Portrait

Le directeur sans ego qui tire McLaren vers le haut

Si McLaren s'est propulsé à la troisième place du championnat des constructeurs, c'est notamment grâce à son nouveau directeur. Mais le succès d'Andreas Seidl n'est pas une surprise...

Andreas Seidl, Team Principal, McLaren

Mark Sutton / Motorsport Images

Contenu spécial

Motorsport.com vous propose un contenu spécial de qualité.

Les difficultés connues par McLaren pendant plusieurs années, notamment lors du partenariat avec Honda, paraissent désormais bien lointaines. En 2020, la légendaire écurie britannique a réalisé son meilleur résultat au championnat constructeurs depuis huit ans au terme d'une saison haletante pour les quatre écuries à la lutte pour le top 3. Carlos Sainz a joué la victoire à Monza, Lando Norris est également monté sur le podium, et les deux hommes ont engrangé un total de 202 points en 17 courses.

Il est difficile de ne pas y avoir la patte d'Andreas Seidl, qui a débarqué à Woking en tant que directeur d'équipe le 1er mai 2019. Connu pour avoir mené Porsche au succès en Endurance, l'Allemand de 45 ans n'était pas étranger au paddock de la Formule 1, puisqu'il travaillait déjà chez BMW dans les années 2000, d'abord lorsque la marque à l'hélice motorisait Williams, puis pour son retour en tant que constructeur à part entière.

C'est justement chez BMW Williams que Mark Webber a rencontré Seidl pour la première fois, à l'occasion de la saison 2005. "Andreas était mon technicien moteur", explique l'Australien. "Jeune, il n'était pas haut placé dans la hiérarchie BMW à l'époque, mais c'est lui qui avait le mieux intégré la culture anglaise de la course. Il vivait à Munich, mais l'alchimie qu'il a créée dépassait ce que faisaient certains autres ingénieurs."

Arrivé chez BMW en 2000, Seidl a gravi les échelons pour devenir directeur des opérations piste, mais le constructeur bavarois a mal négocié le virage de la nouvelle réglementation technique en 2009 et a finalement quitté la Formule 1 sur fond de crise financière mondiale. Seidl, lui, a néanmoins eu l'opportunité de superviser le retour de BMW en DTM en 2012, avec les titres des pilotes, des équipes et des constructeurs à la clé. Il a ensuite rejoint Porsche en 2013 et pris la tête d'une écurie LMP1 où il a impressionné par son approche analytique et méthodique ainsi que son humour pince-sans-rire.

Andreas Seidl, Team chef Porsche Team, Mark Webber, Porsche Team

Pour les débuts de la Porsche 919 Hybrid en 2014, un certain Webber faisait partie des pilotes titulaires, aux côtés de Romain Dumas, Neel Jani, Marc Lieb, Timo Bernhard et Brendon Hartley. "Nous avons très vite ravivé notre relation", commente l'Australien, qui a retrouvé Seidl près d'une décennie après leur collaboration chez Williams. "Ce que j'adorais à son sujet, ce sont son incroyable éthique de travail, sa ténacité et son respect de la manière dont les choses sont faites en F1. Il était très ouvert aux idées et aux discussions ; nous avions un bon dialogue."

"Andreas a organisé une réunion avec les pilotes, l'opportunité pour tout le monde de faire connaissance. Trois pilotes par voiture, incarnant le grand nom de Porsche, avec le succès à l'horizon. Des moments enthousiasmants, jusqu'à ce qu'il leur dise que s'ils étaient trois par voiture pour l'instant, le règlement n'imposait que deux pilotes par voiture, et que s'ils n'étaient pas performants, il était parfaitement prêt à faire ce choix."

"En partant, certains étaient un peu stupéfaits et marmonnaient : 'Bon, on a vu un aspect différent de sa personnalité'. Avec lui, les rôles sont extrêmement clairs : c'est lui le patron. Mais il a cette capacité remarquable à pouvoir mettre en pratique son côté personnel et professionnel avec les pilotes et tous ceux qui travaillent avec lui, car il a beaucoup d'humanité."

Le succès a en tout cas été au rendez-vous. Face à la concurrence d'Audi et de Toyota, Porsche a remporté le Championnat du monde d'Endurance et les 24 Heures du Mans trois années de suite, de 2015 à 2017.

Journaliste émérite dans le monde de l'Endurance, Graham Goodwin ne tarit pas d'éloges sur Seidl : "Andreas ne m'a jamais fait ressentir autre chose que de la confiance, jamais de l'arrogance. C'était un vrai sportif ; gracieux dans la défaite, gracieux dans la victoire également."

2015 champion Timo Bernhard, Porsche Team

Seidl est bien conscient que le timing de son arrivée chez McLaren était avantageux : le partenariat délétère avec Honda était terminé, le duo de pilotes était prometteur avec Sainz et Norris, le nouveau directeur technique James Key était arrivé. L'Allemand a insufflé une nouvelle méthode à Woking.

"Quand il construit l'avenir, Andreas apporte une approche holistique, il crée dans son esprit une image de comment l'équipe va se développer. Il sent bien la politique et a une approche extrêmement internationale des sports mécaniques, il maîtrise tout", analyse Webber, qui décrit l'intéressé ainsi : "Très intelligent, pas de gros ego, un bon sens de l'humour. Il adore fêter une victoire, on peut prendre une bière avec lui, mais le travail est pris très au sérieux."

La principale décision de l'ère Seidl jusqu'à présent est en tout cas celle de retrouver le giron moteur de Mercedes, partenaire historique de McLaren de 1995 à 2014, après six années plus ou moins infructueuses avec Honda et Renault. Cela permettra-t-il de continuer à réduire l'écart sur Mercedes et Red Bull ?

Une chose est sûre, l'Allemand ne manque pas d'ambition et prend exemple sur la marque à l'étoile : "Ce que j'admire beaucoup, c'est qu'en 2010, Mercedes avait une vision de ce qu'ils voulaient accomplir en F1. Ils ont pris des risques côté financier pour faire tous les investissements et mettre le budget, en sachant que ce succès n'était aucunement garanti. Et finalement, si l'on regarde ce qu'ils ont accompli, pour eux en tant que marque également, c'est remarquable."

"Chapeau à ces gars, vu ce qu'ils réalisent week-end après week-end. Ce que j'admire aussi, c'est la manière dont ils marquent parfois des gros points lors de week-ends où tout ne se passe pas comme prévu et dont ils rebondissent après des week-ends où tout ne se passe pas comme prévu." C'est quelque chose que l'on a également vu chez McLaren dans une moindre mesure en 2020, avec des points lors de 16 des 17 Grands Prix au programme ; cette constance sera cruciale afin de poursuivre ce retour aux avant-postes.

Photo d'équipe de McLaren sur la piste de Bahreïn avec Carlos Sainz Jr., McLaren MCL35 Lando Norris, McLaren MCL35, Zak Brown, PDG, McLaren Racing et Andreas Seidl, Team Principal, McLaren et le reste de l'équipe McLaren

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Hamilton voit Bottas encore meilleur en 2021
Article suivant Renault : Des difficultés sont nés des enseignements

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France