Analyse

Enfin le bon timing dans la carrière d'Alonso ?

En rejoignant Renault pour 2021 et 2022, Fernando Alonso pourrait avoir eu le nez fin, au point d'avoir opté pour son meilleur choix de carrière ?

Fernando Alonso, Renault F1 Team

Fernando Alonso, Renault F1 Team

Renault

Lorsque Daniel Ricciardo est monté sur le podium du Nürburgring la semaine dernière, il y avait sans doute au fond du cœur de tous les membres de l'équipe Renault qui l'acclamaient, une part de tristesse. Tout le travail consenti par le pilote australien et l'écurie française depuis son arrivée début 2019 était tourné vers ce moment, mais leur collaboration prendra fin dans six Grands Prix. Partant chez McLaren, Ricciardo sera remplacé chez Renault par Fernando Alonso, qui prépare activement son retour au point d'avoir participé à une brève séance d'essais cette semaine à Barcelone. Et pour une fois, l'Espagnol semble avoir choisi le bon timing pour son plan de carrière.

Sacré une deuxième fois Champion du monde avec le constructeur français en 2006, Alonso avait quitté Renault pour rejoindre McLaren. Dès lors, sa carrière a été marquée par une série de faux-pas et de frustrations. Dans de nombreux cas, il s'est retrouvé au bon endroit au mauvais moment. McLaren était la bonne écurie où courir en 2007, mais Lewis Hamilton a contrecarré ses plans. Ferrari était logiquement un bon endroit où se trouver en 2010, mais cela a coïncidé avec l'ascension de Red Bull. McLaren et Honda avaient un fort potentiel en 2015, mais les trois années de partenariat ont tourné au fiasco en raison du manque de fiabilité et de performance du motoriste japonais.

Quand Alonso fera son retour sur la grille en 2021, après deux années d'absence, ce sera au sein d'une équipe qui est en train de bâtir une belle dynamique. Le podium de Ricciardo au Grand Prix de l'Eifel n'était pas une énorme surprise, il était attendu depuis un moment, tant Renault a haussé le niveau auparavant avec une série de bons résultats, dont plusieurs quatrièmes places.

Le troisième Daniel Ricciardo, Renault F1, sur le podium

Ricciardo attribue cette réussite récente à des avancées "fondamentales" réalisées au niveau des réglages de la R.S.20 à Silverstone au mois d'août. Depuis le Grand Prix de Belgique, il n'a jamais terminé au-delà de la sixième place, marquant plus de points sur cette période que tous les autres pilotes, à l'exception de Lewis Hamilton et Valtteri Bottas chez Mercedes. L'Australien a joué un rôle déterminant dans la progression de Renault, mais il assure néanmoins ne ressentir aucune déception à l'idée de voir son travail profiter à Alonso en 2021. "Pas du tout", insiste-t-il. "Je tiens à ce que ce train continue de rouler. J'y ai mis tout mon cœur. L'année prochaine, ce sera une autre histoire."

Alonso n'est pas du genre à se rabaisser. En 2018, il avait clamé haut et fort que sa victoire aux 24 Heures du Mans était "à un plus haut niveau que toute autre victoire" sur cette course, tout en faisant régulièrement référence au 21-0 qu'il avait infligé cette même année à Stoffel Vandoorne dans l'exercice des qualifications chez McLaren. Le connaissant, les propos qu'il a tenus après ses essais cette semaine en disant que la voiture était "plus performante" que lui pour le moment et qu'il ne pouvait pas en "extraire le maximum" sont révélateurs du niveau où se situe l'écurie. Naturellement, à bientôt 40 ans, il va devoir reprendre ses marques avec les exigences physiques des F1 actuelles, même s'il a lui-même reconnu entretenir une parfaite forme. Il n'empêche qu'il semble avoir déjà cerné les points positifs qui traduisent les progrès réalisés par Renault.

