Analyse - La défaite de Williams ou la victoire de Lewis Hamilton?

Valtteri Bottas, Williams FW37

Valtteri Bottas, Williams FW37

XPB Images

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team et Valtteri Bottas, Williams F1 Team
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 fête sa victoire sur le podium
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team et Felipe Massa, Williams F1 Team pendant un arrêt aux stands
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team pendant un arrêt aux stands
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06 sous la pluie
Felipe Massa, Williams F1 Team pendant un arrêt aux stands
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 fête sa victoire sur le podium
Départ : Felipe Massa, Williams FW37 mène
Départ : Felipe Massa, Williams FW37 mène
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 fête sa victoire sur le podium
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 fête sa victoire sur le podium avec son équipier Nico Rosberg, Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Susie Wolff, pilote de développement Williams
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
Felipe Massa, Williams FW37
Podium : le deuxième, Nico Rosberg, le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team et le troisième, Sebastian Vettel, Scuderia Ferrari
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
Valtteri Bottas, Williams FW37
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team

Le podium du Grand Prix de Grande-Bretagne a finalement revêtu un caractère très familier, avec Lewis Hamilton, Nico Rosberg et Sebastian Vettel. Un trio présent lors de la cérémonie protocolaire  d'après-course pour la sixième fois déjà cette saison. Pourtant, ce résultat final fut longtemps mis en cause…

Ceux qui critiquent la F1 actuelle, glorifiant ainsi le passé, doivent aujourd'hui s'interroger : rarement dans l'histoire du sport, nous avons assisté à une bataille à quatre comme celle qui s'est longtemps déroulée à Silverstone.

Quelle que soit l'année où elle aurait pu avoir lieu, cette course aurait été une grande course. Car si Hamilton et Mercedes l'ont emporté sous le drapeau à damier, Williams a rendu la vie dure aux Champions du Monde.

Un départ inattendu

Dès le départ, ce Grand Prix fut spectaculaire, lorsque les Williams prirent la tête dans les premiers mètres.

Le Groupe Stratégique a confirmé il y a quelques jours que les aides au pilotage seraient bannies à l'avenir, et il est étonnant de constater à quel point nous n'y songions plus ces dernières années, trop concentrés sur les performances des moteurs ou les pénalités qui y sont liées.

En Autriche, Hamilton avait loupé son départ et certains observateurs se demandaient si cela pouvait être lié aux discussions sur les aides, mais il n'y avait en vérité aucun rapport.

Même si les pilotes peuvent s'exercer à la procédure de départ à la fin de chaque séance d'essais, les pilotes Mercedes ont visiblement rencontré des difficultés à Silverstone. Paddy Lowe, Directeur exécutif de l'écurie, s'est expliqué auprès de Motorsport.com.

"Il ne s'agissait pas d'un problème d'embrayage en Autriche," explique Lowe. "En réalité, Lewis a réalisé le meilleur départ sur la grille, mais la procédure a tardé à se lancer, ce n'était pas sa faute."

"Ici, nous avons rencontré un problème d'adhérence. L'étalonnage était correct, mais la Williams avait plus de grip. Nos pilotes se sont plaint durant tout le week-end du fait qu'ils n'avaient pas de grip sur la grille… J'ignore comment Williams est parvenu à en trouver autant."

Hamilton a ensuite utilisé tout son savoir-faire afin de rester au contact avec Valtteri Bottas, avant la sortie de la voiture de sécurité. Au restart, il a dévoilé ses intentions et la course démarrait vraiment.

"Williams avait beaucoup de grip au départ," ajoute Lowe. "Nous avions un peu de mal à monter les pneumatiques en température dans les premiers tours, tant avant qu'après l'intervention de la voiture de sécurité."

Le dilemme stratégique de Williams

Williams se situait alors en tête avec deux voitures, et un panel de choix à effectuer du point de vue stratégique. L'écurie de Grove avait alors l'embarras du choix et cela lui a compliqué la tâche, inévitablement. Boosté par le DRS, Bottas a estimé qu'il était plus rapide et a fait part de sa volonté de dépasser son équipier afin d'échapper à Hamilton et Nico Rosberg.

Mais laisser passer Bottas, c'était prendre le risque de ralentir la course de Massa : une situation délicate à gérer pour Williams.

Rob Smedley, Responsable de la Performance chez Williams, a déclaré : "Nous ne voulions pas qu'ils se battent de façon trop dure entre eux. C'est le message que nous leur avons délivré. Nous avons pensé que s'ils se battaient ouvertement, nous ne serions pas en mesure de rester devant les Mercedes. Tandis que de façon plus raisonnable, nous étions convaincus de pouvoir maintenir un bon rythme face aux Flèches d'Argent."

