L'Alfa Romeo 158, une première gagnante imbattable en F1

Le premier pilote à s'être imposé en F1, Nino Farina, est bien plus célèbre que sa monture, l'Alfa Romeo 158. Pourtant, celle-ci a une Histoire impressionnante et n'a jamais été battue en F1.

Si le nom du premier vainqueur de l'Histoire de la F1, Giuseppe Farina, est souvent cité, celui de sa monoplace est bien moins connu. Pourtant, l'Alfa Romeo 158 n'a pas seulement été la première voiture à triompher en Formule 1, elle a aussi remporté l'intégralité des courses qu'elle a disputées lors de ce qui fut officiellement la première année d'existence du Championnat du monde.

Même si la marque italienne arrivait dans la discipline avec quatre voitures, elle a dû faire face à Maserati, qui engageait une armada comptant sept voitures en Angleterre, à Talbot-Lago et ses cinq monoplaces, ainsi qu'à English Racing Automobiles et Alta, représentés respectivement par quatre et deux pilotes. Ferrari a rejoint le peloton lors de la deuxième course de cette première saison, tout comme Cooper et Simca-Gordini. Mais surtout, l'Alfa Romeo 158 était alors la voiture la plus vieille du peloton, puisqu'elle fut conçue près de 10 ans avant la Maserati et la Ferrari.

L'Alfa 158 est d'ailleurs sortie des ateliers de la marque au Cheval cabré, en 1937. À l'image de plusieurs monoplaces Ferrari comme la 312 de 1966, la F310 de 1996 ou la 248 F1 de 2006, la nomenclature de l'Alfa 158 décrit l'architecture de son moteur, un 1,5 litre de huit cylindres. Ceux-ci sont disposés en ligne et l'ensemble développe, lors de ses premiers tests, 180 chevaux. La puissance est portée à 195 chevaux lors de sa première course en 1938, la Coupe Ciaono à Livourne, que la "Voiturette" (du nom de la catégorie dans laquelle elle court) remporte nettement grâce à Emilio Villoresi.

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Aussi appelée Alfetta 158 à cause de ses dimensions réduites, elle évolue avant que la Seconde Guerre Mondiale n'interrompe les compétitions, puis continue sa mue après 1946, et sa puissance moteur est de 275 chevaux en 1947. Elle est engagée en Grand Prix à partir de cette année-là et y impose sa loi, avec notamment un quadruplé lors du Grand Prix automobile d'Italie, disputé en plein cœur de Milan. En 1948, la monoplace continue à enchaîner les succès, avec un triplé au Grand Prix de France sur le circuit de Reims-Gueux, et un résultat similaire lors du Grand Prix d'Italie.

En 1949, l'équipe subit un gros coup d'arrêt avec le décès de Carlo Felice Trossi, l'un de ses pilotes, à la suite d'une longue maladie. Celui-ci intervient quelques mois après la mort de Jean-Pierre Wimille au volant d'une Simca-Gordini. Le Français, vainqueur de quatre Grands Prix en 1948, était l'un des fers de lance du projet Alfa en compétition, et le constructeur au Biscione décide de ne pas courir de l'année.

En 1950, Alfa Romeo fait son retour et engage la vieillissante mais toujours performante 158 dans le championnat, et le moteur, désormais très abouti, développe la puissance de 350 chevaux pour 700 kilos. L'équipe en profite pour aligner quatre nouveaux pilotes : Juan Manuel Fangio, Farina, Luigi Fagioli et Reg Parnell, qui ne dispose pas d'un programme pour la saison complète. En Grande-Bretagne, pour le premier Grand Prix de Formule 1 de l'Histoire, Alfa signe un quadruplé en qualifications et un triplé en course après l'abandon de Fangio. Farina et la 158 signent au passage le premier hat trick de l'Histoire avec la pole, la victoire et le meilleur tour en course.

L'Argentin prend sa revanche une semaine plus tard dans les rues de Monaco, puisqu'il signe lui aussi le hat trick. Seules trois 158 sont engagées, Parnell n'étant pas de la partie. Les trois pilotes signent les meilleurs temps mais Fagioli n'y parvient que le samedi, et seule compte la qualification du jeudi, ce qui le contraint à s'élancer cinquième. Le dimanche, Fangio s'impose au terme des 100 tours de course, avec une boucle d'avance sur la Ferrari d'Alberto Ascari et la Maserati de Louis Chiron. Les deux autres Alfa sont éliminées dans un accident au premier tour qui cause l'abandon de neuf pilotes.

La manche d'Indianapolis compte pour le championnat mais Alfa ne s'engage pas pour les 500 Miles, contrairement à Maserati, qui embauche d'ailleurs Farina mais ne parvient pas à se qualifier. En Suisse, ce sont de nouveau trois Alfa Romeo qui sont inscrites avec le même line-up qu'à Monaco, et la marque réalise un nouveau triplé en qualifications. Fangio est de nouveau victime d'un abandon après un problème de soupape, Farina et Fagioli assurent le doublé et prennent un tour à Louis Rosier, sur Talbot-Lago.

En Belgique, sur le circuit de Spa-Francorchamps, les trois Alfa doivent lutter contre deux Ferrari, une Alta et une Maserati, mais surtout sept Talbot-Lago. Tout au long du tracé de 14 kilomètres, le trio Alfa relègue la timide concurrence à dix secondes en qualifications, et c'est Farina qui est en pole devant Fangio et Fagioli. Capable de s'approcher des 300 km/h en vitesse théorique, la 158 est chronométrée à la vitesse folle de 323 km/h en descente, alors que Fagioli est dans le sillage de ses équipiers. Le lendemain, Raymond Sommer offre une courte mais féroce résistance aux Alfa, mais c'est finalement Fangio qui s'impose devant Fagioli. Farina est victime d'un problème qui l'oblige à parcourir les trois derniers tours à vitesse réduite et termine quatrième, derrière Rosier.

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Fangio domine outrageusement en France, puisqu'il signe la pole position devant ses deux équipiers, et s'adjuge la victoire avec 25 secondes d'avance sur Fagioli, ainsi que le meilleur tour en course. Farina avait toutefois dominé le début de course avant d'être victime de problèmes au stand puis d'abandonner en fin de course.

En Italie, les progrès de Ferrari et de sa redoutable 375 F1 poussent Alfa Romeo à installer un moteur évolué dans la 158. Une riche idée qui sauve surement la pole position pour Fangio, puisque l'Argentin bat Ascari pour un dixième. Cinq monoplaces sont présentes pour la marque à domicile, Farina se qualifie troisième devant Consalvo Sanesi, le pilote d'essai, et Fagioli. Piero Tarufi, invité sur une cinquième 158, est septième. Au terme d'une course très agitée, Alfa Romeo ne signe pas son meilleur résultat de la saison mais place tout de même deux pilotes sur le podium. Farina, vainqueur à domicile, devient le premier Champion du monde de Formule 1.

Après avoir remporté toutes les courses auxquelles elle a participé en F1, et un nombre incroyable de succès depuis 1937, l'Alfa 158 prend une retraite bien méritée et laisse la place à la 159 en 1951, qui en reprend toutefois de nombreux éléments. Celle-ci gagnera ses trois premières courses et permettra à Fangio de remporter le premier de ses cinq titres mondiaux. Le championnat constructeurs n'étant pas encore créé, Alfa Romeo ne remportera aucun titre en tant que marque, mais sa 158 sera définitivement entrée dans l'Histoire du sport automobile et de la F1.

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