Analyse - Pourquoi la F1, trop lente, a besoin d'un vrai boost
Départ : Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06 mène
XPB Images
Après les flops qu'étaient les points doublés au dernier Grand Prix et les restarts arrêtés après voiture de sécurité, idées du groupe stratégique, l'avenir semble mieux se présenter puisque les Formule 1 devraient être beaucoup plus rapides à l'avenir.
Tandis que le retour des ravitaillements en essence en course a reçu un accueil mitigé, il est difficile de trouver quiconque qui se plaigne à l'idée de F1 plus rapides de plusieurs secondes d'ici les deux prochaines années.
Les voitures ont été critiquées, trop lentes
Depuis l'arrivée des moteurs V6 turbo de 1,6 litre et de la nouvelle réglementation aérodynamique, au début de la saison dernière, la F1 a notamment été critiquée pour ses temps au tour.
Bien que les voitures soient plus rapides en ligne droite, une combinaison de poids supplémentaire, de pneus conservateurs et d'appui aérodynamique moindre a provoqué une augmentation considérable des temps au tour.
Si l'on s'intéresse aux chronos de la pole position au Grand Prix d'Espagne, cela montre qu'en configuration avec peu d'essence, les voitures sont environ quatre secondes plus lentes qu'à la fin de l'ère V8.
Peut-être que le plus inquiétant, dans tout ça, est le fait qu'elles ne sont pas si rapides qu'on ne le croirait par rapport aux autres disciplines.
Il est assez significatif que le chrono de Marcus Ericsson pour Sauber, en qualifications, le weekend dernier (1:28.112) ne fût que six dixièmes plus rapide que sa pole position GP2 (1:28.706) de 2013.
Voici la comparaison des pole positions GP2 et F1 depuis que la configuration la plus récente de la piste de Barcelone est utilisée.
Année |
Pole GP2 |
Pole F1 |
2007 |
87.713s |
81.421s* |
2008 |
87.547s |
81.813s* |
2009 |
87.510s |
80.527s* |
2010 |
87.727s |
79.995s |
2011 |
90.473s |
80.981s |
2012 |
90.655s |
82.285s |
2013 |
88.706s |
80.718s |
2014 |
89.293s |
85.232s |
2015 |
89.273 |
84.681 |
* Pole position signée avec l'essence nécessaire au premier relais de la course
Un écart de 10 secondes !
Cependant, ce ne sont pas les qualifications qui livrent l'aperçu le plus négatif de l'impact qu'a la réglementation actuelle sur la vitesse des F1.
C'est seulement en constant à quel point les voitures sont lentes au départ des courses, lorsque les pilotes sont handicapés par leurs 100 kilos d'essence et par la nécessité de gérer les pneus à dégradation rapide, que la différence de rythme entre la F1 d'avant et celle d'aujourd'hui est apparente.
Intéressons-nous aux premiers tours lancés du Grand Prix d'Espagne depuis 2007 : les tours les plus rapides ont été signés quand il y avait des ravitaillements en essence.
À l'apogée du rythme de course des F1, en 2008, la Ferrari de Kimi Räikkönen a réalisé une série de tours foudroyante après une période de voiture de sécurité au début de la course : 1:23.035, 1:22.934, 1:22.703, 1:22.947.
Revenons désormais à la course du weekend dernier, et le gouffre devient évident. Les premiers tours de Nico Rosberg étaient les suivants : 1:32.313, 1:31.755, 1:32.027, 1:31.908.
Si ces deux voitures avaient fait la course en même temps, Räikkönen aurait eu plus de 35 secondes d'avance après quatre tours.
Avec près de 10 secondes d'écart par rapport à l'ère précédente, il n'est pas surprenant que les pilotes se plaignent que la génération actuelle de F1 ne représente pas le même défi que par le passé.
Année |
Tour 2 |
Tour 3 |
Tour 4 |
Tour 5 |
Tours 2-5 |
|
2007 |
83.751 |
83.561 |
83.017 |
83.109 |
333.438 |
|
2008 |
83.035 |
82.934 |
82.703 |
82.947 |
331.619 |
* SC au départ |
2009 |
84.325 |
83.898 |
83.849 |
83.744 |
335.816 |
* SC au départ |
2010 |
88.430 |
88.074 |
87.990 |
87.608 |
352.102 |
|
2011 |
90.812 |
90.606 |
90.012 |
90.318 |
361.748 |
|
2012 |
90.597 |
90.382 |
90.011 |
90.248 |
361.238 |
|
2013 |
91.123 |
91.188 |
90.671 |
91.064 |
364.046 |
|
2014 |
92.010 |
92.104 |
91.913 |
92.028 |
368.055 |
|
2015 |
92.313 |
91.755 |
92.027 |
91.908 |
368.003 |
Rendre les voitures plus rapides
Le retour des ravitaillements en essence diminuera la charge en essence d'environ 50kg au départ de la course, et il est possible de réduire le poids de la voiture de 50kg éaglement, ce qui ferait une réduction totale de 100kg, soit l'équivalent de trois secondes au tour.
Une aérodynamique renforcée, plus de puissance, des pneus plus agressifs et le retour de la course "à fond" devraient facilement faire gagner deux ou trois secondes de plus pour atteindre cet objectif magique de six secondes.
Il y a du pain sur la planche avant que la F1 n'y parvienne : il faut établir une réglementation aérodynamique qui permettra de rendre les voitures plus rapides et plus belles sans dégrader la qualité de la course.
Au moins, la F1 est bien partie en se mettant d'accord sur des objectifs : maintenant, c'est aux génies de l'ingénierie de montrer ce qu'ils sont capables de réaliser.
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