Pourquoi les critiques du GP d'Arabie saoudite doivent changer d'approche

La Formule 1 visite de nombreuses destinations "à problèmes", mais l'annonce de la course en Arabie saoudite a entraîné une pluie de protestations. Mais est-il vraiment surprenant qu'une discipline dirigée par des capitalistes et brassant des millions de dollars aille là où l'argent se trouve ?

Le drapeau de l'Arabie Saoudite

Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images

Nous vivons dans un monde imparfait, donc même si la nouvelle de la tenue d'une course de Formule 1 en Arabie saoudite à l'automne prochain a occasionné une nuée de protestations sur les plateformes de réseaux sociaux, il convient de s'arrêter pour réfléchir au passé du championnat avant de claquer la porte sur son avenir.

Les médias aiment les bonnes histoires où des dirigeants cupides aspirent l'argent provenant de régimes corrompus. Cela fait de beaux titres et de la prose sarcastique, sans toutefois évoquer le fait que le management de la Formule 1 doit trouver l'argent pour le championnat et ses équipes quelque part. Les poches d'Imola et de Portimão sont vides.

En 2011, je me souviens avoir été invité dans le Nicky Campbell Show sur BBC Radio 5 Live par un chercheur qui souhaitait que je parle de la décision de la Formule 1 de continuer à visiter Bahreïn, un pays dont la population majoritairement chiite se révoltait contre ses dirigeants sunnites. Ce qu'on ne m'a pas dit, c'est que je serais confronté à un opposant chiite dont le père faisait une grève de la faim.

La première question fut : "Comment pouvez-vous rouler dans le sang de mes proches ?", et l'interview s'est ensuite détériorée. Dans un souci d'équilibre, la BBC avait entrepris de trouver deux extrêmes, brisant ainsi la balance de la justice des médias.

La Formule 1 a depuis longtemps pris l'argent venant de n'importe où et nous avons tous eu beaucoup de temps pour décider si nous voulions ou pas soutenir un sport international dirigé par des capitalistes.

Pendant 40 ans, les cigarettiers ont payé les factures. Aujourd'hui encore, Philip Morris reste le plus gros client de la F1 et de Ferrari, tandis que McLaren a ravivé sa passion pour le secteur avec British American Tobacco et ses "systèmes de distribution de nicotine". J'ai passé une décennie à écrire des documents de relations publiques pour Marlboro et à promouvoir Benson & Hedges chez Jordan. Si le fait de distribuer des bâtons de cancer n'est pas une menace pour les droits de l'homme, je ne sais pas ce qu'est...

Ralf Schumacher, Jordan 198 Mugen-Honda

Lorsque l'ère du tabac a commencé à s'essouffler, la décision de Bernie Ecclestone de générer des millions de dollars pour la Formule 1 et les équipes qui la composent en vendant des événements sportifs de classe mondiale aux gouvernements signifiait qu'il fallait s'engager sur la voie de la Malaisie, puis de ce bastion des droits de l'homme qu'est la Chine.

L'homosexualité est illégale en Malaisie, et elle était au calendrier pendant les 19 années de présence de Sepang en Formule 1, et il en va de même à Singapour. Vous pouvez être condamné à une amende, à une peine de prison ou à des châtiments corporels dans les deux cas.

L'Arabie saoudite applique strictement la Charia, la peine de mort étant la punition ultime pour l'homosexualité, bien que les amendes, l'emprisonnement et les "coups de fouet" soient plus typiques.

Les défenseurs des droits LGBTQ+ sont à juste titre mécontents à l'idée que la Formule 1 "lave par le sport" la réputation de l'Arabie saoudite, mais si la Malaisie et Singapour n'ont jusqu'à présent pas permis de mettre ce sujet en lumière, alors la visite annuelle de la F1 en Russie de Poutine aurait dû le faire. Voici un pays où il est légal d'être gay, mais où vous n'êtes pas protégé par la loi, comme le montrent les passages à tabac et les peines de prison.

Personnellement, j'ai toujours trouvé le Brésil problématique ; Interlagos est une piste fantastique, nichée à côté des effroyables favelas de São Paulo où vous pouvez être volé ou pire encore par des gens sans ressources qui volent pour survivre. Même l'électricité doit être détournée pour alimenter leurs bidonvilles.

Au lieu de se plaindre de la course de l'année prochaine à Djeddah, les critiques devraient utiliser le puissant projecteur de la F1 pour faire ce que nous, dans les démocraties occidentales, pouvons pratiquer en toute impunité : parler aussi fort que nous le voulons de tout ce que nous souhaitons.

C'est précisément le moment d'utiliser la liberté et la tolérance que nous chérissons comme une arme contre l'intolérance que nous détestons tant.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB15 leads Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W10 and Sebastian Vettel, Ferrari SF90 at the start of the race

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