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L'aspect de la F1 qui s'est vraiment dégradé

Si la saison 2019 de Formule 1 a connu quelques courses moins palpitantes que d'autres, le 1000e GP en Chine en étant un exemple, ce dernier a surtout mis en avant l'un des changements les plus négatifs du Championnat du monde ces dernières années.

Nico Hulkenberg, Renault F1 Team

Jerry Andre / Motorsport Images

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Il est trop facile, lorsque la F1 arrive à des moments historiques comme sa 1000e course (et qu'elle a du mal à être passionnante), de regarder le passé avec nostalgie et de se dire à quel point c'était mieux avant. Si le Grand Prix de Chine 2019 n'a pas été un particulièrement marquant, il est injuste de penser que la F1 n'est pas aussi bonne qu'autrefois, simplement à cause d'une course moins passionnante que les 999 précédentes. Nous avons besoin de courses ennuyantes pour que les plus palpitantes sortent du lot ! C'est la même chose au football : des matchs se terminant à 5-4 sont marquants justement car d'autres connaissent parfois un score de 0 à 0.

Il y a toutefois un aspect de la F1 qui s'est démarqué des autres lors de cette course en Chine et qui a montré ce qui s'est mal passé ces dernières années. Et sur cet aspect en particulier, celui des designs de casques, on peut le dire : c'était vraiment à 100% "mieux avant".

Ayrton Senna, McLaren Ford MP4/8

Le 1000e Grand Prix a offert l'opportunité parfaite aux pilotes de faire quelque chose de spécial avec leurs casques. Et plusieurs d'entre eux ont en effet choisi de fêter ce moment historique : George Russell a opté pour un hommage à Juan Pablo Montoya, avec la livrée du Colombien d'un côté et la sienne de l'autre ; Alex Albon a rendu hommage au Prince Bira alors que certains, comme Romain Grosjean et Sergio Pérez, ont ajouté le logo du 1000e GP sur leurs heaumes.

Mais ce sont bien les pilotes Renault, Nico Hülkenberg et Daniel Ricciardo qui ont volé la vedette aux autres avec des designs rétro qui ont été universellement adorés par les membres du paddock, les médias et les fans. Le designer Jens Munser a reçu un briefing très simple, celui de faire quelque chose de "old-school", ce qui a débouché sur deux superbes concepts.

Le casque gris et noir de Ricciardo était basé sur les couleurs de celui de Jack Brabham, avec quelques ajouts, comme des impacts de pierre peints directement pour donner un côté rétro. "J'ai laissé Jens faire", a expliqué l'Australien. "Je lui ai juste dit de faire 'quelque chose d'old-school, quelque chose qui pourrait me parler', mais je l'ai laissé me surprendre. Il est revenu avec [ce casque], c'était vraiment sympa."

Daniel Ricciardo, Renault F1 Team, settles into his seat

Mais c'est bien le casque jaune et noir de Hülkenberg qui s'est vraiment détaché du reste. Parfaitement minimaliste, il utilisait les anciens logos de Renault, Schuberth et JMD, la 1000e course ayant été célébrée avec le chiffre romain "M" à l'arrière. Pour ajouter au côté rétro, le numéro de Hülkenberg, son nom et d'autres lignes apparaissaient comme peintes à la main pour leur donner un aspect vintage. Ces casques ont été à ce point attractifs car ils étaient audacieux, sobres et leurs couleurs simples. Oui, la simplicité était leur point fort. Ce que ces deux designs ont mis en avant, c'est que les looks actuels se sont perdus.

Si l'on revient deux décennies en arrière, la motivation des pilotes était d'avoir un casque facilement reconnaissable. Demandez à un passionné de dessiner un casque et il n'aura pas de problème à reproduire ceux d'Ayrton Senna, Alain Prost, Nigel Mansell, Nelson Piquet, James Hunt, Damon Hill, Jacques Villeneuve, ou encore Michael Schumacher, lorsqu'ils ont gagné leurs titres. Mieux encore pour les fans, chacun de ces designs (même si Schumacher en a changé lorsqu'il était chez Ferrari) était reconnaissable à plusieurs centaines de mètres, même lorsque les pilotes passaient à 250 km/h. Pour une raison inconnue, la tendance actuelle fait que les pilotes utilisent autant de courbes, de couleurs, et de motifs excentriques que possible. Or, les casques se ressemblent trop.

Alors qu'il est facile de dessiner le casque de nombre de pilotes de F1 retraités depuis longtemps, je pense que beaucoup d'entre nous auraient du mal à recréer de mémoire n'importe quel design de la grille actuelle. Oui, on peut les reconnaître dans les voitures, on distingue le bleu de Valtteri Bottas contre le rouge de Lewis Hamilton chez Mercedes par exemple, mais c'est tout.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 and Valtteri Bottas, Mercedes AMG F1 in Parc Ferme

Si vous enlevez les logos des sponsors sur chaque casque, seuls les fans les plus passionnés sont en mesure de reconnaître tous les casques. Cette complexification extrême des designs actuels les a rendus moins uniques, toutes les courbes et tous les motifs se sont globalement fondus les uns aux autres, faisant que peu de casques sortent du lot ou veulent dire quelque chose.

Regardez d'anciennes photos de F1, et ce qui faisait que les anciens casques fonctionnaient était qu'ils n'étaient pas compliqués, leurs couleurs étaient simples, car c'est tout ce qu'il fallait. Deux ou trois couleurs étaient suffisantes pour montrer qui était le pilote, et cela restait en mémoire.

Même si vous ne suiviez pas la F1 à fond à l'époque, vous pouvez très aisément revoir des images datant d'il y a plusieurs décennies et reconnaître immédiatement des pilotes comme Stefan Bellof, Chris Amon, Riccardo Patrese ou encore René Arnoux. Aujourd'hui, il n'y a pas d'identité qui sorte du lot dans le cas de nombreux casques, mêmes si certains comme celui de Kevin Magnussen font le job. Mais dans 20 ans, pourrons-nous revoir des images de la saison 2019 et reconnaître la majorité des pilotes juste grâce à leur casque ? C'est peu probable.

Kevin Magnussen, Haas F1

Oui, c'était sympathique quand les avancées de la technologie ont permis aux pilotes de faire des choses différentes avec leurs casques, comme ceux de Sebastian Vettel qui clignotaient à Singapour. Mais de la même façon, la F1 a perdu quelque chose en n'ayant plus cet attachement émotionnel entre les couleurs d'un casque et son pilote.

Cela a empiré avec le Halo, qui fait que le casque est encore plus difficile à voir depuis l'extérieur de la voiture. Or, justement, les designs sont d'autant plus importants qu'ils sont plus difficiles à voir. Peut-être que le concert de louanges pour les casques de Hülkenberg et Ricciardo en Chine a pu servir d'inspiration pour les pilotes sur ce qu'ils devraient faire dans ce domaine ? Espérons que cela en inspirera certains à revenir à des designs plus vintage.

Sid Mosca, qui a longtemps peint les casques d'Ayrton Senna, a suggéré un jour que les pilotes devraient être plus reconnaissables avec leurs casques que sans. Est-ce que c'est le cas maintenant pour la majorité de la grille ? C'est triste à dire, mais la réponse est non.

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