Analyse

Analyse - Honda face à un gigantesque déficit de puissance

McLaren et Honda pourraient bien avoir mangé leur pain noir après les courses disputées sur des circuits requérant beaucoup de puissance moteur à Spa et à Monza, mais cela ne signifie pas que la suite du programme sera une partie de plaisir.

Jenson Button, McLaren MP4-30

Jenson Button, McLaren MP4-30

XPB Images

Yasuhisa Arai, Patron de Honda Motorsport
Yasuhisa Arai, Patron de Honda Motorsport lors de la conférence de presse de la FIA
Eric Boullier, Directeur de la Compétition McLaren
Fernando Alonso, McLaren
Fernando Alonso, McLaren MP4-30
Jenson Button, McLaren MP4-30
Fernando Alonso, McLaren MP4-30
Jenson Button, McLaren
Jenson Button, McLaren MP4-30
Jenson Button, McLaren MP4-30
Jenson Button, McLaren MP4-30
Fernando Alonso, McLaren MP4-30

Au contraire, car ces dernières semaines ont montré le défi qui se dresse devant McLaren-Honda.

Certes, il reste l'espoir que la course de ce weekend, à Singapour, leur offre un peu de répit après les problèmes récents, mais le besoin d'un meilleur niveau de performance n'a jamais été si apparent.

Honda a beau faire bonne figure au sujet de ses progrès et du niveau de performance de son moteur à combustion interne, il est de notoriété publique que Jenson Button et Fernando Alonso doivent parfois lutter avec un déficit de puissance pure de 240cv sur leurs rivaux.

La puissance est la clé

La place du moteur Honda dans la hiérarchie a été longuement discutée cette saison, mais ce n'est que ces dernières semaines que le manque de performance de ses systèmes de récupération d'énergie est apparu.

En effet, Spa et Monza ont mis en évidence aux yeux de tous les lacunes de l'unité de puissance Honda. Sur les longues pleines charges, Button et Alonso se sont retrouvés sans ERS en bout de ligne droite, ce qui les ralentissait avant même que leur vitesse de pointe ne soit mesurée.

Cela signifie que l'opposition disposait d'un avantage de 160cv (120kW) à utiliser jusqu'à la zone de freinage : parfait pour dépasser!

Comme l'a souligné Jenson Button après le Grand Prix d'Italie, lors duquel il a progressivement rétrogradé au classement, c'est la raison pour laquelle il était une cible facile.

"J'attendais juste qu'ils me dépassent," lâchait un Button déconfit. "Ils me doublaient à des endroits où on ne croirait même pas que c'est possible. Je regardais mes rétroviseurs à chaque entrée de virage. Nous ne déployons pas entre la sortie du virage 5 et celle du virage 7, donc nous sommes à 160bhp des autres, plus le déficit de notre moteur à combustion interne."

Si on ajoute ce déficit de 160cv à celui du moteur à combustion interne comparé à Mercedes (que l'on estime généralement autour de 80cv), cela met Honda face à un scénario où il faut que le motoriste japonais trouve 240cv pour concurrencer les meilleurs.

La faute au moteur ou au châssis?

Honda peine depuis le début de la saison à défendre le niveau de performance de son moteur, et suggère que le retard de la MP4-30 est grandement dû aux défauts du châssis.

Cependant, Fernando Alonso a sèchement fait remarquer que c'était bien dû au moteur, lorsqu'à Monza, après les qualifications, il a déclaré que la puissance était le problème-clé.

"C'est un circuit avec six virages, et sur le GPS, nous perdons deux à trois dixièmes dans ces six virages," expliquait l'Espagnol. "Le reste des trois secondes, nous le perdons en ligne droite. Nous sommes à fond avec le volant droit."

Avoir accès aux données GPS de McLaren est impossible, ce qui signifie que nous ne pouvons ni étayer ni infirmer les propos d'Alonso. Une équipe rivale a toutefois donné son avis à Motorsport.com au sujet de la situation de McLaren.

Selon les données de cette équipe au GP de Belgique, il semblerait que McLaren puisse avoir le quatrième meilleur châssis en virage, seulement battu par Mercedes, Red Bull et Toro Rosso.

Après avoir passé les chiffres au crible et comparé la McLaren à une Mercedes sur un tour d'essais rapide, des conclusions intéressantes sont apparues.

Jusqu'à la sortie de La Source, par exemple, la Mercedes était seulement 0,2 seconde devant. Mais à l'arrivée des voitures aux Combes, la Mercedes avait gagné une seconde. Cependant, à partir de là, jusqu'à la sortie du virage Paul Frère (anciennement Stavelot), la Mercedes n'a gagné que 0,4 seconde. 6 nouveaux dixièmes de seconde ont été perdus entre cet endroit-là et la chicane, puis quelques autres dans l'accélération qui suit.

Dans l'ensemble, selon les données GPS, McLaren perdait plus de 2,3 secondes par tour en ligne droite, et seulement une demi-seconde dans les virages. Par rapport aux autres motoristes, on estimait McLaren à deux secondes de Ferrari dans les lignes droites et à 1,1 seconde de Red Bull.

Résoudre le problème

Tandis que le moteur à combustion interne de Honda s'est un peu amélioré cette année, il est clair qu'il y a du pain sur la planche pour l'ERS.

Ce travail a déjà commencé : à Spa, Honda a relocalisé un refroidisseur d'eau de l'ERS plus loin de la prise d'air. La nouvelle position de celui-ci est positive pour l'aérodynamique de la voiture, avec un capot moteur et des pontons amincis, ce qui se répercutera sur le centre de gravité de la voiture.

Selon certaines sources, un des éléments-clés est le compresseur, qui ne peut être changé que cet hiver à cause des limites imposées par les règles actuelles de l'homologation moteur. Mais les changements dont Honda a besoin sont-ils seulement techniques?

Une nouvelle stratégie

Chef de la compétition chez Honda, Yasuhisa Arai a déjà parlé d'un nouveau concept pour l'an prochain, mais cela sera-t-il suffisant pour récupérer ces 240cv?

Ce dont Honda ne dispose pas, c'est de temps, car la pression est sur les épaules du motoriste japonais pour progresser dans la hiérarchie. Jusqu'à présent, Honda a essayé d'accélérer sa progression en recrutant des cadres de chez Mercedes ou Ferrari, mais les problèmes d'ERS sont bien plus profonds que cela.

Pas de guerre des mots

Il faut voir les points positifs : la relation entre McLaren et Honda est loin d'être devenue une guerre des mots comme celle qui oppose Red Bull à Renault. "Nous avons une relation différente," explique Éric Boullier, directeur sportif.

"Nous sommes une écurie d'usine. La relation est très différente et tant que Honda apprécie notre aide et tant que le timing convient à notre stratégie et aux souhaits de nos pilotes, nous n'atteindrons jamais cette situation."

"Cette structure est une structure matricielle et elle fonctionne bien. Nous voulons gagner, nous avons un problème de timing, peut-être parce que nous partons de si loin. Nous voulons nous assurer de gagner aussi vite que possible. Nous en discutons avec le management de Honda, mais nous sommes satisfaits de la structure."

McLaren fait bonne figure malgré une potentielle neuvième place au championnat des constructeurs ainsi qu'une possible perte de sponsors, qui pourraient lui faire perdre beaucoup d'argent à cause du niveau de performance de la MP4-30.

Pour l'instant, cependant, McLaren fait de son mieux pour que les choses continuent à progresser. Mais faire du surplace cet hiver n'est pas envisageable.

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