Quand Prost envisageait d'épauler Schumacher chez Ferrari
S'il a pris sa retraite de la Formule 1 fin 1993, Alain Prost a bien failli en sortir deux ans plus tard pour retourner chez Ferrari aux côtés de Michael Schumacher.
Il aurait pu relever un nouveau défi. En 1995, à 40 ans, Alain Prost était retraité de la Formule 1 depuis deux années déjà et n'avait plus grand-chose à prouver. Du haut de ses quatre titres mondiaux, le pilote français était le recordman des victoires en Grand Prix avec 51 succès, devant son éternel rival Ayrton Senna. Tout portait à croire que sa carrière était désormais derrière lui.
Dans le même temps, Jean Todt était à la tête de la Scuderia Ferrari depuis deux ans et s'efforçait de hisser l'écurie vers un titre mondial qui lui échappait depuis trop longtemps. Avec une recrue de premier choix pour 1996 : Michael Schumacher, fraîchement couronné Champion du monde, qui a signé avec la structure de Maranello au mois d'août 1995 et allait ajouter un deuxième titre à son palmarès.
Restait à savoir qui allait épauler le jeune Allemand. Cela n'allait pas être Jean Alesi, qui allait faire le chemin inverse et remplacer Schumacher chez Benetton. Quid de son coéquipier Gerhard Berger ? Le vétéran autrichien ne mourait pas d'envie d'être associé à celui qui venait d'écraser ses coéquipiers Jos Verstappen, JJ Lehto et Johnny Herbert.
"J'ai toujours dit que cela ne me dérangerait pas de rouler dans la même écurie que Schumacher, malgré tous les différends que nous avons eus par le passé", avait déclaré Berger à ce moment-là, ajoutant : "Il veut toujours être le pilote privilégié dans une équipe et recevoir le meilleur matériel. Ce n'est pas juste, ça tue la concurrence." Faute de place chez Williams ou McLaren, il allait lui aussi trouver refuge chez Benetton.
Avant qu'Eddie Irvine ne soit recruté (alors qu'il avait déjà signé chez Jordan pour 1996), une autre option existait pour Ferrari, et elle était pour le moins surprenante. "Chez Ferrari, j'ai discuté avec Jean [Todt] quand Michael a rejoint l'écurie", révèle Alain Prost dans le podcast Beyond The Grid. "Je lui ai dit : 'Si je viens, il faut être clair, je suis numéro 2, et j'essaie d'aider Ferrari et Michael à remporter le titre'. Parce que l'attitude serait claire. Je ne voulais pas avoir de querelles avec la presse, les médias : Michael est numéro 1, je suis numéro 2, et je suis là pour aider. Ça aurait pu être une possibilité, même si ça ne s'est pas fait."
C'est finalement Eddie Irvine qui a été recruté aux côtés de Michael Schumacher chez Ferrari
Prost numéro 2, une situation impensable ? Le Ligérien persiste et signe : "C'était seulement afin de contribuer au succès de Ferrari pendant de très nombreuses années. Et cela faisait partie du défi. Sans oublier l'aspect humain, qui est bien plus important que vous ne le pensez, ou que les gens ne le pensent – il est très important à mes yeux."
"Quand on fait partie d'une équipe et que l'on dit : 'Je suis là pour ça, je suis à nouveau un employé, mais je vais aider Jean Todt, je vais aider ces gens-là, je vais évidemment aider Michael' – car il était impossible que je puisse concurrencer Michael après m'être retiré pendant une, deux, trois années avant de revenir… Mais peut-être que je pouvais aider, alors ç'aurait été un défi. Peut-être que c'était fou, mais j'en étais très proche. J'en ai discuté avec Jean, pas pendant longtemps, mais nous en avons discuté."
"On fait certaines choses quand on a 20 ans, mais on ne fait pas les mêmes à 40 ans, ni à 60 ans. Il faut accepter ça, alors pourquoi pas participer à un nouveau projet et relever un nouveau défi ? Quand ça a le mérite d'être clair, pourquoi pas ?"
Quant à savoir pourquoi ce projet ne s'est pas concrétisé, Prost répond : "Posez la question à Jean. Peut-être que nous avons trouvé que ce serait difficile de le faire. Je ne me rappelle même pas qui ils ont pris, mais en même temps, c'est peut-être mieux de ne pas l'avoir fait." Un an et demi plus tard, le quadruple Champion du monde allait racheter l'écurie Ligier et la rebaptiser de son nom… avec un malheureux insuccès.
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