Après les qualifications sur le Nürburgring, Ricciardo s'est félicité de disposer désormais d'une Renault "assez complète", capable d'être performante sur les pistes avec peu d'appui comme sur celles demandant davantage d'efficacité aérodynamique. Directeur de l'écurie, Cyril Abiteboul a également estimé que le week-end allemand avait mis en avant cette polyvalence. "Nous étions arrivés sur ce circuit avec des doutes, car c'était la première fois depuis Barcelone que nous utilisions les niveaux d'appui les plus élevés", a-t-il rappelé. "Ce circuit était probablement le chaînon manquant pour le confirmer. C'est l'indication claire d'un bon niveau."

Les monoplaces du vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11, du deuxième Max Verstappen, Red Bull Racing RB16, et du troisième Daniel Ricciardo, Renault F1 Team R.S.20, dans le parc fermé

Mais Abiteboul a également reconnu qu'il avait fallu certaines circonstances favorables pour décrocher un tel résultat : "Si vous me demandez ce qui nous manque pour nous battre régulièrement pour le podium, soyons clairs : il nous manque une seconde ou 1% de compétitivité. Alors autant il y a des émotions et de bonnes ondes aujourd'hui, autant nous mesurons le travail qui reste à accomplir si nous voulons être sur le podium régulièrement et revivre de telles émotions."

Cette réalité qu'assène Abiteboul est on ne peut plus vraie. Dans un Grand Prix normal en 2020, le podium est régulièrement trusté par les deux Mercedes et la Red Bull de Max Verstappen. Même quand Renault possède la troisième voiture la plus rapide du plateau, la cinquième place demeure le meilleur résultat théorique possible. Par le passé, cet objectif de cinquième place n'aurait pas satisfait les attentes d'Alonso, mais les temps ont changé. L'Espagnol a clairement fait savoir que 2022 constituerait l'opportunité à saisir en raison du changement de réglementation technique, faisant de 2021 une année d'apprentissage.

Néanmoins, il observe à coup sûr la saison de Renault avec un niveau d'enthousiasme grandissant en vue de la saison prochaine. Il est peu probable que celui lui permette de gagner, mais il devrait avoir entre les mains une monoplace capable d'être à l'avant du milieu de grille. Le système des jetons de développement contraindra McLaren à se concentrer sur l'intégration du moteur Mercedes, plus que sur d'autres domaines de sa voiture, ce qui procurera un avantage à Renault dans cette bataille. Racing Point et Ferrari auront bon espoir de progresser grâce à leurs évolutions, mais Renault est en train de démontrer sa propre capacité à développer dans la bonne direction.

Depuis sa participation aux 500 Miles d'Indianapolis en août dernier, Alonso a tourné toute son attention sur son retour en F1 avec Renault. Il a passé plusieurs jours dans les usines d'Enstone et de Viry-Châtillon le mois dernier, il devrait être présent sur au moins un Grand Prix avec l'écurie d'ici la fin de l'année et il suit déjà tout de très près. "Nous avons reçu un message [de sa part] avant, pendant et après le Grand Prix", révélait Abiteboul dimanche dernier. "Vous seriez impressionné de constater son niveau d'intérêt. Lorsqu'il a rejoint l'équipe, et dans sa communication lorsque nous avons officialisé la nouvelle, il était surtout question de 2022. Et plus la saison avance, plus l'équipe progresse, plus la voiture progresse, plus il commence à s'intéresser à 2021. Je vois Fernando comme un requin. Dès qu'il commence à sentir l'odeur du sang, il veut attaquer. C'est ce que je vois, je vois un requin très affamé."

Alonso assure que sa motivation n'a pas changé après le podium de Ricciardo, mais qu'il était enthousiaste en vue de la saison prochaine. "Je sais de quoi l'équipe est capable", insiste-t-il. "Et je sais que les perspectives d'avenir sont bonnes. Le podium devait arriver. Le plus important, c'est de suivre cette tendance que nous observons actuellement, garder cette dynamique l'année prochaine, et surtout pour 2022. Je crois que nous savons comment faire."

Malgré le scepticisme qui a entouré le remariage entre Alonso et Renault ainsi que le retour du pilote espagnol en F1, ce sont désormais les signaux positifs qui semblent se multiplier. Si l'on part du principe qu'il n'a rien perdu de son niveau de performance ces deux dernières années, la saison prochaine pourrait lui offrir plus que de simples fondations pour 2022.

Fernando Alonso, Renault F1 Team
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