"Evidemment, nous n'avions pas l'envie de les empêcher de se battre. Après quelques tours, nous avons dit à Valtteri que s'il pouvait dépasser de façon propre, il pouvait."

Pendant ce temps, Hamilton et Rosberg étaient conscients que la meilleure chose à faire était de patienter.

"Ce n'était pas difficile à cet instant, nos pilotes savent ce qu'ils ont à faire, ils savent comment gérer  une course," ajoute Paddy Lowe. "Williams tenait un rythme solide, les voitures des deux équipes sont réglées de manière similaire en termes de puissance et de traînée aérodynamique, donc il était très difficile pour nous de dépasser sur un tel tracé."

Arrêt factice

La stratégie idéale était celle à un arrêt, et il était donc primordial de l'effectuer au bon moment. Mercedes a estimé que Williams usait plus vite ses pneus, et a eu l'idée de les forcer à s'arrêter plus tôt afin que leur second relais soit plus long. C'est ainsi que les Champions du Monde ont fait sortir leurs mécaniciens, ce qui n'était rien d'autre qu'un coup de bluff.

Madame Wolff, Susie de son prénom, observant tout cela depuis le garage Williams, devina ce qui était en train de se passer et décida alors de contacter son mari.

"J'ai reçu un SMS me demandant si nous tentions de les bluffer," a avoué Toto Wolff. "Nous pensions que si le temps restait sec, ils auraient du mal à tenir ce rythme lors du deuxième relais, donc un arrêt précoce de leur part était intéressant pour nous."

"J'ai trouvé cela assez drôle à faire, en réalité. Cela fait partie de la stratégie. Mais est-ce vraiment nécessaire alors qu'avec les dispositifs actuels, vous pouvez observer ce que font les autres dans les stands? Sans doute pas."

Mercedes n'allait pas tarder à réellement arrêter ses pilotes. Cinq tours plus tard, soit au 19e tour, les Williams étaient toujours devant et il n'y avait rien d'autre à faire.

Mais l'écart était faible et Hamilton a attaqué dès sa sortie des stands. Lorsque Felipe Massa s'est arrêté au tour suivant, il n'avait aucune chance de ressortir en tête, même si son arrêt avait été plus court. Il a duré 3.8 secondes, notamment car les mécaniciens ont dû enlever des débris coincés dans l'aileron.

"Nous avions prévu ce scénario, nous avions exactement quoi faire," assure Paddy Lowe. "En nous arrêtant tôt, nous provoquions Williams à en faire autant. Nous aurions alors pu décider de passer à une stratégie à deux arrêts, nous l'aurions d'ailleurs fait avec Nico s'il n'avait pas plu. La pluie a évidemment changé la donne par la suite."

L'écurie Williams a-t-elle joué trop petit?

Il est intéressant de se demander si Williams aurait pu mieux jouer le coup, en adoptant une stratégie plus agressive. En s'arrêtant avant Hamilton, par exemple. Smedley confirme que la durée de vie des pneus durant le second relais fut la clé des décisions prises par l'équipe britannique.

"Nous ne voulions pas nous arrêter trop tôt car nous voulions nous assurer de ne nous arrêter qu'une seule fois," affirme Smedley. "C'était notre priorité car nous savions que cette stratégie était la meilleure. Si vous jouez au chat à la souris durant toute la course, vos pneus sont morts en fin d'épreuve."

"Nous avons donc pris la décision de maintenir notre stratégie, en observant ce que Mercedes allait faire, et en sachant qu'ils disposent d'une voiture plus rapide. […] Il ne fallait pas attendre trop longtemps mais il ne fallait pas non plus s'arrêter trop tôt, il fallait que les pneus restent performants en fin de course."

Hamilton a ensuite creusé le trou sur Massa, l'écart passant de 3.3 secondes à 6.3 secondes entre le 22e et le 33e tour.

Les pluies d'orage sont arrivées

De sombres nuages s'amoncelaient ensuite, mais les acteurs de ce Grand Prix avaient d'abord une préoccupation plus grande, lorsque la voiture de sécurité virtuelle fut mise en application au 34e tour.

Hamilton a maintenu l'écart aux alentours des 6 secondes durant ces deux tours, avant d'augmenter le rythme à nouveau. L'écart a grimpé à 7.3 secondes, puis à 8.6 secondes lorsque les premières gouttes de pluie sont survenues.

