit, Mark Webber est violemment sorti de la piste. Les drapeaux jaunes sont agités, Fisichella et Räikkönen passent prudemment en parvenant à éviter les débris, mais pas Fernando Alonso. Celui-ci heurte une roue de plein fouet avant d'être catapulté dans le mur. Groggy, l'Espagnol s'en tire miraculeusement indemne. Nous sommes au 56e tour de course et les débris qui jonchent le tracé sont trop nombreux pour prendre le moindre risque : le drapeau rouge est brandi.
Après son crash, Alonso est sonné.
Plus de 75% de la distance a été couverte, ce qui permet d'entériner les résultats. Dans le clan Jordan, c'est l'explosion… de même que sur la voiture du héros Fisichella, avec un début d'incendie tout juste après avoir rejoint la voie des stands ! La petite équipe célèbre ce succès inespéré, avant que les commissaires ne jettent un froid. Le règlement stipule que le classement final après un drapeau rouge est celui établi deux tours avant. Selon eux, Räikkönen était encore leader à ce moment-là, et c'est lui qui va avoir l'honneur de monter sur la plus haute marche du podium.
La plus grande confusion règne à Interlagos, d'autant que le podium se déroule sans Alonso, transporté par précaution au centre médical. Pour Eddie Jordan, les sentiments sont forcément étranges… Dans les jours qui suivent, l'écurie va réussir à apporter la preuve irréfutable qu'il y a eu une erreur, et que Fisichella a bien entamé le 56e tour avant le déploiement du drapeau rouge. C'est donc le classement du 54e tour qui doit être pris en compte, soit après la prise de pouvoir du pilote italien aux dépens Räikkönen.
Au siège parisien de la FIA, l'erreur est clairement admise, et la victoire est logiquement rendue à qui de droit. Lors du Grand Prix suivant à Imola, le week-end débute par une cérémonie très inhabituelle. La McLaren de Räikkönen et la Jordan de Fisichella posent pour la postérité, tandis que le Finlandais, beau joueur, rend le trophée à son adversaire. Le futur pilote Renault peut enfin pleinement savourer la première de ses trois victoires en Formule 1 !
Fisichella récupère le trophée du vainqueur à Saint-Marin, directement des mains de Räikkönen.
Grand Prix du Brésil 2003
Pilote | Voiture/Moteur | Trs | Écart/Cause | |
1 | Giancarlo Fisichella | Jordan/Ford | 54 | 1:31'17.748 |
2 | Kimi Räikkönen | McLaren/Mercedes | 54 | 0.945 |
3 | Fernando Alonso | Renault | 54 | 6.348 |
4 | David Coulthard | McLaren/Mercedes | 54 | 8.096 |
5 | Heinz-Harald Frentzen | Sauber/Petronas | 54 | 8.642 |
6 | Jacques Villeneuve | BAR/Honda | 54 | 16.054 |
7 | Ralf Schumacher | Williams/BMW | 54 | 38.526 |
8 | Jarno Trulli | Renault | 54 | 45.927 |
9 | Mark Webber | Jaguar/Cosworth | 53 | Sortie de piste |
10 | Cristiano da Matta | Toyota | 53 | 1 tour |
Ab | Rubens Barrichello | Ferrari | 46 | Alimentation |
Ab | Jenson Button | BAR/Honda | 32 | Sortie de piste |
Ab | Jos Verstappen | Minardi/Cosworth | 30 | Sortie de piste |
Ab | Michael Schumacher | Ferrari | 26 | Sortie de piste |
Ab | Juan Pablo Montoya | Williams/BMW | 24 | Sortie de piste |
Ab | Antônio Pizzonia | Jaguar/Cosworth | 24 | Sortie de piste |
Ab | Olivier Panis | Toyota | 17 | Accrochage |
Ab | Ralph Firman | Jordan/Ford | 17 | Suspension |
Ab | Justin Wilson | Minardi/Cosworth | 15 | Sortie de piste |
Ab | Nick Heidfeld | Sauber/Petronas | 8 | Moteur |
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