Analyse

Comment l'ambition environnementale de la F1 peut aider ses sponsors

La présence de "Big Oil" en Formule 1 ne sera peut-être bientôt plus d'actualité. Un jugement historique rendu aux Pays-Bas va obliger les compagnies énergétiques à faire le ménage dans leurs affaires, comme le pense Mark Gallagher.

Des barils d'essence Shell dans le paddock

Des barils d'essence Shell dans le paddock

Simon Galloway / Motorsport Images

Alors que Ferrari célébrait les pole positions inattendues de Charles Leclerc à Monaco et à Bakou, l'un des principaux sponsors de longue haleine de la Scuderia a dû faire face à une surprise aux proportions bien plus importantes. Une décision de justice qui a provoqué une onde de choc.

Alors que nous sommes habitués à des procès impliquant l'industrie du tabac, cette fois, ce ne sont pas les amis de Maranello chez Philip Morris qui étaient sur le banc des accusés. Au contraire, c'est Shell qui s'est retrouvé du mauvais côté d'un jugement.

"Big Oil" a remplacé "Big Tobacco". L'accusation est qu'ils ont enfumé la planète.

Comme il se doit, la situation s'est emballée sous l'effet cumulé de l'opinion publique, du lobbying réussi des défenseurs de l'environnement et des gouvernements désireux de remplir leurs obligations dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat de 2016.

La pandémie a également conduit de nombreuses personnes à repenser à la petitesse de notre monde et à la nécessité de mieux le traiter.

Le 26 mai, la Cour de district de La Haye a rendu son verdict dans le cadre d'une plainte déposée contre Shell par les "Amis de la Terre" aux Pays-Bas, six organisations non gouvernementales et quelque 17 000 membres du public.

Les plaignants ont fait valoir que le changement climatique est une question de Droits de l'homme et que le géant anglo-néerlandais avait le devoir de veiller à ce que les habitants des Pays-Bas et des îles de la mer des Wadden, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, ne subissent aucun préjudice.

La Cour leur a donné raison en ordonnant au groupe Shell de réduire ses émissions nettes de CO2 de 45% d'ici à 2030, par rapport à ses émissions de 2019. Le siège de la société étant situé aux Pays-Bas, bien qu'il s'agisse d'une société anonyme britannique, l'ordonnance du tribunal s'applique aux activités mondiales de Shell.

Cela est très significatif, même si la décision du tribunal ne s'applique qu'aux propres opérations de Shell, et non aux émissions produites par ses fournisseurs ou ses clients. Par conséquent, 90% du total des émissions mondiales attribuées à Shell échappent au jugement. Grâce au tabac, nous sommes déjà passés par là. Ce type d'affaires judiciaires ne peut qu'augmenter en volume et en conséquences.

Compte tenu de l'importance du secteur énergétique pour la Formule 1, avec environ 290 millions d'euros de sponsoring provenant d'Aramco, Shell, Petronas, Exxon-Mobil, BP Castrol, Orlen et Gulf, cela pourrait être inquiétant.

Sauf que l'objectif ambitieux de la F1, qui est de parvenir à des émissions nettes de carbone nulles d'ici 2030, lui donne les coudées franches, tandis que la promesse d'utiliser des carburants synthétiques écologiquement durables d'ici 2025 est l'atout dans sa manche.

La majorité des multinationales du pétrole se sont alignées sur l'objectif international visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ce qui implique d'atteindre des émissions nettes nulles d'ici à 2050. Cependant, la pression est forte pour avancer cette échéance.

Alors que nous sommes habitués à des procès impliquant l'industrie du tabac, cette fois, ce ne sont pas les amis de Maranello chez Philip Morris qui étaient sur le banc des accusés. Au contraire, c'est Shell qui s'est retrouvé du mauvais côté d'un jugement. 'Big Oil' a remplacé 'Big Tobacco'. L'accusation est qu'ils ont enfumé la planète.

Mark Gallagher

Le PDG de BP, Bernard Looney, l'a reconnu lorsqu'il a exposé, en février de l'année dernière, son ambitieux projet de décarbonisation de l'entreprise et de "réimagination" de l'énergie dans les meilleurs délais. Il s'agit notamment de se lancer dans les énergies renouvelables et de collaborer avec des groupes automobiles tels que Volkswagen, Daimler et BMW pour fournir des solutions de recharge rapide au marché des véhicules électriques.

Les carburants synthétiques sont une arme importante dans la bataille pour la décarbonisation, comme en témoigne la décision de Porsche d'investir dans le projet Haru Oni au Chili. Ce projet vise à produire 550 millions de litres de carburant synthétique par an d'ici 2026.

Il est clair que les "compagnies pétrolières" réinventées en "fournisseurs d'énergie" cherchent à démontrer la vitesse du changement dans leur secteur. Il se pourrait bien que la F1 leur offre les moyens d'y parvenir dans un monde désireux de se débarrasser de sa dépendance à l'or noir.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Leclerc accidenté : "J'essaierai de ne pas refaire cette erreur"
Article suivant Red Bull ne renonce pas à replacer Albon en F1 en 2022

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France