Les chronos du Champion du Monde en titre ont alors chuté. Massa est revenu quelque peu mais les Williams ont ensuite calqué leur course sur Rosberg, qui semblait trouver davantage d'adhérence que quiconque.

Et en effet, après 42 tours, Hamilton ne possédait plus que 3.7 secondes d'avance sur son coéquipier, qui revenait rapidement. La pluie est revenue et s'est intensifiée, ce qui fut confirmé à la radio. Les températures des pneus ont chuté et dans le tour suivant, Hamilton a demandé à rentrer afin de chausser les gommes intermédiaires.

Un choix risqué et prématuré pour beaucoup d'observateurs, mais ceux-ci avaient tort. La pluie s'est encore intensifiée lorsque le Britannique est sorti de la voie des stands. Rosberg, Massa et Bottas, qui ne sont pas rentrés à cet instant, effectuaient donc un tour de plus. L'écart a grimpé à 9.1 seconde : Hamilton avait vu juste.

"C'était tendu," affirme Paddy Lowe. "Je suis heureux que Lewis ait pris la décision de rentrer plutôt que nous. C'était une décision parfaite. Nous étions en train d'observer l'intensité de la pluie, la température des pneus également, nous avions compris qu'il allait pleuvoir davantage et Lewis a pris cette décision en une fraction de seconde."

"Nico a voulu tenter le pari de rester en piste, ce n'était pas concluant même s'il a réalisé un grand tour lors de ses derniers kilomètres avec les pneus slick. Williams aurait en revanche dû faire rentrer l'un de leurs pilotes."

Diviser sa stratégie

Comme Lowe le souligne, Williams a sans doute doute perdu le podium en maintenant ses deux pilotes en piste au lieu de diviser la stratégie. Excellent cinquième, Vettel en a profité pour sauter les deux monoplaces blanches.

"Nous attendions le bon moment," explique Smedley. "Lewis s'est arrêté un tour plus tôt que nous et a ainsi pris une excellente décision. Nous nous sommes basés sur nos chronos par secteur et nous augmentions le rythme…"

"Mais hélas, la pluie est intervenue au début du tour suivant. Vettel disposait alors de 15 secondes supplémentaire pour prendre la bonne décision," [en réalité 8 secondes par rapport à Bottas, et 11 vis-à-vis de Massa].

"Nos voitures se situaient juste après l'entrée des stands, nous n'avions donc plus d'autre choix que d'effectuer un tour supplémentaire. C'est évidemment décevant."

Hamilton et Rosberg ont ensuite adopté un rythme quasiment similaire jusqu'au drapeau à damier, le premier cité conservant ainsi 10.9 secondes d'avance au terme de la course. Les deux Williams ont été exclues de la bagarre, Bottas rencontrant par ailleurs des difficultés à utiliser ses pneus intermédiaires.

Le Finlandais concédait 12 secondes à Hamilton avant le 42e tour. Dix tours plus tard, 63 secondes séparaient Bottas du vainqueur de l'épreuve, Daniil Kvyat terminant sa course dans les échappements de la Williams.

La grande question

Mais avez-vous observé la victoire de Mercedes lors de ce Grand Prix de Grande-Bretagne, ou bien avez-vous vu Williams perdre cette course? Après 19 tours, Williams occupait les deux premières positions. Ils ont terminé le Grand Prix aux quatre et cinquième places après 52 tours… La question mérite donc d'être posée.

Le fait que la Mercedes demeure la voiture la plus rapide. Si Massa et Bottas étaient restés devant les Flèches d'Argent après le premier arrêt, il y a fort à parier que Williams aurait perdu la course au moment où la pluie est arrivée, car les FW37 étaient clairement moins efficaces, surtout en termes d'adhérence.

"Il n'y a pas de miracle en F1," rappelle Smedley. "Mercedes était proche et disposait de voitures plus rapides. Nous savions dès lors qu'il serait quasiment impossible de lutter face à eux. Nous sommes pragmatiques, même si vous sommes venus en Angleterre avec l'intention de placer nos deux pilotes sur le podium. Cela n'est pas arrivé donc nous sommes forcément déçus."

Rappelons qu'une situation assez similaire était déjà survenue l'an dernier, en Autriche.

"Les gens me disent toujours avant la course que cela va être facile pour nous," ajoute Lowe. "Je leur réponds toujours que rien n'est facile, car nous sommes en F1 et vous ne pouvez jamais deviner à quoi vous attendre. Ce Grand Prix en fut une belle et grande illustration."

"C'était tout de même différent en Autriche l'an dernier, car ils étaient aussi rapides que nous là-bas. Ici, nous avions un meilleur rythme mais il était extrêmement compliqué de dépasser."

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